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Prix du lait : table ronde entre grande distribution et industriels

Des vaches dans un pré à Sainte-Colombe-en-Bruilhois dans le sud ouest de la France [Jean-Pierre Muller / AFP/Archives] Des vaches dans un pré à Sainte-Colombe-en-Bruilhois dans le sud ouest de la France [Jean-Pierre Muller / AFP/Archives]

Le gouvernement tentera tant bien que mal lundi de mettre d'accord les industriels et la grande distribution afin d'obtenir une revalorisation des prix du lait pour soutenir les éleveurs, lors d'une table ronde au ministère de l'Agriculture.

Les éleveurs demandent depuis des semaines une revalorisation du litre de lait de 2 à 3 centimes afin d'absorber la hausse de leurs coûts de production: la flambée des prix des céréales a renchéri le coût de l'alimentation animale et réduit leurs marges déjà faibles.

Le gouvernement met donc toute la filière autour d'une même table pour trouver des solutions.

En parallèle, il a engagé la modification de la Loi de modernisation de l'économie (LME), qui encadre les relations commerciales entre les producteurs, industriels et distributeurs, afin de mieux prendre en compte les évolutions de coûts de production. Mais le projet de loi ne sera présenté qu'en juin.

La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), qui ne peut pas attendre cette échéance, veut "des solutions concrètes et rapides au désarroi des éleveurs laitiers".

Mais sur le sujet, transformateurs et distributeurs ne cessent de se renvoyer la balle.

"Il n'y a aucune possibilité de discuter avec la distribution française", estime la Fédération nationale des industries laitières (Fnil). "C'est Michel-Edouard Leclerc qui octroie ou n'octroie pas les hausses, selon son bon vouloir", dénonce son président Olivier Picot

Une femme devant le rayon lait dans une grande surface le 21 février 2012 au Mans [Jean-Francois Monier / AFP/Archives]
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Une femme devant le rayon lait dans une grande surface le 21 février 2012 au Mans
 

Climat houleux

Les relations avec les distributeurs "se dégradent" et "le risque avéré est l'arrêt des activités de production et de transformation laitière", renchérit de son côté la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL).

Le groupe coopératif Sodiaal a annoncé en octobre envisager fermer trois de ses sites de conditionnement de lait Candia et supprimer 313 emplois. En tout 1.000 emplois sont menacés dans le secteur, estime la Fnil qui cite notamment les entreprises Novandie (groupe Andros) ou Terra Lacta.

Face à ces accusations, la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) botte en touche estimant que "les industries agroalimentaires doivent être transparentes sur la réalité de leurs marges nettes en France comme les enseignes de la distribution l'ont fait".

Un camion à l'usine Candia le 9 novembre 2012 à Le Lude [Jean-Francois Monier / AFP/Archives]
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Un camion à l'usine Candia le 9 novembre 2012 à Le Lude
 

Michel-Edouard Leclerc continue, lui, de se défendre tout seul sur son blog. "Vous dénoncez +l'oligarchie des distributeurs+ et la toute-puissance de cinq ou six opérateurs", répond-il à la Fnil. Mais pour lui, "ce n'est qu'une manière d'occulter le fait que votre syndicat s'accommode de +l'oligopole+ et de la +toute-puissance+ que représentent les trois opérateurs laitiers qui se répartissent aujourd'hui environ 90% du marché du lait de consommation français".

Et il rappelle que son enseigne a déjà formulé une proposition de hausse du prix du lait à trois conditions: "qu'elle s'applique à tous les distributeurs", "qu'elle soit garantie par les pouvoirs publics" et "surtout qu'elle bénéficie directement aux producteurs de lait".

"Serait-ce cette dernière condition qui vous embarrasse ?", demande Michel-Edouard Leclerc aux industriels du lait.

Dans ce climat houleux, Serge Papin, patron de Système U, propose lui de s'inspirer du commerce équitable et d'augmenter les prix du lait de 3 centimes/litre "pendant six mois", "le temps de trouver quelque chose de plus pérenne", a-t-il expliqué à l'AFP.

"Ce serait un accord volontaire pour éviter de tomber sous le coup de l'entente" et "il ne s'agit pas de rouvrir les négociations", même si les industriels "manoeuvrent pour ça" mais de "réduire les difficultés actuelles" des producteurs de lait.

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