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Cancer du sein: nouvelle campagne pour le dépistage sur fond de polémique

Une infirmière effectue une mammographie [Mychele Daniau / AFP/Archives] Une infirmière effectue une mammographie [Mychele Daniau / AFP/Archives]

La ministre de la santé Marisol Touraine a lancé mercredi une nouvelle campagne de mobilisation en faveur du dépistage organisé du cancer du sein alors que la polémique autour du risque de surdiagnostic a été relancée mardi par l'Association UFC-Que Choisir.

Alors que ce programme national marque le pas depuis 2008, Marisol Touraine a rappelé qu'avec 53.000 nouveaux cas estimés en 2011, ce cancer est le plus fréquent chez la femme, et la première cause de décès avec 11.400 décès estimés en 2011. La survie nette à 5 ans est de 89%, selon l'InVS (Institut de veille sanitaire).

"Nous parvenons à mieux soigner ce cancer à condition que le diagnostic soit posé le plus tôt possible", a-t-elle indiqué en lançant l'édition 2012 d'0ctobre rose, le mois dédié à la mobilisation contre le cancer du sein.

Généralisé à tout le territoire français en 2004, le dépistage organisé invite toutes les femmes de 50 à 74 ans à se rendre tous les deux ans chez un radiologue agréé pour une mammographie (avec lecture du résultat par deux radiologues différents) et un examen clinique des seins pris en charge à 100% par l'Assurance maladie.

En 2011, quelque 2,4 millions de femmes ont eu recours au dépistage organisé, soit 52,7% de la population concernée, un peu plus qu'en 2010, mais ce taux marque un palier depuis 2008. A ce chiffre, il faut toutefois ajouter 10 à 15% de femmes qui se font dépister individuellement. L'objectif européen est fixé à 70%.

 

La réflexion est engagée

Interrogée sur les études contradictoires publiées ces dernières années sur l'intérêt du dépistage, Marisol Touraine a indiqué que la réflexion était engagée "en France comme dans d'autres pays" et qu'il fallait accélérer les études menées notamment par l'Institut national du cancer (INCa).

Pour l'instant, les autorités sanitaires françaises se fondent largement sur des études étrangères pour affirmer que le bénéfice-risque est nettement en faveur du dépistage.

Elles mentionnent notamment une nouvelle étude qui a passé en revue les programmes européens de dépistage et qui conclut que pour 1.000 femmes soumises tous les deux ans à une mammographie entre 50 et 69 ans, sept à neuf décès sont évités et quatre femmes sont surdiagnostiquées.

Le surdiagnostic, principal risque du dépistage systématique, consiste à dépister une petite lésion cancéreuse, qui n'aurait pas évolué en maladie du vivant du patient. Evalué selon les études de 1% à 50% (5 à 10% selon l'Institut national du cancer), le surdiagnostic peut entraîner des examens et des traitements inutiles, dont certains "lourds de conséquences" (ablation, radiothérapie, chimiothérapie).

Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire fait état mercredi des résultats de 10 essais effectués en Europe qui montrent une réduction de 21% de la mortalité par cancer du sein chez les femmes dépistées. Cependant d'autres études la jugent quasi inexistante.

L'impact du dépistage sur la mortalité fait débat dans la communauté scientifique, comme l'a rappelé mardi l'association UFC-Que Choisir dans le dernier numéro de la revue Que Choisir.

Marisol Touraine s'est engagée à donner "toute l'information nécessaire" aux femmes souhaitant se faire dépister. Elle a également relevé qu'un tiers des femmes, souvent "socialement défavorisées", n'avaient pas encore accès au dépistage.

Avec comme slogan "de quand date ma dernière mammographie", la campagne d'Octobre rose sera notamment relayée sur France Télévisions, avec Elise Lucet, Sophie Davant, Nagui et William Leymergie qui s'adresseront directement aux femmes.

Une opération sur Facebook sensibilisera les internautes, tandis que l'institut Curie lancera une web-radio interactive pour informer les femmes pendant tout le mois d'Octobre.

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