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Violences : les femmes disent «stop !»

Manifestation contre les violences faites aux femmes à Paris, le 25 novembre 2012 [Bertrand Langlois / AFP]

L’Etat prépare un renforcement de la lutte contre les violences faites aux femmes, un tabou qui touche au quotidien la société française. 

C’est un mal qui reste trop souvent dans l’ombre. Pour dire stop, associations féministes et personnalités politiques ont battu le pavé dimanche à Paris lors de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes.

L’an dernier en France, 122 d’entre elles ont péri sous les coups de leur conjoint ou de leur ex-conjoint, selon le dernier bilan annuel de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). Soit, en moyenne, un décès tous les trois jours.
 

«Briser le silence»

A ce bilan tragique s’ajoutent les 54 000 cas de violences non mortelles subies par les Françaises au sein de leur couple, d’après les plaintes enregistrées.

Cette violence survient également en dehors du foyer, avec 22 % des femmes, tous âges confondus, qui disent avoir déjà été victimes d’une agression sexuelle ou d’une tentative d’agression sexuelle selon un récent sondage Ipsos pour l’hebdomadaire Femme actuelle.

D’après un autre sondage, de l’institut Ifop, pour l’association Paroles de femmes diffusé dimanche, les actes commencent lorsque les victimes sont très jeunes. 68 % des Françaises de 18 à25 ans confient ainsi avoir déjà été victimes de violences sexistes (moquerie, harcèlement, acte violent ou agression sexuelle).

Et si, selon les associations, 75 000 à 100 000 femmes sont violées chaque année, seulement 10 % d’entre elles portent plainte. Une spirale à enrayer. «Il faut briser le silence, lance la militante Clémentine Autain, à l’initiative d’un manifeste contre le viol lancé la semaine dernière. Il n’y pas de honte à être victime, à être écoutée.»

L’Etat prépare un arsenal

Face au problème, le gouvernement doit annoncer une série de mesures lors du Comité interministériel aux droits des femmes prévu vendredi prochain. Il s’agira d’un «plan global», comme l’a annoncé hier le président François Hollande, après s’être entretenu avec des femmes victimes des violences. Le chef de l’Etat prévoit notamment une «gran­de campagne d’information» début 2013.

Autre chantier, celui de la prise en charge des victimes par les médecins, policiers, magistrats, enseignants ou travailleurs sociaux confrontés à ce fléau. La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a annoncé ce week-end un plan national de formation de ces professionnels. 

Un moyen, selon la ministre, de mieux comprendre les «stratégies des agresseurs, qui consistent à choisir une victime, l’isoler, l’humilier, instaurer la terreur et lui faire croire que c’est elle la coupable». 

Alors que les associations réclament une prévention régulière dès le plus jeune âge, Najat Vallaud-Belkacem a confié hier au Journal du Dimanche que des programmes d’apprentissage de l’égalité seraient testés en 2013 en maternelle et en primai­re.

Elle promet également d’accueillir les femmes obligées de quitter leur domicile dans l’urgence dans des appartements  sociaux, et de faciliter leur accès au RSA lors de ces situations de détresse.
 

Les violences faites aux femmes en chiffres : 

108 504 mains courantes concernant des différends  entre époux et concubins ont été enregistrées dans les commissariats en 2011. 

419 viols de femmes commis par leur conjoint ont été recensés l’an dernier par les services de la gendarmerie. Ils s’ajoutent aux 487 répertoriés par la Direction centrale e la sécurité publique. 

17 590 appels téléphoniques concernant une situation de violences conjugales ont été traités en 2011 par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).

88 % des femmes ayant demandé de l’aide à la FNSF ont fait état de violences psychologiques dans leur couple, 67 % de coups à main nue, 52 % de viols conjugaux, 37 % de privations de ressources. 

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