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Ponant : des pirates ou des "Robins des mers" ?

Le voilier Le Ponant dans le port de La Ciotat, le 28 avril 2008[AFP]

Pour les avocats des victimes de la prise d'otages en 2008 du voilier Le Ponant, les six Somaliens jugés aux assises de Paris ne sont pas des "Robins des mers", mais des pirates organisés et âpres au gain. Les accusés seront fixés sur leur sort jeudi prochain.

Les six hommes de 25 à 50 ans ont été arrêtés à terre le 11 avril 2008, quelques heures après la libération des 30 membres d'équipage, dans un 4X4 contenant des armes et une partie de la rançon. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Un seul reconnaît avoir participé à l'arraisonnement du luxueux trois-mâts à l'entrée du Golfe d'Aden, et à la surveillance des otages pendant une semaine.

Deux se présentent comme des ravitailleurs en chèvres, khat et cigarettes - même si l'un admet avoir gardé les otages pendant quelques heures - et les trois autres affirment n'avoir jamais mis les pieds sur Le Ponant.

Depuis l'ouverture du procès le 22 mai, ils ont écouté attentivement les débats qui leur étaient traduits par des interprètes, serrés dans le box vitré dans leurs gros pulls et vestes de survêtement.

Avant le réquisitoire de l'avocat général Bruno Sturlese lundi après-midi, les parties civiles ont écarté vendredi dans leurs plaidoiries toute idée d'"amateurisme" ou de "hasard".

"Ils étaient là pour de l'argent, uniquement pour de l'argent", a affirmé Me Olivier Metzner, avocat du propriétaire du navire, la CMA-CGM, qui a versé la rançon de 2,15 millions de dollars et demande "un euro symbolique" de dédommagement.

- Procès "emblématique" -

Repoussant les "faux alibis" et "fausses motivations" avancées selon lui par les accusés, Me Metzner a raillé l'idée selon laquelle "il s'agirait de Robins des mers, de gens qui travailleraient pour la collectivité" dans ce pays pauvre, à l'Etat défaillant.

Il a assuré que les accusés "ont des relais" et que leur action n'a pu exister que "dans le cadre d'une organisation quasi-professionnelle".

"Il faut qu'il y ait, dans une opération commando de ce type, toute une organisation. Et tous ceux qui y participent sont des gangsters", a également estimé Me Michel Quimbert, qui représente la quasi-totalité des membres d'équipage.

Alors que la défense met en avant l'absence d'ADN et d'empreintes digitales des accusés sur le Ponant ou les armes retrouvées, et conteste leurs conditions d'interpellation, Me Quimbert a insisté sur la "sincérité" des membres d'équipage qui ont identifié les mis en cause.

"Ils étaient dans ce 4X4 avec l'argent et les armes du crime", a-t-il aussi relevé, alors que 181.000 dollars ont été retrouvés dans le véhicule.

Il a souligné que la Compagnie du Ponant avait renoncé à naviguer dans l'Océan Indien, en raison d'actes de piraterie de plus en plus violents. "Situation absurde" où les "actions criminelles" des pirates compromettent le développement économique de toute une région, a-t-il déploré.

A l'issue d'un procès "emblématique", "votre décision sera importante pour l'avenir, pour le droit de la mer, la liberté de navigation", a également conclu Me Metzner.

Après les plaidoiries de la défense mardi et mercredi, les accusés auront la parole une dernière fois jeudi matin, avant que la cour se retire pour délibérer. Le verdict est attendu jeudi soir.

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