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Isabelle Autissier : "La mer a un potentiel illimité"

Pour la présidente de WWF France, la situation des mers est mauvaise. Pour la présidente de WWF France, la situation des mers est mauvaise.[WWF/Martin Leers]

Ils couvrent les deux-tiers de la planète, mais sont laissés à la dérive. La navigatrice Isabelle Autissier, présidente de WWF France, défend mercredi la cause des océans aux Ateliers de la Terre. Entre pollution massive et pêche intensive, l’état des mers est alarmant

Pollution, pêche, comment est aujourd’hui la situation des océans ?

Dans un cas comme dans l’autre, elle est mauvaise. Les trois-quarts des espèces pêchées sont surexploitées, et on trouve des dizaines de milliers de morceaux de plastique par km². Pour la pêche, on sait ce qu’il faut faire, mais pour la pollution, il n’y a pas de solution miracle. Vu l’espace à couvrir, on ne va pas ramasser tous les déchets à la petite cuillère, et nous n’avons pas encore la technologie pour résoudre ce problème.

Qui en est responsable ?

Ce n’est pas la faute de quelqu’un en particulier, car on part de pas grand-chose : un simple mégot jeté dans la rue finit dans l’océan. La mer est si grande que l’on s’est dit qu’elle pouvait servir de poubelle à tout le monde. Mais un morceau de plastique en mer met 500 ans à disparaître. Ses fragments polluent le plancton, les espèces marines ;  toute une chaîne de vie est impactée.

Que faire pour la pêche ? 

Des experts de l’ONU estiment que d’ici à 2050, on pourrait se retrouver avec des océans sans poissons. Le problème vient de notre gaspillage : nous puisons dans le capital marin au-delà des intérêts. Il faudrait donc pêcher plus intelligemment et faire une économie de prélèvement. Cela peut se faire grâce à la saisonnalité, à de grandes zones réservées, avec une gestion locale selon chaque espèce.

Manque-t-il aujourd’hui une autorité mondiale pour les océans ?

Pour les mers bordières, les pays ont leurs règles, mais pour ce qui est de la haute mer, au-delà des conventions, la mise en place d’une gouvernance internationale ne serait pas une mauvaise idée. Ce ferait au moins un endroit pour en discuter tous ensemble.

Pourquoi existe-il un tel désintéressement pour la cause marine ?

L’océan est aujourd’hui moins connu que la surface de la lune ! On estime connaître seulement 10% des espèces vivantes dans l’océan. Or cette vie incarne des possibilités immenses, notamment en matière de médecine ou d’énergie. C’est un potentiel illimité auquel nous commençons seulement à nous éveiller.

L’image de la mer en France est-elle aussi un handicap ?

La France a beau avoir le deuxième espace maritime mondial, pour les gens, la mer, c’est encore les vacances à la plage les pieds dans l’eau. Alors la sensibilisation, c’est bien, mais il faut aller plus loin et surtout plus vite, avec de la recherche et des projets industriels. 

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