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Plainte après le décès d'un bébé dans une maternité

Une maternité française [Didier Pallages / AFP/Archives] Une maternité française [Didier Pallages / AFP/Archives]

Une semaine après le drame de la maternité de Port-Royal, une nouvelle affaire a été révélée vendredi en Isère, où un couple a porté plainte pour homicide involontaire à la suite du décès de leur nouveau-né après un accouchement difficile dans une clinique.

"Pour moi, ils ont voulu étouffer l'histoire car ils sont en tort", a dénoncé dans une interview à l'AFP Alexandre Tkalitch, qui a porté plainte mardi dernier après la mort de son enfant deux jours après l'accouchement de sa compagne de 27 ans, à la clinique privée Saint-Vincent-de-Paul, à Bourgoin-Jallieu.

Le 26 janvier, sa compagne dont la grossesse s'était "très bien passée", selon le père de 29 ans, a été admise à la maternité pour accoucher. "Tout se passait normalement, elle a bénéficié d'une péridurale, puis sur la fin, le médecin m'a demandé de sortir de la pièce", raconte M. Tkalitch, qui avec sa compagne attendaient leur premier enfant.

Le praticien a utilisé les forceps, mais il les auraient "mal positionnés", selon le père. Leur mauvaise utilisation aurait "comprimé le cerveau du bébé et provoqué une hémorragie", selon M. Tkalitch qui dit rapporter les explications fournies par le personnel médical le jour de l'accouchement.

"A la naissance, l'enfant présentait des signes de détresse respiratoire", selon la directrice de la clinique Marie-Laurence Delaget, qui reconnaît que des forceps ont été utilisés en fin d'accouchement. "Nous attendons les conclusions des experts pour comprendre ce qui s'est passé. Nous nous mettons à la disposition de la justice", a ajouté la directrice, interrogée par l'AFP.

Equipe au complet et un seul accouchement dans la nuit

"L'équipe était au complet et n'a eu qu'un seul accouchement dans la nuit", souligne par ailleurs la directrice. Dans l'affaire de Port-Royal, la femme avait perdu son enfant in utero après que la maternité l'avait renvoyée chez elle faute de place, selon le couple.

"Quand ils m'ont rappelé pour couper le cordon, j'ai vu que son crâne était enfoncé à plusieurs endroits et présentait des hématomes notamment au niveau des tempes", poursuit le père du nouveau-né de l'Isère.

L'enfant de 3,7kg, né à 1H30 du matin, a été aussitôt transféré au service de réanimation de l'hôpital mère-enfant de Bron, près de Lyon. Plongé dans un coma artificiel, le nouveau-né subit une transfusion de plaquettes, mais le manque d'oxygène a altéré le fonctionnement de ses reins et il meurt deux jours plus tard après avoir fait deux arrêts cardiaques, raconte M. Tkalitch.

"Le décès n'a pas été signalé par l'hôpital qui l'avait admis, comme le veut pourtant la procédure", s'est étonné le procureur de la République, Cédric Cabut, interrogé par l'AFP. "L'enquête est en cours, nous n'avons pas de commentaires à faire pour l'instant", a répondu l'hôpital à l'AFP.

"Nous avons perdu une semaine, et si les parents n'avaient pas porté plainte nous n'aurions pas été au courant", a vivement regretté le procureur de la République.

Une autopsie du nouveau-né, qui avait déjà été inhumé, a été réalisée dans la journée afin de confirmer les faits.

"Je pensais qu'ils avaient déclaré son décès aux autorités. Je ne me suis même pas posé la question pour moi c'était automatique", a expliqué M. Tkalitch.

"Ce n'était pas à nous de déclarer le décès puisqu'il n'est pas intervenu dans notre établissement", a justifié Mme Delaget, avant de préciser que le couple avait été dirigé vers la Commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux et été reçu à trois reprises par des psychologues.

"On l'attendait, on avait tout préparé, nous en avons gros sur le cœur", ajoute le père qui explique avoir déposé plainte pour ne pas que de "telles erreurs se reproduisent".

"C'est dur aujourd'hui de savoir que le corps de notre enfant a dû être déterré, d'autant plus que par manque d'argent nous avons dû faire une quête auprès de nos proches afin d'éviter l'incinération, que nous ne voulions pas", conclut le père.

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