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Charlie Hebdo publie des caricatures de Mahomet dans un contexte de tensions

Charlie Hebdo. Charlie Hebdo. [Capture Twitter]

L'hebdomadaire Charlie Hebdo publie mercredi des dessins satiriques représentant le prophète Mahomet, après une semaine de tensions et de violences dans le monde contre le film islamophobe "L'Innocence des musulmans".

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a souligné mercredi que ceux qui sont heurtés par ces caricatures ont la possibilité de saisir les tribunaux, tout en rappelant que dans l'"Etat de droit" qu'est la France "la liberté de caricature" est garantie.

Interrogé par RTL sur cette publication, le Premier ministre a observé: "Nous sommes dans un pays où la liberté d'expression est garantie, la liberté de caricature aussi". "Si vraiment des personnes se sentent heurtées dans leurs convictions et pensent qu'il y a eu dépassement du droit - nous sommes dans un Etat de droit qui doit être totalement respecté -, elles peuvent saisir les tribunaux".

La veille, Jean-Marc Ayrault avait "dans le contexte actuel" affirmé sa "désapprobation face à tout excès" tout en rappelant la liberté d'expression "dans le cadre de la loi". Il a appelé à "l'esprit de responsabilité de chacun".

Ces dessins "choqueraient ceux qui vont vouloir être choqués en lisant un journal qu'ils ne lisent jamais", a estimé le directeur de l'hebdomadaire, Charb, interrogé par iTélé, moins d'un an après la destruction criminelle des locaux du journal suite à une Une représentant Mahomet et jugée injurieuse par des extrémistes.

"Je n'appelle pas les musulmans rigoristes à lire Charlie Hebdo, comme je n'irais pas dans une mosquée pour écouter des discours qui contreviennent à ce que je crois", a encore dit Charb. "Si on reçoit des insultes, c'est parce que Charlie Hebdo est sorti du contexte +kiosque+ et qu'il a été montré sur internet et qu'il touche un public plus large que d'habitude".

Il a estimé que les dessins publiés en page intérieure et en dernière page du journal ne sont pas plus provocants que d'habitude.

L'une de ces caricatures montre Mahomet dénudé, dans une parodie d'une scène du film "Le Mépris" de Jean-Luc Godard où Michel Piccoli admire la chute de reins de Brigitte Bardot.

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a appelé "à ne pas verser de l'huile sur le feu", tandis que Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, interrogé au Caire, s'est dit "contre toute provocation", tout en rappelant l'importance de la liberté d'expression.

Le Conseil français du culte musulman, organe représentatif des différents courants musulmans en France, a condamné "avec la plus grande vigueur ce nouvel acte islamophobe qui vise à offenser délibérément les sentiments des Musulmans". "Profondément attaché à la liberté d'expression", le CFCM "lance un appel pressant aux musulmans de France à ne pas céder à la provocation".

"Intouchables"

"Tout est parti d'une inquiétude des services français qui craignaient dans le contexte que Charlie fasse sa couverture avec une caricature de Mahomet. Il n'en est rien", a expliqué Charb à l'AFP.

La couverture, qu'il signe, représente un musulman dans un fauteuil roulant poussé par un juif orthodoxe, avec chapeau et papillote, sous le titre "Intouchables 2", allusion au film éponyme.

"Je leur ai dit qu'il n'y avait rien en couverture, le soufflé est retombé et je pense que M. Fabius n'avait pas vu la Une quand il a parlé en Egypte", a estimé Charb.

Le directeur de Charlie Hebdo s'est défendu de toute volonté de provocation: "si on commence à se dire, parce qu'il y a 250 excités qui manifestent devant l'ambassade des Etats-Unis, qu'il faut différer ou ne pas publier des dessins, ça veut dire que ce sont eux qui font la loi en France", a encore dit Charb.

Depuis sa diffusion la semaine dernière, le film islamophobe "Innocence of Muslims" ("L'Innocence des musulmans"), produit aux Etats-Unis par un chrétien d'Egypte, a déclenché des manifestations anti-américaines dans le monde musulman qui ont causé la mort de plus de 30 personnes.

De nouveaux appels à manifester samedi, à Paris et dans plusieurs grandes villes de France pour protester contre le film circulaient mardi sur les réseaux sociaux.

Un fourgon de CRS a pris position près du bâtiment de sept étages où est installé Charlie Hebdo, dans l'est de Paris, non loin des anciens locaux de l'hebdomadaire, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les locaux de Charlie Hebdo avaient été détruits par un criminel dans la nuit du 1er au 2 novembre 2011 après la publication d'un numéro spécial rebaptisé "Charia hebdo", avec en Une la caricature d'un prophète Mahomet hilare. Une enquête est toujours en cours.

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