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Un couple devant les assises après l'excision de leurs quatre filles

Le blason de la justice et sa balance[AFP/Archives]

Un couple d'origine guinéenne comparaît depuis mardi devant les assises de la Nièvre pour l'excision de leurs quatre filles, une coutume interdite en France où elle est considérée comme une mutilation, lors d'un procès public, le tribunal ayant refusé le huis clos.

"La publicité n'est pas dangereuse dans cette affaire", a tranché le président de la cour d'assises pour justifier son rejet de la demande de huis clos dans ce procès où des mineurs figurent parmi les victimes.

"La demande de huis clos n'était pas réellement fondée. Tout le monde le sait, à l'école, à l'hôpital. Les procès de cette nature ont une vertu didactique", a insisté Linda Weil-Curiel, avocate de la Commission pour l'abolition des mutilations sexuelles (Cams), partie civile dans cette affaire.

Les deux parents, poursuivis pour "complicité de violence volontaire", encourent une peine de 20 ans de réclusion criminelle, le fait que leurs filles étaient mineures au moment des faits étant une circonstance aggravante.

Ils sont arrivés aux assises mardi avec leurs deux filles aînées, majeures, rejoints un peu plus tard par les deux plus jeunes, âgées de 11 et 13 ans, qui avaient demandé à rejoindre le domicile familial après un placement temporaire.

Celles-ci ont répondu calmement et brièvement aux questions formelles du président de la cour, confirmant être scolarisées en CM1 et en 4e, lors d'une première matinée d'audience essentiellement consacrée à la lecture de l'acte de mise en accusation et à la désignation des jurés.

La mère, assistée d'un traducteur faute de parler français, a répété, dans des propos brefs, la version de son mari, ancien marabout, aux enquêteurs: "une dame est passée" à leur domicile en leur absence et y aurait pratiqué les excisions.

"Cette coutume perdure parce que les filles qui ne sont pas excisées sont exclues" et ne peuvent se marier plus tard, a expliqué hors audience un proche de la famille à l'AFP.

L'expertise psychologique des deux cadettes conclut à une soumission "totale à l'autorité familiale", "l'excision étant un sujet tabou dans la famille".

En attendant le témoignage des cadettes, qui assurent ne se souvenir de rien, les deux aînées ont défendu leurs parents en début d'après-midi, la plus âgée disant même "ne pas comprendre pourquoi (ils) se retrouvaient au tribunal".

Plus véhémente, sa soeur a estimé que "le plus grave" n'était pas les excisions, mais le fait que les filles aient été placées, quelques temps, dans des maisons d'accueil séparées. A une question du président, elle a cependant répondu qu'elle ne laisserait "certainement pas" exciser ses propres filles si elle devait en avoir.

L'audience a été suspendue pendant plus d'une heure en raison d'un malaise de l'accusé, invalide depuis un accident vasculaire cérébral en 2003, avant de reprendre avec les témoignages d'une assistante sociale et de trois voisins entendus lors de l'instruction.

L'affaire avait débuté après la découverte de l'excision de l'aînée en septembre 2005, à l'occasion d'une opération de l'appendicite à l'hôpital de Nevers. En janvier 2009, le même hôpital signalait l'admission de la benjamine, alors âgée de 7 ans, pour "d'importants saignements d'origine vaginale".

Le procès doit durer jusqu'à vendredi.

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