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Les buralistes mobilisés contre les paquets uniformes

Les buralistes inquiets. Les buralistes inquiets[ARCHIVES AFP]

Des paquets de cigarettes sans couleurs, logo ni image de marque, mais avec des photos choc plus grandes : le projet, à l'étude à Bruxelles et soutenu par la France, inquiète les buralistes qui craignent une hausse de la contrefaçon et organisent jeudi des actions symboliques.

Dans chaque département, au moins un buraliste recouvrira à la mi-journée "ses linéaires de paquets de cigarettes d'un drap blanc pour montrer ce que pourraient devenir nos commerces, pour démontrer l'absurdité des mesures" si le projet aboutit, explique le patron des buralistes, Pascal Montredon.

Car le projet de Bruxelles ne porte pas seulement sur la mise en place de paquets uniformes, mais aussi sur la disparition des linéaires dans les magasins, c'est-à-dire l'obligation de cacher les produits en vente.

Pour les anti-tabac, ces paquets neutres et la disparition des étals vise à "supprimer toute forme de publicité", à la fois sur l'emballage et sur le lieu de vente, explique Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité national contre le tabagisme (CNCT).

"Il n'y a pas que des fumeurs qui vont dans les bureaux de tabac, il y a beaucoup de jeunes", insiste-t-elle, or c'est le seul lieu qui échappe à la loi interdisant toute publicité pour le tabac.

Les paquets uniformes permettraient aussi de "mieux mettre en valeur les messages de santé". Ceux-ci représentent 40% du recto (message écrit) et du verso (photo choc) des paquets, mais pourraient être largement agrandis.

L'Australie, l'un des pays les plus avancés dans la lutte contre le tabac, est le seul à imposer des paquets neutres. Ils y seront obligatoires le 1er décembre, les fabricants ayant épuisés leurs voies de recours. Les emballages d'un vert olivâtre sombre et couverts d'avertissements choc porteront comme seul élément distinctif la marque et le nom du produit, frappés dans les mêmes caractères.

30 ou 40 cts de plus le paquet

En Europe, la directive, attendue à l'automne, interviendra dans un contexte de marché morose, marqué par une nouvelle augmentation des prix.

Les ventes sont en chute continue en volume depuis octobre 2011, date de la dernière augmentation. ADF, qui détient quasiment le monopole de la distribution des bureaux de tabac, a constaté une baisse des livraisons de 4,3% des livraisons entre octobre et juin.

Le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a confirmé, dès le mois de mai, la hausse envisagée à l'automne de 6% du prix des paquets de cigarettes.

Cela devrait se traduire par une hausse de 30 ou 40 cts par paquet (et 50 à 60 pour le tabac à rouler), selon que le gouvernement opte pour un arrondi à la hausse ou à la baisse. "Les arbitrages ne sont pas rendus", indique-t-on cependant au ministère.

Une hausse de 40 centimes serait la plus forte depuis 2003, lorsque la France avait, en quelques mois, renchérit le coût du paquet de 40%. Ce qui s'était traduit par la multiplication des achats de tabac en dehors du réseau des buralistes.

Différentes études montrent qu'une cigarette sur cinq fumée en France n'a pas été achetée en France mais légalement à l'étranger ou illégament sur internet, dans la rue ou dans certains commerces peu scrupuleux.

Pour les buralistes et les fabricants, les paquets génériques vont faire exploser le marché de la contrefaçon car ils seront plus faciles à copier. Selon M. Montredon, il sera donc "plus facile de trouver du tabac moins cher", ce qui "va à l'encontre de la politique de santé publique". L'argument est contesté par les anti-tabac qui assurent que les mesures ont été prises.

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