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La semaine de Philippe Labro : "irremplaçable Bouvard, inimitables Césars"

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste.[THOMAS VOLAIRE / DIRECT 8]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour DirectMatin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

Lundi 18 février

Je termine la lecture du dernier livre de mon ami et confrère Philippe Bouvard. C’est un de ses plus savoureux, parce qu’il y parle de ce qu’il appelle «Le plus beau métier du monde» – et il a raison ! –, à savoir le journalisme.

Philippe en est à son 43e livre, si je compte bien. Il a écrit sur tout, il écrit tout le temps, il possède une facilité d’écriture et une fluidité de ton qui rendent faciles d’accès ses réflexions, anecdotes et aphorismes. Il est tellement à l’aise qu’on a la sensation qu’il a dicté, comme cela, d’un seul trait, le récit de ses débuts et de sa réussite.

Pour être plus jeune que lui dans le métier – mais pas tellement –, ce qui me plaît le plus, ce sont ses premiers pas et cette façon modeste de raconter un chemin fulgurant qui en fera, très vite, l’une des plumes les plus suivies du Figaro de la grande époque. Mais que l’on ne s’imagine pas qu’il s’agit d’un livre pour initiés.

Bouvard est suffisamment conscient, il a suffisamment œuvré à la télé et à la radio pour savoir ce qu’est le grand public. Bouvard s’adresse à tout le monde ; là est sa force. Il est capable d’écrire les plus fines chroniques et, en même temps, de participer aux blagues les plus salaces…

Ses Grosses têtes, sur RTL, touchent ce qu’on appelle les couches les plus populaires du pays. Il a réussi à fabriquer un rendez-vous quotidien qui n’a plus grand-chose à voir avec ses articles de presse des premières années. Il a su faire évoluer l’émission de façon habile. Il y a un invité auquel il pose toutes sortes de questions, après avoir travaillé ses dossiers toute la soirée qui précède.

 Car Philippe est un travailleur acharné. Je pourrais consacrer toute cette chronique à cet homme fidèle en amitié, modeste, riche de bons mots et de formules. Ce livre s’intitule Je crois me souvenir (Flammarion) et traduit bien la nature profonde de Bouvard : sagesse, jugement, richesse d’un personnage unique. 341 pages de bonheur.

 

Mardi 19 février

Si j’en reste à mes lectures de la semaine, je vous recommande, en vrac, le remarquable Yasmina Reza, Heureux les heureux (Flammarion), l’intéressant et courageux témoignage de Jeannette Bougrab, Ma République se meurt (Grasset), et un beau roman de fiction historique de Jérôme Garcin, Bleus horizons (Gallimard), qui m’a fait découvrir un poète inconnu, mort au champ d’honneur de la Grande Guerre de 14-18, Jean de la Ville de Mirmont.

En vérité, s’il fallait signaler tout ce que, chaque semaine, un chroniqueur peut recevoir d’ouvrages de qualité – romans, récits, essais, nouvelles, sans compter les œuvres traduites –, cette page n’y suffirait pas.

 

Vendredi 22 février

Ce soir, c’est la nuit des césars – la grande nuit, celle que l’on suit depuis des années avec passion –, sur Canal+, en direct. Avec son lot de surprises, de mauvaises ou bonnes prestations de celles et ceux qui «remettent» à celles et ceux qui, «nominés», sont honorés.

Avec, aux premiers rangs, les visages d’acteurs et d’actrices, dont on peut lire, derrière le sourire de façade, la légère anxiété – ce sera pour moi, pour lui ou pour elle ? –, mais qui affichent la même satisfaction d’appartenir à la grande famille du cinéma. Cette formule est un cliché. Il suffit de se souvenir des jets de venin et de haine qui furent envoyés à propos de Depardieu.

A travers une lettre, peu honorable, d’un comédien, on pouvait comprendre que cet univers n’est pas dépourvu de jalousie et de petites horreurs… C’est cela le monde du spectacle, mais lorsqu’on oublie les faiblesses des uns et des autres, il reste cette merveille : voir, sur un grand écran, dans une salle obscure, entouré d’inconnus, le travail des équipes, depuis la technique jusqu’à l’interprétation, voir un film – cet objet magique et mystérieux qui fait rêver, rire, pleurer…

Pour moi, les césars, leur vertu, leur triomphe, c’est cela : la célébration d’un art qui est aussi une industrie, comme le disait Malraux.

 

Retrouvez tous les éditoriaux de Philippe Labro sur Directmatin.fr

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