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Les huit zones d'ombres de l'Affaire Boulin

L'ancien ministre gaulliste Jean Charbonnel s'adresse aux journalistes pendant une conférence de presse sur l'affaire Boulin, le 1er février 2013 à Paris. L'ancien ministre gaulliste Jean Charbonnel s'adresse aux journalistes pendant une conférence de presse sur l'affaire Boulin, le 1er février 2013 à Paris. [Francois Guillot / AFP]

L'ancien ministre Jean Charbonnel se dit prêt à livrer à la Garde des Sceaux les noms des deux personnes qu'Alexandre Sanguinetti, figure du gaullisme, lui aurait présentées comme étant responsables de la mort de Robert Boulin en 1979.

Après la diffusion sur France 3 d'un documentaire accréditant la thèse du suicide et d'un téléfilm présentant la thèse de l'assassinat, la mort de Robert Boulin, ministre de De Gaulle, Pompidou et Giscard d'Estaing, le 29 octobre 1979, fait toujours débat. Et pour cause.

Le 30 octobre 1979, le corps de Robert Boulin, ministre du Travail et de la Participation, est découvert dans 50 centimètres d’eau dans l’étang du Rompu de la forêt de Rambouillet. C'est un suicide aux barbituriques, conclut la thèse officielle. Pour preuve, des lettres que le ministre aurait lui-même envoyées annonçaient à leurs destinataires son suicide. Le ministre était à l'époque acculé par un scandale immobilier à Ramatuelle.

Si ce n'est que les anomalies ne manquent pas dans cette affaire. Sa famille n'a jamais cru au suicide. Et depuis 1983, elle ne cesse de crier au complot.

 

> La thèse du suicide confirmée avant l'autopsie

Le 30 octobre, jour officiel de la découverte du corps, une dépêche AFP annonce la mort de Robert Boulin par absorption de barbituriques dès 9h45. Médias et magistrats confirment l'information et parlent de suicide. Si ce n'est qu'à ce moment-là, aucun médecin n'a examiné le corps de Robert Boulin et que par la suite on apprendra qu'aucune trace de barbiturique ne sera jamais retrouvée ni sur les lieux, ni dans les analyses.

 

> Des lividités cadavériques incompatibles

En 1983, une seconde autopsie effectuée à la demande de la famille Boulin révèle des lividités cadavériques dans le dos. Un détail scientifique qui infirmerait la thèse officielle de la découverte du corps en position de "prieur musulman", sur le ventre. Dans cette hypothèse, les lividités auraient dû apparaître sur le ventre. Suffisamment pour que les avocats de la piste criminelle estiment que la mort de Robert Boulin n’a pas eu lieu dans l’étang.

 

> Des blessures suspectes

Des photos du cadavre de Robert Boulin, versées au dossier et révélées par Paris-Match en 1983 montrent des "épitaxies", sortes de saignements de nez. Un indice qui peut accréditer la thèse de coups portés antérieurement à la mort. La seconde autopsie révélera d'ailleurs une fracture de la cloison nasale. Idem pour une entaille au poignet dont la première autopsie n'a jamais fait mention. Tant et si bien que les médecins légistes de 1983 concluent que Robert Boulin a subi des "coups appuyés de son vivant".

 

> Une autopsie bâclée ?

Lors de la première autopsie en 1979, de nombreuses impasses ont été relevées. Elles sont pour le moins étonnantes. L’autopsie du crâne n'a pas été pratiquée. Les médecins n'ont pas recherché de fractures éventuelles. Ils ont aussi omis d'analyser les poumons, pourtant déterminants en cas de noyade. Des examens complémentaires pour savoir si des substances avaient été injectées dans le corps du ministre ou si des coups lui avaient été portés n'ont pas été jugés nécessaires.

 

>La famille "non grata"

Ce qui étonne également dans l'affaire Robert Boulin, ce sont les mensonges et les omissions des autorités à l'égard de la famille du ministre. En 1979, son corps a été embaumé à l’institut médico-légal sans que la famille en soit informée. Pour expliquer les tuméfactions visibles sur le visage du ministre, la police aurait expliqué à sa veuve que c’était à cause de l’autopsie du crâne… dont on sait qu'elle n'a jamais été pratiquée. Et que dire des archives du ministre, détruites dans le plus grand secret.

 

> Des scellés qui disparaissent bizarrement

Le sort des scellés entretient à l'évidence les soupçons des tenants de l'assassinat politique. En moins de 15 ans, la plupart ont disparu de façon inexpliquée. Le pharynx, le larynx et la langue du ministre ont disparu du jour au lendemain quelques semaines après le drame. Le scellé contenant le sang de Robert Boulin lui a été volé dans les locaux de l’Institut médico-légal. Les derniers scellés du corps sont alors mis sous clef. Mais quand un juge souhaite procéder à de nouvelles analyses, on constate que des bocaux contenant les organes ont disparus.

 

> Des auditions au compte-goutte

De nombreux proches de Robert Boulin ainsi que des personnes qui l'avaient croisé ce 29 octobre n'ont jamais été auditionnés. C'est le cas de plusieurs de ses collaborateurs qui sont passés à son domicile ce funeste 29 octobre. Tout comme les policiers en faction devant son domicile de Neuilly. Quand un juge se décida à les interroger, la police aurait tenté de cacher leur existence.

 

> L'étrange lettre posthume

La lettre dite posthume reçue par plusieurs destinataires reprend un argumentaire sur l’affaire de Ramatuelle. Mais les partisans de la thèse criminelle font remarquer que la première phrase de la première page : "J’ai décidé de mettre fin à mes jours", est décalée horizontalement et verticalement par rapport au texte. Idem pour les quatre dernières lignes. Pourtant ces deux passages sont les seuls à faire référence à une intention suicidaire. Plus troublant, l’original des lettres dites posthumes est introuvable. Toutes les lettres sont en fait des photocopies.

 

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