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Fuite de gaz : opérations de neutralisation et enquête administrative

Des gendarmes et des pompiers dans l'enceinte de l'usine Lubrizol de Rouen le 22 janvier 2013 à Rouen [Charly Triballeau / AFP] Des gendarmes et des pompiers dans l'enceinte de l'usine Lubrizol de Rouen le 22 janvier 2013 à Rouen [Charly Triballeau / AFP]

Les opérations de neutralisation du mercaptan, un gaz nauséabond qui s'échappe depuis lundi d'une usine chimique de Rouen, ont débuté mercredi, peu avant 1H00 du matin, et la ministre de l'Ecologie Delphine Batho a annoncé qu'une enquête administrative sera ouverte sur cette pollution.

Les opérations, qui ont commencé avec trois heures de retard en raison de travaux préparatoires plus importants que prévu, consistent à transférer le contenu du bac d'où s'échappe le mercaptan vers un autre bac contenant une solution sodée.

"Une fois que la cause de cette pollution aura été traitée, il y aura bien sûr une enquête administrative pour en déterminer l'origine et pour établir les responsabilités de l'exploitant", a annoncé mardi soir à l'AFP Mme Batho après s'être rendue sur le site.

"Je pense qu'on aura une évaluation maintenant plus précise et plus nette à la fin de cette nuit, pour savoir si le protocole qui est mis en place fonctionne", a précisé la ministre.

Plus tôt dans la soirée, Mme Batho avait précisé que les opérations de neutralisation pourraient durer plusieurs jours.

Durant les opérations de neutralisation, des restrictions de circulation ont été prises aux abords immédiats de l'usine Lubrizol . L'Etat a fait le choix de réaliser les opérations de nuit pour éviter "une gêne maximale" pour les usagers.

Une réaction chimique survenue vers 8H00 lundi dans cette usine classée Seveso seuil haut (risque majeur) avait déclenché les émanations de mercaptan, un marqueur olfactif de type gaz de ville.

La ministre de l'Ecologie Delphine Batho s'exprime devant la presse le 22 janvier 2013 à l'usine Lubrizol de Rouen [Charly Triballeau / AFP]
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La ministre de l'Ecologie Delphine Batho s'exprime devant la presse le 22 janvier 2013 à l'usine Lubrizol de Rouen
 

Dans la nuit de lundi à mardi, l'odeur, poussée par les vents, a remonté la vallée de la Seine jusqu'à gagner les rues de Paris, où elle était restée perceptible à l'aube. L'affaire a même provoqué les railleries de la presse anglaise dont plusieurs titres ont évoqué la "puanteur française".

L'odeur a en effet traversé la Manche où la police du Sussex (sud de l'Angleterre) a affirmé avoir reçu des appels de résidents se plaignant "d'odeurs de gaz".

"Pas de risque pour la santé"

Dès lundi, les autorités avaient affirmé que les émanations étaient "non toxiques", évoquant un gaz "de concentration très faible".

Mais, mardi, le gouvernement a annoncé que l'exploitation de l'usine avait été "stoppée" dès lundi soir par arrêté préfectoral. Et toujours mardi, le plan particulier d'intervention (PPI), mis en oeuvre quand un incident industriel est susceptible de dépasser le cadre d'une usine, a été déclenché à Rouen.

Pour tenter de mettre fin à la fuite, la direction de l'usine devait recourir mardi à un procédé "rarement mis en oeuvre", selon la directrice de cabinet du préfet de Seine-Maritime, Florence Gouache. "Comme pour tout procédé expérimental, nous voulons nous entourer de toutes les garanties", a-t-elle dit à l'AFP sans autre précision.

La fuite de gaz ne présente "pas de risque pour la santé", a assuré mardi la Direction générale de la Santé (DGS, ministère de la Santé), face à l'inquiétude des populations, qui avaient multiplié les appels vers les hôpitaux et les centres de secours

"Au regard des concentrations présentes dans l’air et des données actuellement disponibles, ce produit ne présente pas de risque pour la santé", dit la DGS qui souligne le caractère "passager" de symptômes ressentis par certaines personnes "plus sensibles".

Europe écologie les Verts (EELV) a dénoncé mardi la présence d'une "usine à risque" au coeur d'une ville. "On ne peut négliger l'extrême fragilité des sites industriels en zone urbaine où un accident peut survenir à tout moment", a affirmé Jean-Michel Bérégovoy, conseiller municipal EELV de Rouen. Il vise directement cette usine située au bord de la Seine, à environ deux kilomètres, à vol d'oiseau, de la cathédrale de Rouen.

Selon la porte-parole de la société Lubrizol, Nathalie Bakaev, l'incident n'a pas provoqué de dégâts matériels et l'usine n'a pas eu à évacuer ses quelque 300 salariés.

Ce nuage devrait se dissiper "naturellement en fonction des conditions météorologiques", selon les pompiers de Paris.

Toutes les sources interrogées par l'AFP ont exclu que le mercaptan puisse avoir un effet négatif sur la santé sauf en cas d'exposition à haute dose. "On est surtout dans la réaction psychologique liée à l'odeur", a déclaré une source au sein des services de secours.

L'usine rouennaise appartient à Berkshire Hathaway, la holding de l'influent homme d'affaires américain Warren Buffett.

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