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Le couple policiers-"indics", des relations ambiguës très réglementées

Vue extérieure en date du 2 octobre 2012 des bâtiments de la Bac nord de Marseille [Boris Horvat / AFP/Archives] Vue extérieure en date du 2 octobre 2012 des bâtiments de la Bac nord de Marseille [Boris Horvat / AFP/Archives]

Les relations parfois ambiguës entre policiers et "indics", illustrées par l'affaire Neyret ou celle de la Bac Nord de Marseille, ont parfois entraîné des dérives mais sont désormais strictement réglementées.

"Sans indicateurs, pas de bonne police" aiment à répéter policiers, gendarmes ou douaniers qui affirment tous avoir recours à ces "honorables correspondants" surnommés, dans leur jargon, "tontons", "cousins", "mouchards" ou "balances".

Ces surnoms illustrent la proximité, ou la méfiance, avec ces hommes et ces femmes qui décident de les "tuyauter" dans leurs enquêtes.

"Un +indic+", assure Claude Cancès, ancien directeur de la police judiciaire (PJ) parisienne, "ce peut être la concierge qui obéit à un certain sens civique pour vous renseigner sur un voisin louche". Mais "c'est le plus souvent un voyou qui balance un copain ou nous renseigne par appât du gain", poursuit-il.

"Cela existe depuis Vidocq en fait et ils sont incontournables", ajoute l'ancien haut fonctionnaire aujourd'hui retraité.

Le couple a parfois des ratés. Ils font les délices des romanciers, cinéastes ou journalistes, bien que les forces de l'ordre préfèrent laver leur linge sale en famille.

"Dans 99% des enquêtes de stupéfiants, sans informateurs pas d'affaires", avait dit en 2011, à la barre d'un tribunal correctionnel, Nicolas Hédin, chef du bureau central des sources (BCS) qui gère les "indics" de la PJ française.

"Les policiers naviguent dans un no man's land juridique, comme des funambules sans filet de sécurité. Si tout va bien, vous êtes promus. En cas de problème, on règle ça en famille, jamais devant un tribunal", avait-il ajouté.

Celle-ci jugeait un trafic de drogue mettant aux prises un officier des "stups" accusé d'avoir prévenu son "cousin" d'une intervention de policiers concurrents.

"Poignée de figues"

"Un bon indicateur", précise M. Cancès, "c'est à vous de le diriger, pas à lui. Il ne faut jamais en faire un ami, le rétribuer en drogue ou recevoir des cadeaux; ça part en vrille".

Afin d'éviter ces dérives, depuis 2004, les informateurs sont officiellement recensés et immatriculés recevant un reçu des sommes versées. Autour de 1.500 dans la police, un peu moins chez les gendarmes.

De nombreux enquêteurs avouent trouver le système "lourd, pas du tout confidentiel" et s'en passer parfois.

Les tarifs des "cousins" vont, disent-ils aussi, de 50 à 10.000 euros selon les affaires. Plus s'il s'agit de l'ennemi public No 1 qui est arrêté, la somme pouvant "alors approcher les 50.000 ou 100.000 euros".

"On peut estimer que les méthodes anciennes ont vécu", écrivait récemment sur son blog un ancien grand flic, Georges Moréas, invoquant l'ADN ou l'informatique qui ont fait évoluer les méthodes d'enquête.

Mais "où est le contact humain ?", interroge-t-il. "Il faut des indicateurs pas ceux qu'on enregistre (...) et que l'on rémunère avec des poignées de figues contre un reçu" mais "des gens qui sont presque des amis ou peuvent le devenir". A "l'ancienne", martèle-t-il.

L'affaire de l'ex-numéro 2 de la PJ, Michel Neyret, mis en examen en 2011 dans une affaire de trafic d'influence en lien avec des truands, a récemment relancé l'histoire des rapports parfois troubles entre "tontons" et policiers.

Une autre, celle de la Bac nord de Marseille, s'est noircie cette semaine: la famille d'un présumé indicateur, tué en 2008, a porté plainte contre X pour complicité d'assassinat en s'interrogeant sur le rôle de certains policiers.

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