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La pollution aux particules fines affecterait les foetus sur deux générations

Lors de pics de pollution aux particules fines, l'exposition des femmes enceintes entraîne des effets néfastes sur la croissance et le métabolisme du fœtus sur deux générations, selon l'Inra. Photo d'illustration. [FRED TANNEAU / AFP]

Selon une étude scientifique, les nanoparticules rejetées par les moteurs diesel se retrouvent au niveau du placenta et jusque dans le sang du fœtus des femmes enceintes. Pire, les effets peuvent s’étendre sur deux générations.

Telles sont les conclusions de travaux coordonnés par l’Institut national de recherche agronomique (Inra) et mis en ligne par l’Etablissement scientifique sur son site le 28 juillet.

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Concrètement, l’Institut révèle que, lors de pics de pollution aux particules fines, l'exposition des femmes enceintes entraîne des effets néfastes sur la croissance et le métabolisme du fœtus sur deux générations, soit sur l’enfant et ses potentiels petits-enfants.

«On sait que les enfants de petits poids ont en général plus de risques de développer des maladies cardiovasculaires à l'âge adulte et les données scientifiques indiquent que des effets sur la deuxième génération (petits-enfants) seraient possibles», précise l'Inra.

«Les gamètes (NDLR : spermatozoïdes ou ovules) se forment in utero. Si ce développement est perturbé par une modification de l'environnement maternel, les anomalies vont se transmettre », explique Pascale Chavatte-Palmer, coordinatrice du projet à l’Inra.

Des essais menés sur des lapines

Pour arriver à cette démonstration, les chercheurs ont suivi des lapines gestantes ayant inhalé des gaz d'échappement de moteur diesel muni de filtre à particules (comme pour les voitures vendues en Europe) à des niveaux proches d'un pic de pollution dans les grandes villes.

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Dès la moitié de la gestation, soit à quinze jours environ, des signes de retard de croissance foetal ont été observés. À terme, la longueur de la tête était diminuée, associée à une réduction du tour de taille. Les échographies montraient aussi une diminution de l'apport sanguin au placenta, réduisant les nutriments essentiels au bon développement du foetus.

«Ne pas affoler les femmes enceintes»

Et si pour la première fois les scientifiques établissent que des nanoparticules de diesel inhalées sont capables de traverser la barrière placentaire et d'atteindre le sang fœtal, Pascale Chavatte-Palmer se veut toutefois rassurante. «Nous ne voulons pas affoler les femmes enceintes, elles n'ont pas besoin de ça», précise-t-elle.

«Le message que nous souhaitons faire passer est que, lorsque le seuil d'alerte aux particules fines dans l'air est dépassé, les personnes les plus sensibles ou vulnérables ne sont pas seulement les personnes âgées, les enfants ou les asthmatiques. Les femmes enceintes en font partie et doivent aussi être destinataires des messages sanitaires», ces messages consistant essentiellement à limiter les activités physiques, en plein air et à l'intérieur, ainsi que les déplacements sur les grands axes routiers et leurs abords, surtout aux périodes de pointe.

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