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Comment la RATP se prépare à affronter une crue de la Seine

Une rame de métro aérien circule au dessus de la Seine [Pascal Pavani / AFP/Archives] Une rame de métro aérien circule au dessus de la Seine [Pascal Pavani / AFP/Archives]

Des barques dans les tunnels inondés du métro... Pour éviter le scénario catastrophique de la crue de la Seine en 1910, la RATP s'équipe afin de préserver le réseau et d'empêcher que les millions d'usagers qui empruntent ses lignes chaque jour soient privés de transport.

Mardi matin, des barrières en inox inclinées à 45 degrés étaient érigées petit à petit devant la Maison de la RATP, à Paris. Situé à quelques dizaines de mètres de la Seine, le siège du groupe de transports aurait, en cas de crue, les pieds dans l'eau.

"On pourrait atteindre un mètre quai de la Rapée et 1,50 m rue de Lyon; ça arriverait par les quais, les égoûts..", anticipe Rodolphe Guillois, gérant de la société Examo, spécialiste des risques d'inondations. Il supervisait mardi l'exercice grandeur nature de protection de la Maison de la RATP, un des sites qui seraient protégés en premier en cas de crue car il abriterait une cellule de crise.

Si les inondations sont rares, le souvenir de la crue de 1910 reste dans les mémoires. Le 28 janvier 1910, la Seine a atteint 8,62 m, avec un débit dix fois plus élevé que la normale. "50% du réseau a été inondé", rappelle Patrick Goirand, responsable du plan de protection contre le risque inondation à la RATP.

Entre 2 et 5 milliards de risques financiers

En août 2002, c'est le réseau de Prague qui avait été violemment touché. Les travaux avaient duré de longs mois, privant les habitants de la capitale tchèque de ce moyen de transport. "On imagine mal comment Paris pourrait surmonter ça", alors que dix millions de voyageurs empruntent quotidiennement le réseau de la RATP, commente Patrick Goirand.

Pour éviter ce scénario catastrophe, la RATP s'est dotée de dispositifs permanents (pompes, stations d'épuisement) d'autant plus nécessaires que le matériel électrique (signalisation, balise) s'est considérablement développé, un "équipement sensible, qui ne supporterait pas l'inondation", souligne M. Goirand.

Un tunnel du métro parisien [Joel Saget / AFP/Archives]
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Un tunnel du métro parisien
 

Mais l'entreprise a aussi prévu de considérables quantités de matériels à déployer en cas d'urgence: 273 bétonnières, 271 brouettes, 70.000 parpaings, etc. sont stockés en région parisienne. Des colis siglés "Porte Maillot" ou "Mirosmesnil", contiennent tout le matériel nécessaire pour protéger les sites mentionnés.

Un dispositif qui a un coût: "l'ensemble des stocks que nous avons représente une valeur comptable de 6 millions d'euros", estime Eric Dyèvre, directeur du département gestion des infrastructures. Mais pour la RATP, le calcul est vite fait: en cas de crue, "on estime entre 2 et 5 milliards d'euros les risques financiers pour la RATP".

Si les stations de métro les plus proches de la Seine sont les plus exposées, la RATP estime que 140 km sur les 250 km de réseau sont inondables. Il y a "70 stations qu'il faudrait protéger", explique M. Dyèvre.

Le premier stade d'alerte (sur quatre) est déclenché si la Seine atteint les 6,60 m. Un millier d'agents peuvent être mobilisés pour empêcher l'eau et la boue de s'infiltrer par les bouches d'entrée, les grilles d'aération et tous les interstices imaginables.

Une mobilisation considérable mais M. Dyèvre se veut rassurant, car la Seine monte lentement, explique-t-il: "On estime à 4 jours la vitesse la plus rapide à laquelle on pourrait être confrontés à la montée de l'eau". Le temps de s'organiser.

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