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Le forcené de Toulouse mort les armes à la main

Le tueur présumé au scooter Mohamed Merah, qui a semé l'effroi dans Toulouse et sa région, a été tué jeudi vers 11H30 dans une fusillade nourrie avec le Raid qui faisait depuis 32 heures le siège de son appartement, a-t-on appris de sources policières[France 2/AFP]

Le tueur présumé au scooter Mohamed Merah, qui a semé l'effroi dans Toulouse et sa région, a été tué jeudi vers 11H30 dans une fusillade nourrie avec le qui faisait depuis 32 heures le siège de son appartement, a-t-on appris de sources policières.

Mohamed Merah est mort en fin de matinée après avoir résisté aux policiers et sauté par la fenêtre de son appartement, a indiqué le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Mohamed Merah "a sauté par la fenêtre avec une arme a la main en continuant de tirer. Il a été retrouvé mort au sol", a M. Guéant.

Un policier du Raid a été assez grièvement blessé au pied au cours de cet échange de tirs à l'arme automatique qui a duré près de cinq minutes. Deux autres ont été choqués.

Trois cents cartouches auraient été tirées de part et d'autre, selon la même source. Les circonstances exactes de l'intervention restaient à préciser.

Une source proche de l'enquête indiquait que, précédés d'un équipement vidéo, les policiers étaient entrés en fin de matinée, progressant "pas à pas" dans le logement dans l'éventualité où il serait piégé. Après quelque temps, une fusillade dense a éclaté, ont constaté les journalistes de l'AFP sur place.

Cet échange accréditait le fait que Mohamed Merah, l'homme de 23 ans qui aurait tué sept personnes depuis le 11 mars à Toulouse et Montauban, était toujours en vie quand les hommes du Raid ont lancé leur intervention dans le logement situé dans le quartier résidentiel de la Côte pavée. Selon une source policière, Merah a été traqué jusqu'à un balcon où il aurait été abattu. Les policiers ne savaient peut-être pas vraiment à quoi s'attendre quand ils ont donné l'assaut final.

Jeudi matin, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant avait émis des doutes sur le fait que Mohamed Merah était toujours en vie dans l'appartement. "Nous espérons qu'il est encore vivant", avait dit M. Guéant sur RTL.

"C'est assez étrange qu'on ait rien vu du tout. Il n'y a eu aucun mouvement cette nuit. Comme vous le savez, les volets de son appartement ont été explosés hier soir par le Raid afin que l'on puisse y voir... C'est assez étrange qu'il n'ait jamais réagi", a dit le ministre. M. Guéant a aussi relevé qu'avaient été entendus deux coups de feu dont les policiers ignorent l'origine.

Les policiers du Raid n'avaient eu aucun contact avec lui depuis 22H45, heure à laquelle Mohamed Merah avait dit auparavant vouloir se rendre, a dit M. Guéant. Quand les policiers ont pris contact avec lui à l'heure dite, Mohamed Merah est "entré dans une autre logique, qui est une logique de rupture, il a déclaré qu'il voulait mourir les armes à la main", selon le ministre.

La mort de Mohamed Merah frustre les espoirs des autorités de capturer vivant et de faire juger cet ancien jeune délinquant multirécidiviste devenu l'auteur autoproclamé d'une série hors du commun de sept assassinats qui ont semé l'effroi dans le pays.

Après une alternance de tentatives d'approches policières repoussées par les coups de feu du suspect et de longs pourparlers par talkie-walkie, les policiers avaient engagé mercredi soir une guerre d'usure. Au cours de la nuit, ils avaient fait sauter ses volets pour voir à travers les fenêtres et surtout pour faire exploser devant, à intervalles réguliers, des charges puissantes pour empêcher Mohamed Merah de dormir et le maintenir sous pression.

Au même moment, un faisceau lumineux balayait la façade du bâtiment où la police a fait couper l'eau, le gaz et l'électricité.

Ce jeune Français d'origine algérienne qui se serait radicalisé dans les milieux salafistes et à la faveur de deux en Afghanistan et au Pakistan avait blessé deux hommes du Raid quand les policiers, après un gigantesque travail d'investigation, étaient venus le chercher la première fois mercredi vers 3H20. C'est après qu'il avait accepté de jeter par la fenêtre l'une de ses armes, un colt .45, en échange d'un talkie-walkie.

Ce face-à-face est l'un des plus longs qu'aient connus les policiers du Raid après celui de la maternelle de Neuilly, en mai 1993. Les hommes du Raid avaient fini par donner l'assaut à l'école où un ancien militaire, Erick Schmitt, alias "Human Bomb", retenaient en otages des enfants et une institutrice depuis 46 heures. Le preneur d'otages avait été tué. Il n'y avait pas eu d'autre victime.

Avant de mourir, Mohamed Merah s'était signalé en s'épanchant beaucoup mercredi auprès de ses interlocuteurs policiers, avant de couper les ponts. Il s'était vanté d'avoir été formé par Al-Qaïda, d'avoir accepté une mission pour le réseau en France, "toujours agi seul" et mis "la France à genoux". Il n'exprimait "aucun regret", sinon de "ne pas avoir fait plus de victimes".

S'il a froidement assassiné trois enfants et un père juifs lundi, c'est faute d'avoir trouvé pour cible un soldat, selon M. Guéant.

Celui qui était capable de rester enfermé chez lui à regarder des scènes de décapitation expliquait les récentes tueries en évoquant sa sympathie pour le sort des Palestiniens, son opposition à l'engagement militaire de la France en Afghanistan et à l'interdiction du port du voile intégral.

Mohamed Merah s'apprêtait à nouveau à frapper et à tuer un soldat dès mercredi, puis deux chefs de services policiers toulousains, ont indiqué des sources proches de l'enquête.

Si aucun élément n'a permis de le rattacher à une organisation quelconque en France, selon le procureur, les enquêteurs devraient, malgré sa mort, beaucoup s'intéresser à ses fréquentations. Parmi les gardés à vue, son frère Abdelkader, 29 ans, avait été inquiété dans une filière d'acheminement de djihadistes en Irak, sans être mis en examen, a dit le procureur. En juin 2009, le tribunal correctionnel de Paris avait prononcé des peines de six mois à six ans de prison ferme contre des jeunes de la région toulousaine pour avoir mis en place une telle filière.

La controverse a commencé à apparaître sur la surveillance des réseaux islamistes radicaux par le renseignement français. Le ministre de l'Intérieur a défendu sur RTL le travail des enquêteurs. Mohamed Merah était surveillé depuis ses séjours en Afghanistan et au Pakistan en 2010 et 2011.

Mais, "dans le parcours des salafistes toulousains comme dans celui de Mohamed Merah, jamais n'est apparue une tendance criminelle", a insisté le ministre. Il a également insisté sur la difficulté de lutter contre "un individu isolé".

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