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Euthanasie : 250 médecins écrivent à Hollande

Le docteur Nicolas Bonnemaison (1er plan),le 6 qeptembre 2011 à Pau (sud-ouest) [Pierre Andrieu / AFP/Archives] Le docteur Nicolas Bonnemaison (1er plan),le 6 qeptembre 2011 à Pau (sud-ouest) [Pierre Andrieu / AFP/Archives]

Près de 250 médecins ont écrit une lettre ouverte à l'ordre des médecins et au président François Hollande dans laquelle ils réclament la suspension de la radiation visant un urgentiste de Bayonne, Nicolas Bonnemaison, poursuivi pénalement pour sept cas d'euthanasie sur des patients en fin de vie.

"Nous sommes profondément choqués par cette sentence et avons souhaité manifester notre indignation", a indiqué à l'AFP le Dr François Bannier, médecin anesthésiste hospitalier à Bayonne, un des premiers signataires de la lettre ouverte avec le Dr Marie-Pierre Kuhn.

Selon lui, la décision de la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins d'Aquitaine de radier du tableau le Dr Bonnemaison, la plus sévère des cinq sanctions possibles, a "paru rapide et brutale alors même que l'affaire est encore en cours d'instruction et couverte par le secret de l'instruction".

"C'est un praticien qu'on connaît, il a travaillé 22 ans à l'hôpital, toute cette affaire est traitée de la manière la plus hâtive, l'urgence est de le soutenir", a estimé de son côté le Dr Kuhn. "Nous ne sommes pas des militants de l'euthanasie", a-t-elle souligné.

"Par deux fois le Dr Bonnemaison a été jugé coupable, deux fois d'une manière hâtive. Parti en garde à vue au bout de même pas 24 heures sans expertise interne d'ordre médical et là, à nouveau, il y a une sanction extrêmement lourde sans que l'on connaisse le dossier", a-t-elle ajouté.

Le docteur Bonnemaison, a été mis en examen en août 2011 pour "empoisonnement" de quatre malades en fin de vie, dont le décès aurait pu être précipité par l'administration de certaines substances, un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité.

En janvier 2012, les juges lui ont notifié des poursuites pour trois autres cas.

La lettre co-signée par quinze professeurs deux anciens directeurs d'hôpitaux, un sociologue et plus de 200 médecins de métropole et des Dom-Tom sera mise en ligne sur le site de soutien au Dr Bonnemaison (soutien.nbonnemaison.free.fr, a précisé le Dr Kuhn.

Le Dr Bannier dit espérer "que ce jugement soit revu pour une peine plus clémente, voire même la suppression de la radiation" à l'occasion de l'appel formulé par les avocats du Dr Bonnemaison qui sera étudié par la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins, à Paris.

Cette lettre ouverte s'adresse non seulement au président du Conseil de l'Ordre des médecins, Michel Legmann, mais également à François Hollande et aux ministres de la Santé et des Personnes âgées, Marisol Touraine et Michèle Delaunay.

Les co-signataires pointent que "le seul document officiel public depuis le 17 novembre 2011 est le rapport de l'IGAS (Inspection générale des Affaires sociales)" et soulignent que dans le délibéré de la décision rendue "à aucun moment il n'y est fait référence".

"Nous avons trouvé que la justice ordinale avait peu d'éléments pour ordonner un jugement aussi péremptoire", justifie le Dr Bannier, alors que le Dr Bonnemaison et son avocat avaient demandé "un sursis à statuer" en attendant que la justice pénale tranche.

Pour la chambre disciplinaire cependant "les manquements déontologiques relevés" étaient "de nature à justifier une peine" et compte-tenu de leur "gravité" et de leur "caractère répété", ces manquements justifient la radiation.

Le président de la République a promis un projet de loi sur la fin de vie en juin, après la remise le 18 décembre du rapport de la mission du professeur Didier Sicard, préconisant un geste médical "accélérant la survenue de la mort" dans certains cas, mais rejetant l'idée d'inscrire l'euthanasie dans la loi.

Selon une étude récente de Nicolas Brouard, directeur de recherches à l'Institut national d'études démographiques (Ined) il y aurait chaque année en France quelque 3.000 cas d'euthanasie.

L'euthanasie n'est pas légale en France, même si la loi Leonetti sur la fin de vie admet qu'on puisse soulager avec des anti-douleur un malade au stade terminal au point d'en "abréger la vie".

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