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Carine Girac-Marinier : "Définir, un travail d’orfèvre"

La nouvelle édition du Petit Larousse est attendue pour juin La nouvelle édition du Petit Larousse est attendue pour juin[Larousse]

Les mots sont à l’honneur alors qu’est célébrée ce 20 mars la Journée internationale de la Francophonie. Une langue chère à Carine Girac-Marinier, directrice du département Dictionnaires et Encyclopédies chez Larousse. La maison d’édition prépare son Petit Larousse illustré 2014, dont la sortie est prévue en juin. Le fruit d’un travail de plus d'un an. 

 

Combien de temps demande la conception d’un dictionnaire ?

Environ un an, car à chaque édition nous rajoutons 150 nouveaux mots, sens ou expressions. On s’oblige à rester complet mais compact, donc à ne pas dépasser les 150 nouveaux mots. Pour les repérer, dès mars, nous observons les médias, véritable sismographe de la langue. Le but est d’établir, avec nos lexicographes, nos encyclopédistes et des consultants extérieurs,  une liste de 800 mots entre mai et juin.

Quels sont les critères ?

D’abord la quantité. Ca ne peut pas être un mot utilisé une fois par une personne, mais revenu des milliers de fois. Il doit aussi ne pas être trop technique, utilisé uniquement par les médecins ou les spécialistes. Mais s’il est partagé par un grand nombre, c’est bon. Par exemple, ces dernières années, la «dette souveraine» a été beaucoup utilisée, passant de la sphère économique au grand public. Donc elle est entrée. Et puis il y a l’aspect moral : on ne prend pas les insultes. 

A contrario, certains mots disparaissent-ils ?

Pas à chaque édition. Tous les dix ans environ, nous revoyons toute la nomenclature. Et à ce moment-là, certains partent. Ca a été le cas de «minitéliser », qui n’est plus du tout utilisé. Mais «minitel», lui, est resté. Quant aux définitions, elles sont aussi très rarement revues, car elles ont pour but d’être pérennes. Mais on les enrichies en leur apportant de nouveaux sens. Comme pour «ami» l’an dernier, dans le sens d’ «ami» sur Facebook.  

Vient ensuite votre sélection...

Oui, car il faut passer de 800 à 150 mots. Nous procédons donc à des votes à main levée pour chaque mot, afin d’obtenir notre sélection pour l’été.

Reste les définitions.Une tâche difficile ?

Un travail d’orfèvre...Il faut trouver le sens le plus précis, le moins compliqué, et le plus court. Une définition est écrite, puis amendée encore et encore. Au total, il nous faut trois mois pour les 150, avant de passer à la maquette et aux vérifications finales. 

Et concernant les noms propres ?

Ils fonctionnent selon le même système, à raison d’une soixantaine de nouveaux chaque année. Ils ne peuvent pas être le fruit d’une mode, et leur action doit être visible dans le temps. Lionel Messi et Jean Dujardin sont notamment arrivés l’an dernier.

Les prévenez-vous avant de les intégrer ?

On les prévient une fois que l’ouvrage est prêt, car pour nous c’est important de le faire de manière objective. Mais jamais personne ne s’en est plaint.  

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