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Le rejet des musulmans progresse fortement

Graffiti sur un mur de la mosquée de Saint-Etienne, le 8 février 2010 [Philippe Merle / AFP/Archives] Graffiti sur un mur de la mosquée de Saint-Etienne, le 8 février 2010 [Philippe Merle / AFP/Archives]

Le sentiment anti musulman progresse fortement en France et la hausse des "indicateurs de racisme" est "préoccupante", s'alarme jeudi la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) dans son rapport annuel sur le "Racisme, l'antisémitisme et la xénophobie en France"

"Pour la troisième année consécutive", la CNCDH constate que "les indicateurs de racisme sont en hausse, que l'intolérance augmente. Le phénomène s'ancre dans la durée, et cette évolution est particulièrement préoccupante", écrit la commission, en se basant sur un sondage CSA réalisé fin 2012 auprès de 1.029 personnes.

Le rapport souligne une "augmentation toujours plus marquée de la méfiance à l'égard des musulmans" et "un rejet croissant des étrangers, perçus de plus en plus comme des parasites, voire comme une menace".

55% des personnes interrogées estiment en effet que les musulmans forment un groupe à part dans la société (+4 points par rapport à 2011 et +11 points par rapport à 2009) et 69% des personnes déclarent qu'"il y a trop d'immigrés aujourd'hui en France", soit +10 points par rapport à 2011 et +22 points par rapport à 2009.

"Il y a une mauvaise perception de la religion musulmane qui menacerait un modèle social en difficulté et la laïcité comme élément de l'identité française", analyse Emmanuel Rivière, directeur d'opinion de TNS Sofres qui a réalisé une enquête approfondie auprès de 38 personnes pour ce rapport.

Dans "un contexte de hausse du chômage et de fermeture d'usines", la commission souligne "une dangereuse banalisation des propos racistes".

Et selon elle, "Internet contribue grandement à cette banalisation". Mais, précise la Commission, "elle s'alimente également de l'instrumentalisation dans le discours politique de certaines thématiques (immigration, religion-laïcité), ainsi que de certains dérapages et des polémiques qui ont suivi".

Cette poussée de l'intolérance se manifeste par "une forte augmentation"(+23%) en 2012 "des actes et menaces à caractère raciste et antisémite", rappelle la commission.

1.539 actes et menaces ont été dénombrés par les services de police et de gendarmerie l'an passé. Mais la CNCDH distingue "le racisme", en "relative stabilité" (+2%) du "racisme anti musulman" (+30%) et de "l'antisémitisme" (+58%).

"Cette vraisemblable hausse des actes antisémites restera à confirmer en 2013", a souligné lors d'une conférence de presse Christine Lazerges, présidente de la CNCDH, faisant état d'"indicateurs insatisfaisants".

S'agissant de l'antisémitisme et du racisme anti musulman, la CNCDH constate néanmoins "l'existence de pics" entre mars et avril, dans la foulée de l'affaire Merah.

"Face à une situation économique et sociale extrêmement tendue, ce sont bien les noirs, les arabes, les juifs, les femmes, et les homosexuels, qui deviennent les premières victimes de la conjoncture", a réagi SOS Racisme dans un communiqué.

Dans ses propositions, la commission appelle les pouvoirs publics "à trouver les moyens pour lutter contre les préjugés", et ce, "dès la crèche et l'école maternelle".

La CNCDH est une institution nationale indépendante de promotion et de protection des droits de l'homme qui assure un rôle de conseil et de proposition auprès du gouvernement. Elle rend chaque année son rapport à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre le racisme, le 21 mars.

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