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Du sursis pour l'homme qui espionnait Besancenot

Antoine Di Zazzo à son arrivée au palais de justice de Paris pour son procès, le 29 novembre 2012 [Joel Saget / AFP/Archives] Antoine Di Zazzo à son arrivée au palais de justice de Paris pour son procès, le 29 novembre 2012 [Joel Saget / AFP/Archives]

L'ancien distributeur du Taser en France, Antoine Di Zazzo, directeur de SMP Technologies, accusé d'avoir fait espionner l'ancien porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) Olivier Besancenot entre 2007 et 2008, a été condamné jeudi à 15 mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende.

Il a immédiatement annoncé qu'il ferait appel de cette décision "totalement incompréhensible" du tribunal correctionnel de Paris, qui l'a déclaré coupable de complicité de violation du secret professionnel, d'accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données et de détournement de finalité de données.

"Je n'ai jamais ordonné quoi que ce soit", a-t-il déclaré à la presse à sa sortie de la salle d'audience.

Les motivations du jugement n'étaient pas disponibles jeudi, mais le tribunal a semble-t-il épousé la thèse du procureur, qui avait désigné M. Di Zazzo comme le "commanditaire" des surveillances et filatures dont Olivier Besancenot et sa compagne avaient fait l'objet.

Le tribunal est même allé bien au delà des six mois de prison avec sursis requis à l'encontre de M. Di Zazzo par la représentante du ministère public.

Il s'agissait selon l'accusation de "décrédibiliser un adversaire" en l'attaquant sur son train de vie.

Olivier Besancenot lors d'une manifestation contre les mesures d'austérité en Grèce, le 3 novembre 2011 [Fred Dufour / AFP/Archives]
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Olivier Besancenot lors d'une manifestation contre les mesures d'austérité en Grèce, le 3 novembre 2011
 

Le patron de SMP technologies prêtait au dirigeant trotskiste de rouler dans un opulent 4X4 Porsche Cayenne pour finalement s'apercevoir qu'il ne possédait qu'une modeste Peugeot 106.

M. Di Zazzo était en conflit ouvert avec l'ex-porte-parole du NPA, en raison des déclarations du dirigeant trotskiste remettant en cause le caractère non létal du pistolet à impulsions électriques.

"hiérarchie des responsabilités"

L'ancien candidat à la présidentielle de 2007 avait affirmé, rapport d'Amnesty international à l'appui, que le Taser avait fait des morts aux Etats-Unis.

Des peines allant de deux mois avec sursis à un an avec sursis ont été prononcées à l'encontre des neuf autres prévenus. Détectives, policiers à la retraite ou en activité, dont l'un en détachement dans une banque, agents des douanes ou des impôts, ils étaient poursuivis pour avoir notamment consulté des fichiers confidentiels comme celui des cartes grises, de la police, ou encore un fichier bancaire.

Pour Me Antoine Comte, conseil d'Olivier Besancenot, le tribunal en se prononçant ainsi a respecté "la hiérarchie des responsabilités".

Lors du procès, Antoine Di Zazzo avait accusé le détective Gérard Dussaucy, condamné à un an de prison avec sursis, d'avoir fait du zèle en menant des investigations qu'il ne lui avait pas demandées.

Il avait assuré qu'il avait simplement demandé à l'ancien policier reconverti en agent privé de recherche un relevé cadastral pour obtenir l'adresse d'Olivier Besancenot afin de l'assigner en diffamation. Une procédure que le distributeur du Taser perdra finalement.

Sa version avait été démentie par M. Dussaucy, assurant que les demandes de son client, qui avait fait pression sur lui, étaient allées crescendo.

Son avocat, Me Jean-Pierre Cahen, qui ne devrait pas faire appel, a estimé que ce jugement marque un retour à "un ordre normal des choses", où le patron de SMP Technologies "reprend sa place naturelle de donneur d'ordres".

Le tribunal a alloué à M. Besancenot 7.500 euros de dommages et intérêts, ainsi qu'à sa compagne.

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