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Le président mexicain est contre la libération de Florence Cassez

Florence Cassez en prison[RONALDO SCHEMIDT / AFP]

Le président mexicain Felipe Calderon a pris position, au nom du "droit des victimes", contre la libération de Florence Cassez, demandée par le juge rapporteur de la Cour suprême du Mexique, quelques heures avant la décision sur l'ultime recours de la Française.

La première chambre de la plus haute instance judiciaire du Mexique doit se prononcer mercredi sur la proposition du juge Arturo Zaldivar d'une "libération immédiate et absolue" de Florence Cassez, condamnée à 60 ans de prison pour enlèvements et emprisonnée depuis six ans et trois mois.

Selon le juge, les droits de l'accusée ont été violés en raison du montage télévisé de son arrestation organisé le 9 décembre 2005 par la police.

Inaugurant un complexe pénitentiaire de l'est du Mexique, le chef de l'Etat a estimé lundi soir que la justice impliquait "l'obligation élémentaire que celui qui a commis un délit soit, véritablement, jugé et châtié et que jamais l'interprétation de la loi ne soit la brèche par laquelle passe l'impunité".

A ses côtés figurait le ministre de la Sécurité publique, Genaro Garcia Luna, responsable en 2005 de l'Agence fédérale d'investigation (AFI), la police judiciaire fédérale. Il a été directement mis en cause par M. Zaldivar dans l'organisation du montage télévisé.

M. Calderon a estimé que le pouvoir judiciaire devait mettre dans la balance les droits "des accusés, mais aussi, et de manière identique, la considération et le respect des droits des victimes".

Le 16 février 2011, au plus fort de la crise diplomatique avec la France générée par l'affaire Cassez, le président mexicain s'était déjà prononcé sur le fond du dossier. "Nous ne parlons pas d'une personne qui a été séquestrée comme Ingrid Betancourt. Nous parlons d'une kidnappeuse, une femme qui faisait partie d'une bande de délinquants extrêmement dangereuse", avait-il alors déclaré.

Aujourd'hui, la polémique n'est plus avec la France, mais avec le président de la première chambre de la Cour suprême du Mexique. Arturo Zaldivar ne s'est pas prononcé sur l'innocence ou la culpabilité de la Française, mais sur le fait que le montage télévisé avait violé les droits de la Française à un procès équitable, en particulier sa présomption d'innocence.

Mardi, l'avocat mexicain de Florence Cassez, Me Agustin Acosta, s'est déclaré "surpris" de l'intervention de M. Calderon qui "envoie clairement un message à la Cour suprême, ce qui représente une rupture avec tout l'esprit de la division des pouvoirs".

Fabio Beltrones, chef du groupe parlementaire du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, opposition) au Sénat, a dénoncé les "pressions" du pouvoir exécutif dans l'affaire Cassez.

"La détermination de la responsabilité pénale de Mme Cassez est une décision réservée au pouvoir judiciaire", a-t-il déclaré. Selon lui "son autonomie doit être scrupuleusement sauvegardée dans le projet de jugement présenté par le juge Zaldivar, car sinon pourrait être mise en cause la confiance des citoyens et de la communauté internationale en notre système de justice".

Dans son éditorial de mardi, le journal de gauche La Jornada, estime que M. "Calderon s'est joint aux pressions exercées sur la Cour suprême pour qu'elle repousse la proposition de Zaldivar et refuse de sortir Cassez de prison". Pour le journal, ces déclarations sont "contraires à l'esprit républicain et au respect du principe de la division des pouvoirs".

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