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Bernard Coll : "Reconnaître l'abandon délibéré des harkis"

Les associations espèrent une reconnaissance officielle du massacre des harkis Les associations espèrent une reconnaissance officielle du massacre des harkis[JOEL SAGET / AFP]

À l’occasion de la « Journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres de formations supplétives », Bernard Coll, secrétaire général de l’association rapatriée Jeune Pied-Noir, répond aux questions de DirectMatin.fr.

 

50 ans après l’indépendance, cette journée revêt une dimension particulière. C’est aussi la première qui se déroule sous le mandat de François Hollande. Quelles sont vos attentes aujourd’hui ?

La première attente de toute la communauté rapatriée c’est la reconnaissance. Pas une repentance, mais la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans le crime qui a été commis en 1962 : l’abandon délibéré des harkis et des pieds-noirs. Comme nous l’avons fait avec Nicolas Sarkozy pendant cinq ans, nous attendons de François Hollande qu’il tienne ses engagements. Dans une lettre du 24 janvier 2012, il s’était déclaré favorable à une loi portant reconnaissance de ce drame par la nation.

S’agirait-il d’une nouvelle loi mémorielle ?

Non. Nous préconisons une loi composée de deux articles. Le premier, portant reconnaissance de la responsabilité de l’État français, sur le modèle du texte qui a été voté au sujet du génocide arménien. Le second porterait sur la réparation des préjudices moraux et matériels subis par la communauté rapatriée. Avec le Conseil économique et social, nous les avons évalués à 42 milliards d’euros sur cinq ans et nous préconisons dix mesures pour en assurer le financement.

Vous ne distinguez pas harkis et pied-noirs : vous parlez des rapatriés au sens large.

La communauté rapatriée forme un seul bloc. Comme disent nos amis harkis : « Nous avons pris les mêmes bateaux et les mêmes avions ». Tous, nous avons été accueillis et logés dans des conditions précaires en arrivant ici. Mais il est vrai que nos compatriotes harkis ont subi un préjudice et un ostracisme plus lourds à tel point que la troisième et la quatrième génération sont toujours pénalisées. C’est à eux que nous songeons particulièrement aujourd’hui.

50 ans après, quel est votre état d’esprit. Êtes-vous plus optimiste ?

Nous avons le sentiment que notre action est sur le point d’aboutir. Il existe aujourd’hui un vrai consensus sur la question du PS au FN en passant par l’UMP. Pour autant nous sommes réalistes : il existe un paramètre qui s’appelle la « realpolitik » et qui touche à la relation entre la France et l’Algérie. L’Algérie d’aujourd’hui vit sur un mythe. Or il faut se souvenir qu’en 1962, le FLN alignait 30.000 combattants quand les harkis étaient 200.000. Il a donc fallu les éliminer sans pitié pour que le FLN puisse régner sans partage sur l’Algérie. Si la France reconnaît officiellement le massacre des harkis, elle placera le pouvoir algérien dans une position difficile.

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