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Chômage : année noire en 2012

Une personne remplit un imprimé d'inscription à Pôle Emploi [Fred Tanneau / AFP/Archives] Une personne remplit un imprimé d'inscription à Pôle Emploi [Fred Tanneau / AFP/Archives]

L'hécatombe est moindre qu'en 2009 mais 2012 restera une année noire avec 285.000 chômeurs sans activité de plus inscrits à Pôle emploi (+10%), le fragile répit observé en décembre ne marquant pas une inversion de la tendance, pour les experts et le ministère.

Après plusieurs mois de bonds mensuels nettement supérieurs (à trois reprises au-dessus de 40.000 nouveaux inscrits), les chiffres faisant état de 300 inscrits supplémentaires en décembre - 20e mois de hausse - ont été accueillis avec prudence.

"Cette stabilité est appréciable. Pour autant, elle ne marque pas une inversion de la tendance à la hausse observée depuis 2008, et particulièrement marquée depuis un an et demi", a réagi le ministère du Travail.

Alors que les prévisions ne laissent guère espérer d'amélioration dans les mois à venir, et que d'importantes corrections statistiques sont attendues en janvier, "c'est la tendance qu'il faut regarder sur plusieurs mois", insiste le ministère.

Depuis Lille, le président François Hollande a réaffirmé sa volonté d'"inverser la courbe du chômage" d'ici à la fin de l'année.

En marge d'un déplacement au Chili, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a jugé que la bataille pour l'emploi n'était "pas terminée" et n'était "pas encore gagnée".

Sur un an, le nombre de chômeurs sans activité (catégorie A) a augmenté de 10% pour atteindre 3.132.900 personnes, proche du pic historique de janvier 1997 (3.205.000 de chômeurs sans activité). La Franche-Comté est la région la plus frappée en 2012 (+15,6%).

Aussi loin que remontent les statistiques du ministère (1996), 2012 marque la deuxième plus forte augmentation annuelle du nombre de chômeurs après 2009 (+347.000).

En incluant les personnes travaillant à temps réduit (catégories B et C), le nombre de nouveaux inscrits a continué de grimper en décembre (+10.200 personnes, +8,8% sur un an), portant le nouveau record à 4,627 millions (4,9 millions avec l'Outre-mer).

La "stabilisation" en décembre résulte pour partie "d'une progression inexpliquée des sorties pour radiation", observe la présidente du Conseil d'orientation pour l'emploi, Marie-Claire Carrère-Gée.

 

Les radiations en hausse

En l'occurence, Pôle emploi a procédé à 46.700 radiations (9.200 de plus qu'en novembre), la moyenne étant de 41.000 par mois en 2012, selon le ministère.

Nonobstant cet "effet statistique", décembre confirme "un essoufflement de l'utilisation des CDD et intérimaires comme variable d'ajustement", les entreprises "licenciant désormais plus leurs salariés en CDI", analyse Marion Cochard, de l'Observatoire français des conjonctures économiques.

Décembre n'aura notamment pas accordé de répit aux seniors (+1% sur un mois, +17% sur un an), plus souvent en CDI: près de 700.000 étaient au chômage et sans aucune activité en fin d'année.

 
 

Par ailleurs, la relative stabilité "dissimule une poursuite de la hausse du chômage de longue durée", note Mme Carrère-Gée, le nombre d'inscrits depuis plus d'un an atteignant un nouveau record absolu (1,96 million).

Alors que le Fonds monétaire international vient encore d'abaisser sa prévision de croissance à 0,3% pour 2013, aucun économiste ne fait le pari d'une inversion rapide. "2013 sera aussi une année noire" pour Marion Cochard. L'Unédic table sur 185.500 chômeurs sans aucune activité de plus en 2013.

Confronté à une hémorragie d'emplois ininterrompue depuis son arrivée, le gouvernement a mis en place une série d'"outils", emplois d'avenir, contrats de génération.

Quant à l'accord sur l'emploi passé le 11 janvier entre le patronat et trois syndicats, ses effets seront "progressifs mais puissants pour améliorer le fonctionnement du marché du travail", insistait vendredi le ministère.

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