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Alexandra Richard : une peine de 10 ans de prison confirmée en appel pour avoir tué son conjoint violent

Les jurés n'ont pas retenu la légitime défense dans cette affaire. [FRANCK FIFE/AFP]

Jugée en appel pour le meurtre de son conjoint violent en 2016, Alexandra Richard, 43 ans, a vu sa peine confirmée, ce samedi 23 octobre. Les assises de l'Eure l'ont condamnée à dix ans de réclusion criminelle, comme l'avaient auparavant fait celles de Seine-Maritime en novembre 2020, en première instance.

La légitime défense n'a dont pas été retenue dans cette affaire, ce que Me Lorraine Questiaux, avocate de l'accusée, a qualifié de «honte absolue» et même d'«erreur judiciaire». «Les débats ont montré qu'il n'y avait pas les moyens de la condamner pour homicide volontaire, insiste cette dernière. Les circonstances de la légitime défense étaient établies. Tous les efforts des luttes féministes sont mis de côté. La parole de la victime est niée. Le système patriarcal est puissant».

alcool, insultes, coups...

Du côté de l'avocat général, le discours est tout autre. Si Patrice Lemonnier reconnait qu'Alexandra Richard avait «à l'évidence des circonstances atténuantes», il estime néanmoins qu'il n'est pas question de «violences volontaires sans intention de la donner» dans cette affaire. «C'est un meurtre», lâche-t-il. Le verdict est d'ailleurs conforme aux réquisitions du ministère public, qui avait écarté la légitime défense.

Pour rappel, l'accusée, mère de trois enfants, a tué son conjoint, Sébastien Gest, à l'aide d'un fusil de chasse le 16 octobre 2016, à leur domicile de Montreuil-en-Caux (Seine-Maritime). Selon Alexandra Richard, l'homme était dans un état d'ébriété avancé ce jour-là, lorsqu'elle lui a signifié son intention de le quitter. Il se serait alors levé de son fauteuil, menaçant de lui «défoncer la gueule».

Si elle a toujours reconnu avoir tiré sur son conjoint, la quadragénaire a nié son intention de le tuer. Le couple pratiquait la chasse et le ball trap, aussi, selon elle, il s'agissait d'une «arme de dissuasion». Selon ses dires, Alexandra Richard voulait seulement «s'enfuir» avec ses enfants, pour s'éloigner de celui qui buvait énormément, la frappait et l'insultait.

Elle décrit un conjoint abusif qui la forçait à changer de médecin, lui interdisait de prendre une douche sans son autorisation et la menaçait de mort. Sébastien Gest avait été condamné en 1999 pour avoir tiré sur un rival amoureux et une plainte pour violences conjugales avait été déposée à son encontre quelques mois avant sa mort. Une «violence» que l'avocat général ne nie pas, mais Patrice Lemonnier estime que l'accusée a «une difficulté avec la réalité». «Alexandra Richard a développé des éléments d'agression, des menaces de mort qui ne sont pas vérifiables, développe-t-il. Plus le temps passe, plus elle en rajoute».

Une vision des choses que le second avocat de la mère de famille, Me Quentin Dekimpe, juge erronée. Soutenant la légitime défense lors de sa plaidoirie, il a affirmé que «les fluctuations des versions de Mme Richard ne sont pas en lien avec une manoeuvre» mais «le fruit d'un trauma, de la peur, des carences dans le recueil de sa parole». Autant d'arguments qui n'ont visiblement pas suffit à convaincre les jurés.

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