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Mourir à l'hôpital reste la norme en France malgré le désir de changement

Un infirmier aide une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer à marcher, le 22 décembre 2006 dans le département gériatrie de l'hôpital Saint-Jean de Dieu à Lyon [Jean-Philippe Ksiazek / AFP/Archives] Un infirmier aide une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer à marcher, le 22 décembre 2006 dans le département gériatrie de l'hôpital Saint-Jean de Dieu à Lyon [Jean-Philippe Ksiazek / AFP/Archives]

La fin de vie se déroule encore très généralement à l'hôpital en France malgré la volonté de "limiter la médicalisation" des derniers instants de l'existence, indique un rapport publié mardi.

"Près de 60% des Français décèdent à l'hôpital", indique ce rapport, basé sur des chiffres de 2008 et publié par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

Pourtant, "la +déhospitalisation+ de la mort est un enjeu important tant pour répondre aux souhaits de la population qu'en raison du coût financier lié à une hospitalisation", souligne l'étude, signée par des responsables de l'Observatoire national de la fin de vie et de CépiDC (organisme collectant les données sur les décès).

La plupart des patients expriment le désir de finir leur vie chez eux et, parallèlement, se développent des politiques de santé pour favoriser le maintien à domicile des patients, y compris en fin de vie, avec par exemple le développement des soins palliatifs à la maison.

Mais les chiffres montrent une réalité toute différente: "En 2008 en France, 57% des décès sont survenus à l'hôpital, 27% à domicile et 11% en maison de retraite", indique ce rapport, notant au passage que la probabilité de mourir à l'hôpital n'a pas varié en 15 ans.

Des personnels hospitaliers dans un hôpital à Marseille, le 3 février 2012 [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives]
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Des personnels hospitaliers dans un hôpital à Marseille, le 3 février 2012

L'étude ne propose pas de comparaison globale avec les autres pays européens, mais un précédent rapport ("La mort à l'hôpital", de l'Inspection générale des affaires sociales) notait que la France occupait une "position intermédiaire" en Europe ou par rapport aux pays nord-américains.

Ce dernier rapport notait une proportion de décès à domicile bien supérieure en Italie (40,6% en 2006), mais inférieure au Royaume-Uni (19,5% en 2007) et aux Etats-Unis (24,4% en 2004).

L'étude du BEH donne quant à elle le détail des lieux de décès en fonction de la cause de la mort et note que "la grande majorité des décès par tumeur se produisent à l'hôpital (72%)".

Vieillissement de l'entourage

Cette proportion est nettement plus importante que celle observée dans plusieurs autres pays européens comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou la Belgique (moins de 60%). Ces différences peuvent s'expliquer par l'existence dans ces pays de soins palliatifs hors hôpitaux.

Une personne âgée atteinte de la maladie d'Alzheimer dans un hôpital [Fred Tanneau / AFP/Archives]
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Une personne âgée atteinte de la maladie d'Alzheimer dans un hôpital

En revanche en France, les décès par maladies du système nerveux (principalement la maladie d'Alzheimer) "se produisent moins souvent à l'hôpital" grâce au développement "des prises en charge alternatives" dans le cadre des plans Alzheimer mis en place depuis 2001.

Les décès des malades d'Alzheimer se déroulent autant en maison de retraite (34,4%), qu'à domicile (30,8%) ou à l'hôpital (31,8%).

L'étude montre encore que les célibataires meurent moins souvent à l'hôpital que les personnes mariées: "L'hospitalisation peut être influencée par les proches" et "la solitude pourrait favoriser le décès à domicile en raison d'un défaut de prise en charge", note-t-on.

L'étude souligne aussi que plus on est âgé plus on a de chance de mourir à l'hôpital, ce qui s'explique en partie par "le vieillissement de l'entourage" et la difficulté pour un conjoint âgé d'assumer la fin de vie à la maison de son époux/épouse.

La semaine passée, une enquête sur la fin de vie de l'Ined montrait que près de la moitié des décès survenus en décembre 2009 avaient été précédés d'une décision médicale ayant pu hâter la mort.

Ces études sont publiées alors que, d'ici la fin de l'année, le Pr Didier Sicard doit rendre les conclusions d'une mission, demandée par François Hollande, au sujet de la fin de vie et de l'euthanasie.

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