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Qu'est-ce que les «méga-bassines» qui divisent le monde agricole ?

Méga-bassines Agriculture Des oiseaux survolent le premier projet de méga-bassines près de l'étang de Mauze-sur-le-Mignon, dans l'ouest de la France. [PHILIPPE LOPEZ / AFP]

Dans le département des Deux-Sèvres, plusieurs réserves ressemblant à des cratères plastifiés sortent de terre. Appelées «méga-bassines» par les opposants à leur construction, elles ont une capacité de 240.000 m3 et elles font la taille de sept terrains de football.

Concrètement, ces ouvrages sont remplis avec les cours d'eau et les nappes en hiver quand l'eau est plus abondante, pour servir l'été aux agriculteurs, quand elle est plus rare. Le principe tient du «bon sens» selon Thierry Boudaud, président de la Coop de l'eau, la coopérative d'agriculteurs qui porte ce projet : «réduire de plus de la moitié les captages en été, quand les nappes sont au plus bas».

Celle qui se trouve actuellement dans la commune de Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) est la première qui est fonctionnelle et 16 autres devraient rapidement voir le jour, après une dizaine d'années de discussions, de négociations et surtout de conflits. L’objectif est de fournir en eau 220 exploitations qui se trouvent, en grande majorité, dans le département.

16 méga-bassines

Cette première méga-bassines qui commence tout doucement à se remplir devrait irriguer cinq exploitations qui espèrent ainsi «sécuriser» les cultures face aux aléas climatiques. «On va avoir le moins d'impact possible sur le milieu, tout en continuant à faire notre métier, à produire des céréales et du lait», a résumé David Paillat, qui exploite 420 ha. À l'abri de grillages, la réserve est pour l'heure surveillée par un vigile 24h/24h ainsi que des caméras et détecteurs de mouvement pour un coût total de 100.000 euros. 

Pour pouvoir participer à ce projet et profiter de l’eau qui sera stockée dans ces méga-bassines, les agriculteurs ont dû s’engager à changer leurs méthodes de travail et protéger l’environnement. Ils ont déjà promis qu’ils allaient réduire de moitié l’utilisation des produits phytosanitaires d’ici à 2025 et planter 100 kilomètres de haies dans les trois prochaines années.

Si le gouvernement soutient ce projet, ses opposants sont nombreux : Syndicat minoritaire Confédération paysanne, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), les Soulèvements de la Terre et le collectif Bassines non merci, sont partisans d'un modèle paysan. Soutenus par les visites ces derniers mois de Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon ou Cécile Duflot, ils dénoncent un «accaparement de l'eau» au profit de la culture intensive chimique et «la fuite en avant d'un modèle productiviste».

Plusieurs dizaines de milliers d’opposants à ces méga-bassines ont manifesté, ce samedi 26 mars, dans la commune de la Rochénard (Deux-Sèvres), sous haute surveillance des forces de l'ordre. L’ambiance a été électrique, plusieurs armes blanches, dont de gros couteaux et des mortiers d'artifice, ont été saisis lors de fouilles préventives dans la matinée, selon la préfecture. La manifestation a rassemblé quelque 4.200 personnes selon la préfecture, 7.000 selon les organisateurs. Quelques heurts sporadiques avec la gendarmerie ont été relevés.

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