En direct
A suivre

Réduction des émissions de gaz à effet de serre : ce qu'il faut retenir du rapport du Giec

Le Giec est un organe de l'ONU. [[MARCELO SEGURA / CHILEAN PRESIDENCY / AFP]]

Le troisième volet du sixième rapport des experts climat de l'ONU (Giec), publié lundi 4 avril, se penche sur les solutions pour réduire les émissions responsables du réchauffement climatique. Voici ce qu’il faut retenir de ce document, long de 2.800 pages.

Depuis l'ère pré-industrielle, la terre s’est déjà réchauffée de 1,1°C, alors que l'Accord de Paris de 2015 fixe comme objectif de contenir ce réchauffement nettement en dessous de 2°C et si possible 1,5°C.

Atteindre le pic d’émissions en 2025

Si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas sensiblement réduites d'ici à 2030, l'objectif de 1,5°C sera «hors de portée». Mais selon le rapport, les politiques actuelles ouvrent la voie à un réchauffement de 3,2°C d'ici à la fin du siècle.

Tenir l'objectif de +2°C s'annonce déjà extrêmement complexe : de 2030 à 2050, il faudrait réduire chaque année les émissions comme en 2020, année exceptionnelle où une bonne partie de l'économie mondiale s'est arrêtée en raison du Covid-19.

Pour ne pas dépasser +2,5°C, les émissions devront atteindre leur pic en 2025, ce qui semble improbable, la trajectoire étant repartie à la hausse dès 2021, retrouvant les niveaux records pré-pandémie. Or, au niveau d'émissions de 2019, le «budget carbone»  disponible pour conserver 66% de chances de rester sous les +1,5°C serait entièrement consommé en huit ans.

Remplacer les énergies fossiles par des sources bas-carbone ou neutres

Si tous les gisements de pétrole, de gaz et de charbon actuellement en service sont exploités jusqu'à leur terme sans technologie de capture carbone, il sera impossible de tenir l’objectif d’un réchauffement climatique de +1,5°C.

Éliminer les subventions aux énergies fossiles pourrait permettre de faire baisser les émissions de 10%, selon les experts. 

Pour tenir l’objectif de +2°C il faudrait que 30% des réserves de pétrole, 50% de celles de gaz et 80% des celles de charbon ne soient pas utilisées. Seule solution pour pouvoir utiliser ces réserves, le développement de techniques de captage et stockage du CO2 émis.

Pour tenir les objectifs de l'Accord de Paris, le monde doit atteindre la «neutralité carbone» sur tous les plans d'ici à 2050.

La capacité des énergies photovoltaïque et éolienne a fortement augmenté, de 170% et 70% respectivement entre 2015 et 2019, grâce à la baisse des coûts, aux politiques publiques et à la pression sociale. Cependant malgré ces hausses spectaculaires, elles ne représentent ensemble que 8% de la production électrique mondiale, 21% de la production peu carbonée.

Au total, les énergies renouvelables et énergies peu carbonées - dont le nucléaire et l'hydroélectricité - comptent pour 37% de la production électrique mondiale, le reste provenant des énergies fossiles.

Réduire la demande en énergie

Le basculement vers l'énergie moins carbonée ne doit pas faire passer au second plan les transformations structurelles - mobilités douces, véhicules électriques, télétravail, isolation des bâtiments, moins de vols en avion - qui permettraient de réduire les émissions de 40% à 70% d'ici à 2050.

«Des modifications profondes et rapides de la demande faciliteront la réduction à court et moyen terme des émissions dans tous les secteurs», souligne le rapport du Giec. Au niveau mondial, les 10% des ménages les plus riches représentent jusqu'à 45% des émissions totales.

Réduire les émissions de méthane

Les émissions de méthane, gaz à effet de serre à la durée de vie bien plus courte que le CO2 mais 21 fois plus puissant, contribuent pour environ un cinquième du réchauffement.

Les fuites dans la production d'énergies fossiles (par les puits ou les gazoducs) représentaient environ un tiers de ces émissions en 2019. L'élevage animal est également une source importante.

Tenir l'Accord de Paris implique de réduire de moitié les émissions de méthane d'ici à 2050 (par rapport au niveau de 2019).

Développer les technologies de capture de CO2

Même dans les meilleurs scénarios, la baisse des émissions devra s'accompagner de la mise en œuvre de techniques d'élimination du dioxyde de carbone (EDC), ou «émissions négatives», pour atteindre la neutralité carbone.

Les possibilités vont de la capture naturelle de CO2, en plantant des arbres par exemple, à l'extraction du CO2 de l'atmosphère, technologie qui n'est pas encore au point à ce jour.

Ces EDC devraient permettre de compenser les émissions de secteurs qui ne pourront pas suffisamment réduire leurs émissions d'ici à 2050 - aviation, transport maritime ou cimenteries - et seront également nécessaires pour espérer rétablir la situation en cas de dépassement des objectifs de l'Accord de Paris.

Des solutions coûteuses mais indispensables selon le Giec

Tenir l'objectif d’un réchauffement maximal de +1,5°C nécessitera des investissements de 2.300 milliards de dollars par an entre 2023 et 2052, rien que pour le secteur de l'électricité. Le chiffre tombe à 1.700 milliards de dollars pour l’objectif de +2°C.

En 2021, 750 milliards de dollars ont été dépensés dans le monde pour le développement d’énergies propres ou l'efficacité énergétique, selon l'Agence internationale de l'énergie.

A ce jour, le Giec estime que les pays riches dépensent deux à cinq fois moins que nécessaire et les investissements dans les pays en développement sont de quatre à huit fois moins élevés que nécessaire. Tenir l'objectif de +2°C entraînerait une baisse de 1,3% à 2,7% du PIB mondial, par rapport à la trajectoire actuelle, et une baisse de 2,6% à 4,2% pour tenir +1,5°C.

Ces estimations de (dé)croissance ne prennent toutefois pas en compte les gains prévisibles, conséquences de l'évitement de catastrophes climatiques, de crises alimentaires ou de l'effondrement des écosystèmes.

«Les avantages des scénarios permettant de limiter le réchauffement à 2°C dépassent les coûts des mesures d'atténuation (des émissions) sur la totalité du XXIe siècle», souligne le rapport.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités