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Départ imminent de MOX (plutonium) pour le Japon

Un squelette posé sur deux barils siglés "Mox", le 17 novembre 2012 à Grohnde, en Allemagne [Tobias Kleinschmidt / DPA/AFP] Un squelette posé sur deux barils siglés "Mox", le 17 novembre 2012 à Grohnde, en Allemagne [Tobias Kleinschmidt / DPA/AFP]

Un convoi de combustible avec du MOX (plutonium), très radioactif et controversé, s'apprête à quitter dans les prochaines heures sous haute surveillance policière l'usine de Beaumont-Hague (Manche) d'Areva, la seule entreprise à en commercialiser au monde, avant d'embarquer à Cherbourg pour le Japon.

Selon Greenpeace, trois poids lourds transportant en tout 10 tonnes de combustible MOX soit 650 à 800 kg de plutonium, "le plus grand radiotoxique au monde" doit quitter l'usine vers 23H00.

Une source proche de l'organisation du convoi a donné à l'AFP un horaire similaire.

Le convoi terrestre mettra plusieurs heures à rejoindre le port de Cherbourg où le chargement devrait commencer dans la nuit avant que les bateaux prennent la mer dans la journée de mercredi.

Ce transport "sera réalisé par les navires spécialisés Pacific Heron et Pacific Egret de la compagnie britannique PNTL", avait indiqué vendredi Areva sans donner de date d'appareillage.

Selon le groupe nucléaire le MOX est un combustible qui permet de "recycler" le plutonium produit lors de l'irradiation de combustibles classiques (composées uniquement d'uranium) dans les centrales nucléaires.

Le combustible voyage dans des emballages "d'une grande robustesse (chaque emballage pèse 98 tonnes à vide pour 10 tonnes de matière transportée)", a souligné Areva interrogé par l'AFP.

Premier convoi depuis Fukushima

Selon Greenpeace, les bateaux sont équipés chacun de deux canons 30 mm, et une trentaine d'hommes en tout d'une force spéciale britannique seront chargés d'assurer leur sécurité. Et les Etats-Unis suivent également discrètement le transport puisque les matières fissiles japonaises sont sous leur contrôle.

Le convoi maritime doit durer environ 65 jours.

Vendredi Greenpeace et une source proche des forces de l'ordre avait indiqué que plus d'un millier d'hommes étaient mobilisés pour assurer la sécurité du convoi sur les 40 km de son parcours terrestre.

Mais du côté des anti-nucléaire, un collectif connu pour avoir fortement perturbé un convoi de déchets nucléaires allemand en 2011 a annoncé que son appel à "bloquer" le convoi de MOX lancé sur internet le 28 mars puis redaté du 1er avril était un "canular".

Et la justice a, sur requête d'Areva, interdit à quiconque d'approcher le convoi à moins de 300 mètres à terre, 500 m en mer, sous peine d'une sanction de 75.000 euros.

Lundi matin, huit à dix personnes ont été mises en fuite après s'être introduites sur la zone du port, interdite au public, où le MOX doit être chargé.

Ce premier convoi de MOX vers le Japon depuis la catastrophe de Fukushima en mars 2011 est vivement critiqué par Greenpeace, Sortir du nucléaire et Europe Ecologie les Verts qui en ont demandé l'annulation.

Il était initialement programmé en 2011 mais avait été "reporté" en raison de la catastrophe de Fukushima.

Il s'agit du 5e convoi de MOX de Cherbourg vers le Japon, le premier ayant eu lieu en 1999. Selon Greenpeace, les quantités sont nettement moindre que par le passé.

"Cette expédition est une manière grossière et autoritaire pour la France de dire au Japon: +redémarrez vos centrales nucléaires!+", a estimé Sébastien Blavier, chargé de campagne énergie pour Greenpeace.

La cargaison est destinée à la centrale de Takahama, selon Kansai Electric client de cette cargaison. Greenpeace affirme que la centrale ne va pas redémarrer avant mars 2015.

Seuls deux des 50 réacteurs japonais sont actuellement exploités mais le gouvernement libéral démocrate (droite), au pouvoir depuis décembre, est revenu sur la promesse de son prédécesseur de centre gauche de sortir du nucléaire.

Les opposants au transport soulignent en outre que celui-ci intervient au moment où la Corée du nord menace les Etats-Unis de guerre nucléaire et où le Japon a installé des missiles en plein coeur de Tokyo pour intercepter un éventuel missile nord-coréen.

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