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Surirradiés d'Epinal : les victimes témoignent

Arrivée des victimes le 24 septembre 2012 au palais de justice de Paris [Mehdi Fedouach / AFP] Arrivée des victimes le 24 septembre 2012 au palais de justice de Paris [Mehdi Fedouach / AFP]

Une vingtaine de victimes du plus grave accident de radiothérapie survenu en France, à l'hôpital d'Epinal entre 2001 et 2006, témoigneront à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Paris qui juge sept prévenus dont deux médecins et un radiophysicien.

Le procès s'est ouvert lundi dernier et se poursuivra jusqu'au 31 octobre à raison de trois après-midis par semaine pour tenter de comprendre comment plusieurs dysfonctionnements ont pu se produire au sein de l'établissement hospitalier Jean Monnet durant cette période et pourquoi ils sont restés dissimulés plusieurs mois à certains intéressés.

Ce drame de santé publique a fait au moins 448 victimes lors de deux dysfonctionnements distincts: des erreurs de paramétrage d'un logiciel lors du passage à une nouvelle génération d'appareils en 2004; l'absence de prise en compte, dans le calcul final des radiations, des doses délivrées lors des contrôles radiologiques précédant le traitement lui-même.

La première erreur a entraîné les surexpositions les plus graves, de l'ordre de 20%, sur 24 patients traités pour des cancers entre mai 2004 et août 2005. La seconde a fait 424 victimes de surdoses entre 8 et 10% entre 2001 et 2006. Au moins sept patients sont décédés des suites des irradiations.

Quelque 200 personnes sont parties civiles au procès, qui a débuté avec l'audition des experts ayant enquêté sur cet accident à la suite de sa révélation dans la presse en octobre 2006.

Ces spécialistes de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ont tous mis en exergue les problèmes de management et d'organisation des soins au sein du centre de radiothérapie.

Sous-estimation du risque, changement de technique improvisé et sans formation suffisante des manipulateurs, manque de communication et de concertation entre les radiothérapeutes et le radiophysicien: tous ont livré des témoignages sévères sur la causes du drame.

Les conséquences seront abordées dès l'ouverture de la seconde semaine de procès lundi. Plusieurs victimes irradiées viendront témoigner de leurs souffrances: violentes douleurs au niveau du rectum ou de la vessie, voire hémorragies ou "fuites" à tout moment de la journée, jusqu'à des ajouts de poches pour certains.

L'enjeu du procès pour ces parties civiles, qui ont toutes été indemnisées, n'est pas le dédommagement de leur préjudice mais de "comprendre le drame et de voir les coupables punis", ont-ils expliqué à l'ouverture des débats.

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