En direct
A suivre

Bébés congelés de l'Ain : la mère avoue les avoir noyés

Un gendarme devant le domicile où deux nouveau-nés ont été retrouvés morts, à Ambérieu-en-Bugey, le 26 mars 2013 [Jeff Pachoud / AFP] Un gendarme devant le domicile où deux nouveau-nés ont été retrouvés morts, à Ambérieu-en-Bugey, le 26 mars 2013 [Jeff Pachoud / AFP]

Après la découverte dimanche de deux nouveau-nés dans le congélateur d'une maison dans l'Ain, la mère, déjà condamnée à quinze ans de réclusion pour l'assassinat d'un premier nourrisson en 2002, a avoué les avoir noyés.

"La mise en cause, Madame C., a déclaré avoir tué ses deux bébés, qu'elle déclare être nés vivants", a expliqué mardi le procureur de la République de Bourg-en-Bresse, Denis Mondon, lors d'une conférence de presse. Le seul aspect des corps ne permettait pas de dire s'il s'agissait de foetus non viables ou de nouveau-nés.

La jeune femme, serveuse de 32 ans et mère d'un enfant d'une douzaine d'années, a assuré aux enquêteurs qu'"elle aimait ses deux enfants, mais on ne sait rien sur ses motifs", a ajouté le procureur, perplexe face à cette "récidive de crime à crime", exceptionnelle selon lui.

Lors de son audition, elle est apparue comme une "femme très abattue, qui parlait beaucoup", a précisé le procureur, qui a mis en garde l'administration pénitentiaire contre un risque de suicide.

La femme a été présentée au juge d'instruction pour des faits de meurtres avec circonstances aggravantes. Parmi elles, le parquet a retenu le fait qu'elle avait été condamnée à quinze ans de prison, en avril 2005 aux assises de l'Ain, pour l'assassinat d'un précédent nouveau-né. Elle était restée derrière les barreaux de juillet 2002 à décembre 2010.

Tombée enceinte peu après sa libération

Elle était tombée enceinte dès le début de 2011, selon ses déclarations. "Le premier décès se situerait à l'automne 2011 et le second à l'automne 2012", a précisé M. Mondon. Les autopsies des deux petits garçons devraient permettre de déterminer s'ils étaient nés vivants et s'ils sont morts par noyade.

Une vue du quartier où deux nouveau-nés ont été retrouvés morts, à Ambérieu-en-Bugey, le 26 mars 2013 [Jeff Pachoud / AFP]
Photo
ci-dessus
Une vue du quartier où deux nouveau-nés ont été retrouvés morts, à Ambérieu-en-Bugey, le 26 mars 2013
 

Avant cela, le 28 mars 2002, la jeune femme avait accouché clandestinement. Elle avait demandé à sa mère de placer le corps dans un sac, abandonné dans une maison en ruines. La mère avait été condamnée à 18 ans de prison.

Refusant d'évoquer le sort du fils de la mise en cause, le procureur a justifié le fait que la jeune femme, qui justifiait d'un emploi et d'une obligation de soins, ait bénéficié d'une libération anticipée.

"Madame C. a purgé toute sa peine. Elle est restée détenue huit ans, quatre mois et neuf jours. Et la cour d'assises disait dans son jugement qu'elle pouvait avoir un aménagement de peine après sept ans et six mois", a-t-il ajouté.

Elle risque désormais la perpétuité.

Tout est parti de la découverte, dimanche, par l'ami de la jeune femme, d'un des deux corps dans le congélateur de l'appartement où elle résidait. Ce dernier a appelé les gendarmes, qui ont trouvé un deuxième corps congelé. Cet homme, qui ne vivait pas avec la mère, "serait le père des deux enfants", mais n'avait pas remarqué les grossesses, a précisé M. Mondon.

La mère, en garde à vue depuis dimanche, a été conduite mardi matin par les enquêteurs dans son appartement aux volets mi-clos.

 
 

L'affaire de bébés congelés la plus médiatisée avait eu lieu en 2006, quand Jean-Louis Courjault avait découvert les corps de deux nouveau-nés dans son congélateur à Séoul. Sa femme, Véronique, écrouée le 12 octobre suivant à Tours, avouait un autre infanticide, en 1999 en Charente-Maritime. Elle a été condamnée à huit ans d'emprisonnement en juin 2009 et libérée en mai 2010.

Cette affaire avait mis en lumière la question du "déni de grossesse".

Me Cécile Berton, qui avait été l'avocate de la jeune femme de l'Ain lors du premier procès, a indiqué mardi à l'AFP qu'elle avait elle-même plaidé à l'époque le déni de grossesse. "Mais on était avant l'affaire Courjault. Et un expert psychiatre m'avait expliqué qu'on ne pouvait pas invoquer le déni de grossesse pour une femme qui avait déjà eu un enfant", a-t-elle déclaré.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités