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Ambiance tendue au procès des tournantes de Créteil

Nina, victime de viols collectifs, le 19 septembre 2012 devant la cour d'assises du Val-de-Marne [Jacques Demarthon / AFP/Archives]
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Ambiance tendue, accusés qui nient: le procès des viols collectifs, il y a plus de 10 ans, dans des cités de Fontenay-sous-Bois, a poussé dans ses retranchements la seule victime présumée encore présente à l'audience, la défense cherchant à la faire craquer.

Ils étaient cette semaine treize à comparaître à huis clos devant la cour d'assises du Val-de-Marne, accusés de "tournantes", viols collectifs dans des cités de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) entre 1999 et 2001.

Sur les quinze accusés à l'origine, l'un est en fuite, un autre, absent depuis mercredi, ne viendra plus au tribunal, pour raisons de santé. Son dossier a été disjoint.

Après les personnalités des quinze accusés, la cour s'est penchée sur le témoignage de Nina, 29 ans, l'une des deux victimes présumées.

Cheveux tirés, jogging gris, haut noir à manches courtes, la jeune fille, 16 ans au moment des faits, absente durant trois jours pour raisons de santé, est revenue mardi matin. L'autre plaignante, âgée de 15 ans lors des faits, pourrait ne plus assister aux débats, hospitalisée d'office après avoir fait une tentative de suicide le week-end dernier.

Selon des avocats, il règne dans cette salle des assises de Créteil une atmosphère lourde, confuse. Des insultes fusent, on se coupe la parole pour s'exprimer.

Nina, elle, a quitté les débats à plusieurs reprises mercredi et jeudi, sortant furieuse de la salle, pour aller rejoindre sa mère, restée dans la salle des pas perdus.

"Qu'on me laisse tranquille"

"Je veux qu'on me laisse tranquille", crie-t-elle, désemparée, à ses avocates qui tentent de la réconforter.

Durant les pauses, la jeune femme fume sa cigarette dehors, à l'entrée du tribunal, à quelques mètres à peine de ceux qu'elle accuse. A Fontenay-sous-Bois, où les deux plaignantes vivent toujours, elles croisent, au supermarché ou dans la rue, leurs agresseurs présumés.

Oubli dû à l'ancienneté des faits, ou changement de version, mercredi après-midi, Nina a dit ne plus se souvenir du rôle de deux accusés.

Normal, treize ans après, rétorque Me Laure Heinich-Luijer, une de ses avocates, ajoutant immédiatement que "cela n'enlève pas les déclarations faites en 2006", devant les enquêteurs.

Une mise "hors de cause" évidente, se réjouit au contraire un des avocats de la défense.

Venu à la barre au cours de la première semaine, le frère de Nina est resté sur sa position: il considère que les faits dénoncés par sa soeur sont faux, et met hors de cause les accusés, dont certains sont ses amis.

La semaine prochaine, les policiers qui ont mené l'enquête seront entendus. Le juge d'instruction ne devrait en revanche pas venir témoigner.

Les accusés sont aujourd'hui âgés de 29 à 33 ans. Un seul est détenu, dans une autre procédure, visant l'assassinat de sa compagne et l'enlèvement et la séquestration de son petit garçon en février 2010. Pour ces faits, il comparaîtra de nouveau devant les assises du Val-de-Marne du 2 au 6 novembre.

Le procès des "tournantes", qui s'est ouvert le 18 septembre, doit durer jusqu'au 12 octobre. Les accusés, qui nient les faits qui leur sont reprochés, encourent jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle.

Deux autres mis en cause, âgés de moins de 16 ans lors des faits, comparaîtront devant le tribunal pour enfants de Créteil. La date d'audience n'a pas été fixée.

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