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L'idée d'une salle de shoot gare du Nord divise

Vue extérieure en date du 13 décembre 2012 de la gare du Nord à Paris [Jacques Demarthon / AFP/Archives] Vue extérieure en date du 13 décembre 2012 de la gare du Nord à Paris [Jacques Demarthon / AFP/Archives]

Son implantation n'est pas décidée, mais la salle de consommation de drogue qui devrait voir le jour près de la gare du Nord à Paris divise les riverains, certains craignant une hausse du trafic, les autres y voyant un moyen de réduire les nuisances dans le quartier.

Autour de la gare et de l'hôpital Lariboisière, les toxicomanes sont "plusieurs centaines", souvent en grande précarité, selon le maire du 10e, Rémi Féraud, qui milite depuis longtemps pour l'implantation d'une salle de consommation à moindre risque (SCMR).

Rue de Maubeuge, drogués et dealers gravitent autour d'un échangeur de seringues installé près de la sortie du RER. Sur les trottoirs, des quantités de boîtes de médicaments vides témoignent d'un fort trafic.

Rue Ambroise-Paré, devant l'hôpital, "c'est infernal", affirme un commerçant sous couvert d'anonymat: "A partir de midi, les drogués défilent, ils font la manche". Certains attendent leur dealer, comme l'a constaté une journaliste de l'AFP, assistant à un échange de produits stupéfiants non loin de l'entrée de l'hôpital.

"Des toxicos en état de manque ont agressé des personnes, et un enfant s'est piqué avec une seringue trouvée dans un parc", raconte Pierre Coulogner, président de l'association de riverains "Vivre gare du Nord et Est".

Même constat rue Guy-Patin ou Saint-Vincent-de-Paul. "On a déjà vu des toxicomanes se piquer, voire tomber dans la rue", souligne Elisabeth Carteron, présidente de l'association de riverains "Action Barbès, qui parle d'un "trafic de la misère" qui "peut faire peur".

C'est pour ces toxicomanes de rue que le gouvernement veut expérimenter une salle, afin qu'ils consomment leurs produits dans de bonnes conditions d'hygiène, sous supervision de personnels de santé.

Un toxicomane dans une salle de consommation de drogue le 5 novembre 2012 à Berlin [Johannes Eisele / AFP/Archives]
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Un toxicomane dans une salle de consommation de drogue le 5 novembre 2012 à Berlin
 

Médecins du Monde (MDM) et l'association Gaïa, qui a mis en place une structure mobile d'aide à l'injection pour les drogués, ont présenté en octobre un projet pour lequel la ville de Paris a voté une subvention de 38.000 euros. "Je suis convaincu, à la lecture des expériences qui existent déjà dans plusieurs pays, que c'est un mieux pour les toxicomanes, mais aussi pour le quartiers et les riverains en terme de sécurité", affirme M. Féraud.
 

Voie publique

Actuellement, déplore-t-il, ce sont les entrées de parking, les halls d'immeubles, les toilettes publiques qui servent de salles de +shoot+.

Elisabeth Carteron est convaincue: "Il vaut mieux que cette population soit accueillie et accompagnée vers la sortie de la dépendance, plutôt qu'elle soit sur le trottoir ou dans les halls d'immeuble". Mais pour M. Coulogner "cela va provoquer une concentration des drogués et dealers. Ca va être un repère névralgique, une zone de trafic, un point de rassemblement".

"C'est déjà le cas", répond M. Féraud, qui se défend de tout laxisme, mais veut être "pragmatique face à une situation qui existe". Il souligne que les exemples étrangers n'ont pas montré d'augmentation du nombre de toxicomanes ni des trafics.

Déborah Pawlik, déléguée adjointe UMP de la 5e circonscription, dénonce "l'absence de concertation avec les habitants" dans un quartier "où la sécurité est déjà l'objet de nombreux problèmes". Elle remarque que la seule solution d'implantation risque d'être "en bas d'un immeuble", même si le maire du 10e assure qu'il ne s'agira "pas d'un rez-de-chaussée d'un lieu d'habitation".

Après l'injection, "les toxicomanes se retrouveront sur la voie publique, ils ne seront pas gardés dans la salle jusqu'à ce qu'ils +redescendent+", craint aussi Mme Pawlik.

Jean-Claude Aron, président de l'association de quartier Franz-Liszt s'inquiète quant à lui d'une implantation à proximité d'une école ou du lycée Lamartine. Il souhaite plutôt, comme M. Coulogner, "une salle située dans un milieu fermé comme l'enceinte de l'hôpital". "Si ça doit pourrir l'existence des résidents", il promet, tout comme "Vivre gare du Nord", une "forte mobilisation".

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