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Soupçonné de pêche illégale, un chalutier géant dérouté

Le procureur de la République de Cherbourg Eric Bouillard () donne une conférence de presse, le 13 décembre 2012 à Cherbourg [Charly Triballeau / AFP] Le procureur de la République de Cherbourg Eric Bouillard () donne une conférence de presse, le 13 décembre 2012 à Cherbourg [Charly Triballeau / AFP]

Un chalutier géant battant pavillon allemand, soupçonné de la plus grosse infraction à la législation sur la pêche jamais constatée en France métropolitaine, a été dérouté mercredi vers le port de Cherbourg où il attendait jeudi que son sort soit fixé, a-t-on appris auprès de la préfecture et du parquet.

Le Maartje Theadora, un navire de 141 mètres de long avec 57 personnes à bord, fait l'objet d'une "enquête ouverte pour des infractions à la pêche qui tiennent à la fois au mode de pêche et aux espèces qui sont pêchées", a précisé à l'AFP le procureur de la République de Cherbourg, Eric Bouillard.

Près de 2.000 tonnes des 4.000 tonnes de poissons à bord du bateau sont soupçonnées de ne pas répondre aux normes, selon le parquet. L'armateur risque 22.500 euros d'amende pénale et surtout la confiscation de sa pêche évaluée à au moins deux millions d'euros, a ajouté M. Bouillard.

Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, le chalutier a été contrôlé entre 25 et 30 kilomètres au large d'Antifer (Seine-Maritime).

Il est accusé d'avoir commencé à pêcher du maquereau, comme il l'avait déclaré, puis de s'être mis à pêcher du chinchard sans déclarer ce changement. Les enquêteurs cherchent la raison de cette dissimulation présumée.

Il lui est en outre reproché d'avoir combiné deux filets de pêche pour augmenter ses prises alors que cela est interdit, selon le parquet.

Construit en 2000, le bateau appartient à la Westbank Hochseefischerei GmbH (filiale à 100% de l'armateur allemand Doggerbank Seefischerei GmbH, ndlr), mais son gestionnaire, Parlevliet & Van Der Plas B.V., est néerlandais, a précisé à l'AFP l'association écologiste Robin des bois spécialisée dans le trafic maritime. Le parquet a confirmé ces nationalités.

L'armateur allemand Doggerbank Seefischerei GmbH a pour sa part rejeté ces accusations: "pour l'instant, l'armateur ne dispose pas d'informations" relatives à une infraction "significative du droit de pêche", a-t-il réagi auprès de l'AFP.

Selon lui, l'enquête a lieu en raison d'une "faute dans le journal de bord sur la taille des mailles du filet de pêche utilisé par le chalutier". "Les filets utilisés sur le "Maartje Theodora" correspondent aux règles internationales sur les filets de pêche", a poursuivi l'armateur, assurant coopérer avec les autorités françaises.

Le tribunal de grande instance de Cherbourg pourrait examiner l'affaire dès vendredi, selon le parquet.

Selon le parquet et l'association Robin des bois, le Maartje Theadora est l'un des plus gros bateaux de pêche au monde.

"C'est un très gros comme bateau. C'est très surprenant de le trouver en baie de Seine, où les chalutiers font de 20 à 30 mètres de long", a souligné Jacky Bonnemains de Robin des bois.

"Ce genre de bateau, on le trouve plutôt dans les eaux australes et au large de l'Afrique, parce que les contrôles y sont moindres", a ajouté M. Bonnemains.

Selon lui, le gestionnaire du bateau à quai à Cherbourg est aussi le propriétaire du bateau de taille comparable (142 mètres), qui s'est vu interdire en septembre de pêcher dans les eaux australiennes, pour protéger les dauphins et par crainte de trop gros prélèvements.

Cet autre chalutier géant, l'Abel Tasman (Ex bateau incinérateur de déchets sous le nom de Margiris) avait quitté les Pays-Bas "il y a trois mois", a ajouté M. Bonnemains.

L'Australie a ensuite décidé en novembre l'interdiction de pêche dans ses eaux méridionales aux chalutiers géants, et ce pour deux ans.

En mars 2012, Greenpeace avait perturbé la pêche de ce navire, alors qu'il pêchait dans les eaux mauritaniennes, pour dénoncer "les activités de pêche surdimensionnées de la flotte européenne dans les eaux mauritaniennes et son impact sur les moyens de subsistance des populations locales", selon le site internet de l'ONG.

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