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Un gourou pédophile jugé pour sa spectaculaire évasion

Le gourou de la secte "Coeur douloureux et immaculée de Marie",Juliano Verbard, au palais de justice de Saint-Denis de la Réunion le 7 mai 2009[AFP/Archives]

Juliano Verbard, gourou d'une secte déjà condamné pour viols sur mineurs et enlèvement d'un enfant, comparaît à nouveau, lundi, devant les assises de la Réunion avec 13 complices pour une spectaculaire évasion en hélicoptère avec deux codétenus, en 2009.

Un important dispositif de sécurité a été déployé devant le siège de la cour d'assises de la Réunion où le procès est prévu de se dérouler pendant deux semaines.

Une vingtaine d'hommes dont des membres du GIPN, armés et encagoulés encadrait les accusés --Juliano Verbard, 13 complices dont 7 femmes -- à leur arrivée.

Cité comme témoin par un avocat de la défense, l'évèque de la Réunion Mgr Gilbert Aubry était présent. Dix des accusés comparaissent libres dont Guillaume Maillot, un des auteurs du détournement de l'hélicoptère. "J'ai reçu des menaces pour monter dans l'appareil", a-t-il déclaré aux journalistes, avant l'audience.

Juliano Verbard, 30 ans, gourou de la secte "Coeur douloureux et immaculée de Marie", est un habitué des assises. Il a déjà été condamné en avril 2010 à 18 ans de réclusion criminelle pour les viols de deux frères de 12 et 17 ans dont les parents étaient membres de la secte.

En mai 2011, il a écopé de 9 ans de réclusion pour l'enlèvement et la séquestration, en 2007, du jeune Alexandre, 12 ans, en qui il voyait le nouvel "élu" et dont il souhaitait faire son successeur.

Alors qu'il se trouvait en détention provisoire pour ces deux affaires, Juliano Verbard s'était fait la belle en hélicoptère, le 27 avril 2009, de la prison de Domenjod, la plus moderne prison de l'île, ouverte quatre mois auparavant mais dépourvue de filet anti-évasion, en compagnie de deux codétenus et adeptes de la secte, son amant Fabrice Michel et le père de ce dernier.

Trois hommes, membres de la secte, avaient loué un hélicoptère Alouette 3 dans le cirque de Mafate en se faisant passer pour des randonneurs souhaitant se faire déposer sur le littoral.

Deux minutes après le décollage, ils avaient braqué le pilote et son mécanicien avec un pistolet et une arme blanche, après les avoir aspergés d'essence, les obligeant à gagner la prison, sur les hauteurs de Saint-Denis.

Une fois au-dessus de la cour de promenade, une échelle de corde avait été lancée: Juliano Verbard avait pu monter à bord avec ses deux complices. Ils se sont ensuite fait déposer à quelques centaines de mètres de la prison avant de s'engouffrer dans une camionnette et de disparaître.

Cette spectaculaire évasion par les airs, une première à la Réunion, avait donné lieu à la plus grande chasse à l'homme jamais organisée sur l'île.

Une dizaine de jours plus tard, grâce à des papiers oubliés dans la camionnette et sur le lieu d'atterrissage, les trois évadés étaient repris dans un petit appartement, prêté par une fidèle.

Onze complices ont ensuite arrêtés et comparaissent également, dont les trois membres du commando poursuivis pour détournement d'aéronef, enlèvement et séquestration ou détention d'otages.

Alors qu'il avait 20 ans, Juliano Verbard avait attiré des centaines d'adeptes en prétendant que la Vierge Marie lui apparaissait le 8e jour de chaque mois. Les fidèles lui vouaient une dévotion sans borne et devaient payer 20 euros pour assister à ces séances.

Lors de son premier interrogatoire, Juliano Verbard a reconnu les faits tout en déclarant ne pas être le commanditaire de l'opération. Pour Me Georges-André Hoarau, avocat de trois accusés, le gourou est le "seul coupable". "Il a promis les flammes de l'enfer à ses disciples s'ils ne le faisaient pas sortir de prison", a-t-il dit.

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