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Les hommes illustres se bousculent aux portillons pour entrer au Panthéon

Le Panthéon. [LOIC VENANCE / AFP]

La gauche est traditionnellement plus prompte à faire entrer au Panthéon les hommes illustres. Et le quinquennat de François Hollande pourrait bien être prolifique en la matière. Depuis quelques semaines, des personnalités plaident la cause de plusieurs grands hommes.

Avec la mort de Stéphane Hessel le 27 février dernier, la liste des candidats à un transfert au Panthéon s'est allongée. Car sitôt sa disparition annoncée, une pétition publiée sur le site Libération réclamait son entrée.

L'initiative réunissait vendredi après-midi 12.672 paraphes dont celui d'Eva Joly, du député PS Pouria Amirshahi ou encore de l'ex-député UMP Etienne Pinte. "Le message de Stéphane Hessel, cet appel à l’indignation, ce refus de toutes les formes d’injustices doit désormais faire partie de notre héritage commun" indiquent les signataires qui ont également reçu le soutien tacite de Jean-Luc Mélenchon qui ne s'est pas dit "contre".

 

Plus de femmes ?

A Stéphane Hessel, il faut ajouter, Olympe de Gouges, femme de lettres et grande figure de la Révolution française. Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris, a proposé de transférer son corps au Panthéon le 8 mars, lors de la journée de la femme. Olympe de Gouges est considérée comme une pionnière du féminisme et est l'auteure de "la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne".

Sa "candidature" pourrait bien recevoir un écho favorable au regard des dernières déclarations de François Hollande : "Nous devons mieux reconnaître la place des femmes dans l'histoire de la République, dans l'histoire même. […] Alors, j'attends des propositions - il y en a - pour prendre, le moment venu, des décisions pour accueillir des femmes au Panthéon".

 

Autre femme souvent citées par des hommes politiques, l'anarchiste Louise Michel. Jack Lang n'héistait pas pas à vanter ce vendredi sa "très haute qualité intellectuelle". Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux Personnes handicapées, elle pense "à Lucie Aubrac ou à Simone de Beauvoir". Najat Vallaud-Belkacem plaide pour sa part les causes de l'écrivain Colette ou Geneviève de Gaulle, nièce du général de Gaulle et militante des Droits de l'Homme. 

 

Mendès-France et Diderot

Fin octobre, à l'occasion du trentième anniversaire de la mort de Pierre Mendès-France, c'est Harlem Désir, le premier secrétaire du Parti socialiste, qui avait présenté son "candidat" : "Je soutiens, au nom du Parti socialiste, l'entrée au Panthéon de Pierre Mendès France […] Il appartiendra au Président de prendre cette décision, mais je crois qu'elle donnerait du sens, de l'éthique, des valeurs, dans la profonde crise économique et civique que traverse notre pays. Ce serait le symbole fort d'une gauche qui à la fois dit la vérité et réforme la société".

Quelques jours plus tôt, c'est Jacques Attali, l'ancien mentor de François Hollande qui y allait de son souhait de panthéonisation. Sur Europe 1, il confiait son intention de convaincre François Hollande de transférer les cendres de Denis Diderot : "Il y a toute sa place, l'année prochaine c'est le tricentenaire de sa naissance." Le biographe du philosophe a semble-t-il été entendu. Selon Marianne, le chef de l’Etat s’est engagé auprès de lui courant décembre à transférer ses cendres actuellement à l’église Saint-Roch.

 

Des dossiers en souffrance

D'autres dossiers sont en souffrance depuis quelques années. Comme celui de La Fayette qui repose  au cimetière de Picpus à Paris. En 1989, à l'occasion du Bicentenaire de la révolution, une pétition avait recueilli des milliers de signatures pour son transfert. Mais une polémique sur ses choix en 1792 et 1830 (la fuite à l'étranger et l'adoubement de Louis-Philippe d'Orléans) ont joué contre lui. Toujours est-il qu'il compte de nombreux partisans.

Il y a aussi le cas de Descartes. Sa place est réservée depuis… le 17 octobre 1793. La Convention avait pris ce jour-là un décret de transfert de ses restes au Panthéon, mais celui-ci ne fut jamais exécuté. Le dossier a été relancé en 2010 quand trois députés avaient demandé le transfert de son crâne actuellement au Musée de l'Homme. Le dossier est aujourd'hui au point mort à cause notamment d'un projet à la Flèche.

 

Chacun son grand homme

Les dossiers plus ou moins baroques pullulent. Ici et là, des associations militent pour panthéoniser d'autres grands hommes. A l'instar de l'Association "Je me souviens de Ceux de 14" qui pour honorer la mémoire de toute cette génération, émet le vœu que les cendres de l'écrivain Maurice Genevoix soient transférées le 11 novembre 2014 du cimetière de Passy au Panthéon.

En 2007 et 2010, le marchand d'art Guy Wildenstein faisait campagne lui pour l'entrée de Monet, notant au passage qu'un "seul peintre y repose, Joseph-Marie Vien, je ne voudrais pas faire injure à son talent, mais enfin… Monet est l’artiste majeur, qui a influencé toute une génération".

 

Ceux qui n'iront probablement jamais

A l'inverse, certaines personnalités disparues, unanimement reconnues par la nation, ne devraient pas y entrer de sitôt. De Gaulle, de son vivant, refusa dans son testament par avance toute promotion ou décoration posthumes, et condamna tout changement de sépulture comme violation de ses dernières volontés.

Après la mort de Pasteur, le gouvernement français lui réservait le Panthéon. La famille obtint l’autorisation qu’il soit inhumé dans son Institut.  

Car faire entrer une personnalité au Panthéon, ce n'est pas si simple. C'est le Président de la République seul qui peut en décider. Et la patrie n'est reconnaissante que vis-à-vis des hommes illustres de nationalité française à condition que la famille donne son accord. En 2009, Nicolas Sarkozy envisageait de faire transférer les restes d'Albert Camus. Son fils, Jean Camus, a refusé, évoquant "un contresens" et une "récupération" de l'ex-président. Charles Péguy fut aussi évoqué.

 

Une plaque au Panthéon à défaut

Mais à défaut d'être transférées, toutes les personnalités qui peuplent l'Histoire de France et de la République peuvent espérer recevoir un hommage… en disposant d'une plaque dans la nécropole parisienne. Entre 2.000 et 3.000 personnalités ont leur nom gravé au Panthéon. Le dernier à avoir été célébré est le poète martiniquais Aimé Césaire.

Sous la Ve République, 10 personnes sont entrées au Panthéon, portant à 71 le nombre d'hommes illustres effectivement présents. Charles De Gaulle fit entrer Jean Moulin en 1964 et Valery Giscard d'Estaing ne distingua personne. François Mitterrand consacra six personnalités dont Jean Monnet et Condorcet. Jacques Chirac enfin "panthéonisa " quatre personnes dont Pierre et Marie Curie, ainsi qu'Alexandre Dumas, le dernier à être entré au Panthéon, en 2002.

 

 

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