Plus de 120 femmes sont mortes l'an dernier en France sous les coups de leur conjoint: la journée internationale contre les violences faites aux femmes est l'occasion de rappeler cette réalité, que le gouvernement entend endiguer par un arsenal de mesures.
Selon les derniers chiffres officiels, près de 2% des femmes ont subi, en l'espace de deux ans, des violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.
L'an passé, 122 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon. Et selon les associations, 75.000 à 100.000 personnes sont violées chaque année mais 10% seulement portent plainte.
Des chiffres qui devraient être une nouvelle fois évoqués le 25 novembre, pour la journée internationale contre les violences faites aux femmes.
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Le collectif national pour les droits des femmes, groupement d'associations féministes, de syndicats et partis politiques, appelle à manifester dimanche à Bastille, à Paris, à 14H30, réclamant une loi cadre sur le sujet.
Entre l'affaire DSK, la loi sur le harcèlement sexuel ou le procès des "tournantes" à Créteil, le sujet a fait l'objet au cours des derniers mois d'une large couverture médiatique.
Pour Françoise Brié, vice-présidente de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), il semble y avoir eu récemment "une prise de conscience politique des violences".
Mais selon elle, "les solutions apportées ne sont pas encore à la hauteur".
"Il manque une application parfaite des lois, l'implication de tous les acteurs et, dans pas mal de situations, les peines ne sont pas à la hauteur des violences subies", souligne-t-elle.
L'ordonnance de protection, créée par la loi de juillet 2010, permet de soustraire en urgence à leur conjoint les victimes de violences conjugales. Mais elle n'est pas appliquée de façon uniforme par tous les tribunaux.
Un tabou
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"Il n'est pas acceptable que, dans certains départements, le dispositif ne soit aujourd'hui purement et simplement pas entré en vigueur", a récemment souligné la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem
"Il est temps de sensibiliser plus énergiquement les magistrats à ce dispositif", a-t-elle ajouté, évoquant la possibilité de l'étendre "à toutes les formes de violences familiales, qu'elles soient conjugales ou pas".
Le gouvernement devrait faire une série d'annonces lors du comité interministériel aux droits des femmes, qui se réunit le 30 novembre.
La création prévue d'un Observatoire national en charge des violences faites aux femmes doit notamment permettre à l'avenir un suivi des données sur ces violences.
Le gouvernement entend aussi améliorer la formation des professionnels (travailleurs sociaux, police, justice, santé) confrontés à la question, pour inciter les femmes à parler lorsqu'elles sont victimes.
"Il y a un tabou autour de ces violences qui est devenu insupportable", a estimé la ministre des Droits des femmes.
Pourrait aussi être annoncée la création de places en hébergement d'urgence. "J'espère que le comité interministériel va annoncer la création d'au moins 1.500 places", a indiqué Françoise Brié à l'AFP.
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Selon elle, la crise économique est un facteur aggravant. "Sortir de la violence quand on est précaire est beaucoup plus compliqué. Comment partir de chez soi quand on est dans cette situation ? Il faut des centres d'hébergement car les femmes ont besoin d'un temps de sécurisation, de reconstruction", a-t-elle relevé.
Les femmes jeunes, vivant seules ou élevant seules leurs enfants, sont la cible privilégiée de la plupart des types d'agression, selon une récente étude de l'Insee. Les femmes de milieu modeste subissent aussi plus fréquemment des agressions sexuelles ou des violences à l'intérieur du ménage.