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Venue de Sarkozy : frénésie médiatique à Bordeaux

Journalistes et policiers le 22 novembre 2012 devant le palais de justice à Bordeaux [Jean-Pierre Muller / AFP] Journalistes et policiers le 22 novembre 2012 devant le palais de justice à Bordeaux [Jean-Pierre Muller / AFP]

Certains étaient là depuis trois semaines, en "planque" devant le palais de Justice de Bordeaux, dans l'attente de l'arrivée de l'ex-président Nicolas Sarkozy : il a finalement honoré jeudi son premier rendez-vous judiciaire, non sans avoir tenté de semer les journalistes.

Dès le petit matin, des caméramen bien tuyautés étaient postés à l'aéroport de Mérignac, non loin de Bordeaux. "J'étais sur la zone de l'aviation privée", raconte l'un d'entre eux, JRI pour France Telévisions. "Vers 8h30, on a vu arriver un jet privé", dit-il en expliquant que les journalistes ont deviné qu'il s'agissait de l'avion de l'ancien chef de l'Etat en observant le dispositif policier.

Puis, a commencé le jeu de piste pour courser Nicolas Sarkozy, attendu vers 9h00 par le juge d'instruction Jean-Michel Gentil et ses collègues pour répondre à leurs questions dans le cadre de l'affaire Bettencourt.

"On a vu une Citroën C6 aux vitres fumées", raconte-t-il, expliquant l'avoir suivie avec un motard jusqu'à ce qu'un feu rouge lui permette de deviner à l'intérieur une silhouette aux mains portant "des bagues", écartant ainsi la présence de l'ancien président.

Plus tard, non loin du commissariat central de Bordeaux, le journaliste a finalement pris en chasse une Renault Espace: "C'était eux, il y avait deux motards de part et d'autre", assure-t-il.

Arrivée le 22 novembre 2012 au palais de justice à Bordeaux de la voiture de Nicolas Sarkozy [Jean-Pierre Muller / AFP]
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Arrivée le 22 novembre 2012 au palais de justice à Bordeaux de la voiture de Nicolas Sarkozy
 

Pendant ce temps, aux abords du palais de Justice, la circulation était coupée, un dispositif tout à fait inhabituel à Bordeaux.

Lucrèce, du service de l'aide juridictionnelle, était contrôlée par des policiers, comme le reste du personnel entrant dans le parking. "On aurait bien aimé le voir, mais je dois travailler", s'amusait-elle.

"Ca arrive, ca arrive", glissait alors un policier à demi-mots, alors que la presse commençait à s'agiter aux abords de cette entrée latérale donnant accès au parking souterrain.

En quelques secondes, le moment historique attendu - c'est la deuxième fois qu'un ancien président de la Vème République est entendu par la justice, après Jacques Chirac - se concrétisait : une Renault Espace s'engouffrait dans le tribunal.

Valse hésitation de la presse : "C'est lui ?" "Vous l'avez vu" ?", d'autant que l'arrivée de deux autres voitures dont une belle limousine, trois minutes plus tard, semait le trouble. Mais une source bien informée faisait "oui" de la tête. Permettant ainsi de "donner" enfin l'arrivée de l'ex-président.

Dans la petite foule massée aux abords de cette entrée, figurait Daniel, 63 ans, retraité venu parce que sa belle-mère "pas communiste... aime Sarkozy" et lui avait "demandé de le prendre en photo".

"On n'a fait qu'une voiture, de toutes façons fallait pas s'attendre à ce qu'on le voie", raconte aussi Jean-Pierre Muller, photographe à l'Agence France-Presse, déplorant qu'on n'ait de l'ancien président, après toute cette attente, que "la photo d'une Renault Espace avec un mur derrière".

"Personne ne l'a vu, on n'a pas pu l'identifier formellement, il y a eu leurre", remarquait Eric Barrère, journaliste à Reuteurs TV, trouvant quand même que "ça fait du bien que cela se termine, car cela faisait six jours que j'étais en planque".

Arrivée le 22 novembre 2012 au palais de justice à Bordeaux de la voiture de l'avocat de Nicolas Sarkozy [Jean-Pierre Muller / AFP]
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Arrivée le 22 novembre 2012 au palais de justice à Bordeaux de la voiture de l'avocat de Nicolas Sarkozy
 

Une vingtaine de photographes et au moins 23 caméras devaient rester aux abords du Palais pour le reste de la journée. Les directs sur les marches de l'édifice se succèderont. Comme ceux de France 24, en anglais, français et arabe.

"S'il est mis en examen, l'affaire pourrait encore être évoquée pendant des années et cela rendra plus difficile un éventuel retour" de Sarkozy, sur la scène politique française en vue de la présidentielle de 2017, analysait le journaliste de cette chaîne d'information en continu Nicolas Germain.

Face à l'entrée du parking, un homme s'est réjoui de la longue attente qui a précédé cette arrivée : Henry Cohen, le patron de la "Huitième", un café-restaurant. Depuis quelques jours, le chiffre d'affaires est en hausse de "5 à 10%" grâce aux journalistes, dit-il, promettant de fermer tard jeudi soir si nécessaire.

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