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A 300 ans, le temple français du cheval est dirigé par une femme

Sophie Lemaire, directrice du Haras du Pin, dans l'Orne, le 4 mars 2013 [Charly Triballeau / AFP] Sophie Lemaire, directrice du Haras du Pin, dans l'Orne, le 4 mars 2013 [Charly Triballeau / AFP]

Louis XIV serait peut-être surpris mais sûrement charmé: son Haras du Pin, le plus prestigieux élevage français de chevaux, est pour la première fois dirigé par une femme, chargée de mener à bien la réforme de cette institution tricentenaire.

Mais Sophie Lemaire, qui a pris en janvier les rênes du célèbre haras normand, trouve la chose assez naturelle: une bonne moitié de la vingtaine de haras nationaux français sont déjà dirigés par des femmes. "Ce n'est plus tant que ça un métier d'homme", sourit la jeune femme de 38 ans, qui reçoit dans les bâtiments construits au début du XVIIIe siècle à l'initiative du Roi soleil afin d'assurer l'approvisionnement des armées en chevaux.

Avec environ 80 salariés et plus de 100.000 visiteurs par an, le Haras du Pin est le plus grand de France par sa superficie de 1.100 hectares. "Tous les haras nationaux ont leur charme, mais le Pin est emblématique", relève sa nouvelle directrice.

Déambulant dans les écuries, Sophie Lemaire flatte l'encolure d'un énorme percheron, l'une des races qui font la renommée du Pin. "C'est une vraie star", dit-elle de cet étalon utilisé pour la propagation de la race.

Sophie Lemaire, directrice du Haras du Pin, le plus prestigieux élevage français de chevaux dans l'Orne, le 4 mars 2013 [Charly Triballeau / AFP]
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Sophie Lemaire, directrice du Haras du Pin, le plus prestigieux élevage français de chevaux dans l'Orne, le 4 mars 2013
 

Nommée par le directeur général de l'Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE), Sophie Lemaire a la chance de travailler pour sa passion: "Je suis née sous les pattes d'un cheval", dit celle qui a commencé le poney à l'âge de sept ans, avant de disputer à 15 ans des championnats d'Europe junior "sur un cheval né à la maison".

Un peu trop traditionalistes?

Sophie Lemaire est la fille du colonel François de Beauregard, ancien "écuyer en chef" (directeur) du Cadre noir de Saumur et héritier d'une lignée d'officiers. Mais c'est sa mère qui l'a initiée très tôt à l'élevage des chevaux. "Maman emmenait la jument à la saillie et puis élevait le poulain", se souvient-elle.

Etudiante en agronomie, Sophie doit se résoudre à arrêter l'équitation mais parvient à reprendre l'entraînement entre les naissances de ses trois enfants. Diplôme d'ingénieur en poche, elle entre en 2001 aux haras nationaux, où elle s'occupe successivement de la Médiathèque du cheval, de l'édition et des relations internationales.

D'accès facile, cette brune aux yeux verts et cheveux mi-longs se veut l'antithèse du directeur à l'ancienne, personnage "inaccessible qui faisait trembler". Le haras avait historiquement "une hiérarchie très bien établie", rappelle-t-elle. "On était peut-être un peu trop traditionalistes. Une évolution était nécessaire".

"Je continue à tutoyer et à faire la bise, ça choque les plus anciens", confie Mme Lemaire.

Sophie Lemaire, directrice du Haras du Pin, dans l'Orne, le 4 mars 2013 [Charly Triballeau / AFP]
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Sophie Lemaire, directrice du Haras du Pin, dans l'Orne, le 4 mars 2013
 

L'évolution, les pouvoirs publics s'en sont chargés en créant en 2010 l'IFCE, qui regroupe les haras nationaux en un seul organisme chargé de l'élevage des chevaux et de l'équitation. Et d'ici la fin de l'année, les haras vont devoir transférer au secteur privé leur rôle historique de reproduction, l'Etat ne considérant plus qu'il ait pour mission de fournir des étalons à moindre coût.

"On arrête la repro", résume Mme Lemaire, qui reconnaît que la fin de ce métier de base est "dramatique pour les anciens". Le Haras va lancer dans les semaines qui viennent un appel à candidatures, avec l'espoir qu'un investisseur privé choisisse de poursuivre sur place l'activité existante.

"Le plus gros défi, ça va être de repartir avec de nouvelles missions", confie la directrice du haras. Parmi celles-ci, l'établissement va poursuivre sa mission de formation aux techniques de reproduction des chevaux, ses activités artisanales (sellerie, maréchalerie...) ainsi que son ouverture au tourisme. Outre les écuries et le château où loge la directrice, le Pin dispose d'un musée et d'une collection de voitures hippomobiles.

Côté sport, le haras doit accueillir l'an prochain deux épreuves des Jeux équestres mondiaux, les "JO du cheval", qui seront organisés principalement à Caen. "Une très belle opportunité de montrer le Pin", selon sa directrice.

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