C’est un triste constat qu’une nouvelle étude vient de dresser : la durée de vie des abeilles a été réduite de moitié en 50 ans. Cette diminution de leur longévité ne dépendrait cependant pas forcément de facteurs environnementaux, mais d’une évolution génétique.
Canicule, gel, précipitations importantes… La production de miel aura été difficile cette année. Mais plus inquiétant encore, les agriculteurs constatent depuis une quinzaine d’années une importante perte dans leurs colonies d’abeilles, de 30 à 40%. Or, elles assurent une mission vitale de pollinisation.
Les abeilles vivraient ainsi 17 jours aujourd’hui, contre 34 en 1970. La pollution, l’utilisation de pesticides, l’agriculture intensive ou les prédateurs, comme le frelon asiatique, ne représenteraient cependant qu’une partie de l’explication.
La disparition des abeilles liée aux abeilles elles-mêmes
Pour comprendre les raisons de cette baisse de longévité, les entomologistes Anthony Nearman et Dennis vanEngelsdorp, de l’université du Maryland, ont élevé des abeilles dans les conditions les plus optimales possibles.
Ils ont pu remarquer que les abeilles d’élevage ayant accès à différents types d’eau (sucrée ou non) vivaient plus longtemps que les abeilles ordinaires (21 jours contre 15 jours pour ces dernières).
The lifespans of honey bees living in laboratory environments has dropped about 50% over the last 50 years, hinting at possible causes for the worrisome trends across the beekeeping industry, according to new research by @UMDEntomology: https://t.co/jQuvEMIwMj pic.twitter.com/nduFcVjwcQ
— UMD AGNR (@UMD_AGNR) November 14, 2022
En revanche, leur durée de vie, dans un cas comme dans l’autre, était largement inférieure aux expériences menées en 1970. «Nous isolons les abeilles de la vie de la colonie juste avant qu’elles n’atteignent l’âge adulte, donc tout ce qui réduit leur durée de vie se produit avant ce moment», a expliqué Anthony Nearman à la revue universitaire Maryland Today.
Or, une abeille qui vit moins longtemps butine moins et produit ainsi moins de miel. Et les abeilles n’ont montré aucun symptôme qui laisserait penser qu’elles aient été atteintes par un virus, un pesticide ou une maladie quelconque à leur stade de larve.
La génétique pourrait ainsi être en cause, selon l’étude, et la diminution de la durée de vie des abeilles, liée aux reproductions sélectives pratiquées par les apiculteurs eux-mêmes, pour augmenter la résistance de ces insectes aux maladies et aux changements météorologiques.
«Si cette hypothèse est juste, elle indique également une solution possible», a tempéré Anthony Nearman. «Si nous parvenons à isoler certains facteurs génétiques, nous pourrons peut-être sélectionner des abeilles qui vivront plus longtemps.»