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«Rip deal» : deux escroqueries à 1,8 million d'euros

Ils sont soupçonnés d'avoir sévi à Monaco et aux Pays-Bas.[Ozan KOSE / AFP]

Cinq individus basés en Seine-Saint-Denis ont été déférés vendredi, suspectés d'avoir participé à l'une ou l'autre des deux arnaques à la transaction financière commises à l'été 2020, l'une à Monaco, l'autre à Amsterdam, pour des préjudices respectifs de plus d'un million d'euros pour la première et 617.000 euros pour la seconde.

Ils sont soupçonnés d'avoir sévi à Monaco et aux Pays-Bas mais c'est en France qu'ils avaient leurs points d'attache. Et pour cause, selon une source policière, les spécialistes du «Rip deal», arnaque financière consistant en un tour de passe-passe sur de l'argent liquide, des bijoux ou des bitcoins, sont souvent établis en Seine-Saint-Denis et originaires d'Europe de l'Est. La première alerte vient des policiers monégasques en juillet 2020, dans le cadre de leurs échanges réguliers avec leurs homologues français dans ces dossiers spécifiques.

Ils signalent la plainte d'une Suisse résidente à Monaco qui dit avoir été victime d'escrocs tirés à quatre épingles. Les individus lui ont donné rendez-vous dans des hôtels prestigieux, vêtus de costumes et prenant le temps de mettre leur proie en confiance, se présentant qui pour un notaire, qui pour un courtier. Car la victime a une villa à vendre à Genève, estimée à 20 millions d'euros.

La victime mise en confiance

La femme explique qu'au fil des pourparlers avec les individus qui se présentent comme des intermédiaires d'un acquéreur, elle est convaincue qu'il existe bien un acheteur. C'est le moment propice. Ils exigent alors de leur victime une commission pour poursuivre et sécuriser la vente. «La propriétaire s'y connaissait en cryptomonnaies et leur a donné une clef USB avec plus d'un million d'euros dessus en bitcoins», explique-t-on à CNEWS de même source.

«Conformément à la technique du Rip deal, ils ont vérifié que la clef contenait bien la somme annoncée et ont fait mine de la placer dans une enveloppe dans le coffre de l'hôtel le temps de la vente de la maison. Sauf que par une manœuvre de substitution, c'est une enveloppe vide qu'ils ont mis dans le coffre.» Le temps que la victime s'en rende compte, les bitcoins s'étaient évaporés. Mais la plainte n'aura pas été vaine.

Les enquêteurs remontent sur une autre affaire

Avec la téléphonie et la vidéosurveillance notamment, les enquêteurs français de l'OCRGDF (office central pour la répression de la grande délinquance financière) croisent les faits avec une autre affaire au mode opératoire similaire, signalée fin juin 2020 par une Polonaise affirmant s'être fait arnaquer à Amsterdam. Elle, avait également une propriété à vendre que des malfaiteurs lui ont demandé, selon le même procédé, de «garantir» en bijoux.

Montres de luxe, bracelet, auxquels se sont ajoutés deux lingots d'or pour une valeur globale estimée à 617 000 euros. Par la même technique de substitution, les suspects font mine de mettre le tout dans une boîte puis dans un coffre, qui s'avérera finalement vide des effets précieux. Suspectés d'avoir fait partie de l'une ou l'autre équipe, et pour certains d'avoir participé aux deux arnaques, cinq individus ont été interpellés lundi 6 décembre.

Des experts originaires des pays de l'Est 

Un à Cannes où il était de passage, et les quatre autres à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) où ils habitaient. "Les spécialistes du Rip deal sont aujourd'hui souvent établis dans ce département, né en France et ont des origines dans les pays de l'Est", souligne le commissaire Julien Bataille, chef adjoint de l’office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF).

"Ce sont souvent les mêmes familles, les mêmes clans, comme dans ces deux affaires. Ils adaptent le rip deal à leur époque, passant des substitutions de faux billets aux tours de passe-passe avec les cryptomonnaies." Et d'ajouter : "Les victimes de ce genre d'arnaque sont souvent en partie responsables de leur leurre, parce qu'elles acceptent de donner la garantie en sous-main, de manière illégale, pour échapper au fisc".

Âgés de 26 à 31 ans, à l'exception du patriarche interpellé et né en Serbie, les individus arrêtés sont pour la plupart né en France et ont des origines en ex-Yougoslavie. Deux ne sont pas connus des services de police, les autres le sont pour des escroqueries.

Ils ont été mis en examen pour escroquerie en bande organisée et certains placés en détention provisoire le temps de la poursuite des investigations.

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