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Concorde : 12 ans après, le traumatisme est toujours vivace

Yves Deshayes, président du Syndicat national des pilotes de ligne répond à la presse le 10 février 2012[AFP/Archives]

"J'entends encore le bruit de l'impact de l'avion". Des témoins et des familles de victimes du crash du Concorde ont pris la parole mardi devant la cour d'appel de Versailles pour exprimer leur douleur, toujours intacte près de douze ans après l'accident.

"C'est quelque chose qui ne s'efface pas", a déclaré Sabrina Manou, qui se trouvait en voiture sur la nationale toute proche quand le Concorde s'est écrasé. "J'entends encore le bruit de l'impact de l'avion, j'ai cru qu'il allait s'écraser sur nous".

Le Concorde d'Air France s'était écrasé le 25 juillet 2000 à Gonesse (Val-d'Oise), quelques minutes après son décollage de Roissy, faisant 113 morts, les 109 passagers et membres d'équipage, et quatre personnes au sol.

"Foi inébranlable"

Stéphane Garcia, le frère d'Hervé Garcia, steward du Concorde décédé dans l'accident, a raconté que son frère était "fier de voler sur Concorde": "Il avait une foi inébranlable dans la chaîne de responsabilité et il était persuadé que, comme lui, chacun prenait à coeur son travail".

Yves Deshayes, président du Syndicat national des pilotes de ligne, également partie civile, a remis en cause le "suivi de navigabilité" du Concorde, qui relevait à l'époque de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), rappelant qu'il y avait eu des "précédents d'éclatement de pneu et de perforation de réservoir" sur Concorde.

"Si les incidents graves avaient été pris en compte, ils auraient été minimisés et n'auraient pas mené à l'accident, avec les conséquences qu'il a eu", a-t-il affirmé. "Il y a eu d'autres accidents depuis, par exemple le crash du vol Rio-Paris, où les incidents précurseurs n'ont pas été traités et le suivi est toujours aussi pauvre et aussi faible", a dénoncé le syndicaliste.

"Citoyens de seconde zone"

Plusieurs familles de victimes décédées au sol, dont la plupart étaient employées dans l'hôtel sur lequel le supersonique s'est écrasé, ont déploré avoir été traitées comme des "citoyens de seconde zone".

"Les familles des victimes à bord de l'avion ont été mieux considérées que nous", a dit Marta Sypko, soeur d'une jeune stagiaire polonaise de l'hôtel.

"Nous avons commencé à obtenir des informations seulement quatre jours après la catastrophe. Après des centaines de coups de fil, quelqu'un chez Air France a fini par prendre pitié de nous", a regretté la jeune femme.

En première instance, en 2010, le tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d'Oise) avait jugé qu'un DC10 de Continental Airlines avait déclenché l'accident, en perdant une lamelle métallique sur la piste. Le tribunal avait retenu qu'après avoir roulé sur la pièce, un pneu du Concorde avait éclaté, perforant le réservoir et provoquant l'inflammation du kérosène.

Continental avait été condamnée à une amende de 200.000 euros et à verser un million d'euros de dommages et intérêts à Air France. Un de ses employés avait écopé de 15 mois de prison avec sursis pour avoir mal fixé la lamelle, tandis que son chef d'équipe était relaxé.

Air France, partie civile, a réclamé, comme en première instance, 15 millions d'euros de dommages et intérêts.

"Continental a tenté de faire porter la responsabilité du drame sur Air France", a regretté l'avocat de la compagnie française Me Fernand Garnault, "Il est certain que cette lamelle perdue par un DC10, avec un taux de probabilité infime, est responsable de l'accident".

La cour d'appel rejuge depuis trois mois Continental Airlines, ses deux employés et Claude Frantzen, ex-cadre de la DGAC.

Le cas de Jacques Herubel, ancien collaborateur d'Henri Perrier, ex-directeur du programme Concorde chez Aérospatiale (aujourd'hui fondu dans EADS), décédé début mai, avait été disjoint.

Le procès doit se poursuivre jusqu'à lundi.

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