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Mariage pour tous... les dictionnaires ou presque

Des opposants au mariage pour tous, le 2 février 2013 à Strasbourg, dans l'est de la France [Frederick Florin / AFP/Archives] Des opposants au mariage pour tous, le 2 février 2013 à Strasbourg, dans l'est de la France [Frederick Florin / AFP/Archives]

N'en déplaise aux opposants au mariage pour tous qui se réfugient derrière "la définition du dictionnaire" pour réfuter l'extension de ce terme aux personnes de même sexe, les pros du dico ont déjà pour la plupart entériné cette évolution de la société.

"Nous avons modifié dans le Petit Larousse 2014 (publié en juin 2013) la définition du mot +mariage+ en tenant compte du projet de loi en cours d'examen", indique à l'AFP Carine Girac-Marinier, directrice des Dictionnaires et Encyclopédies chez Larousse.

Auparavant, "mariage" y était défini comme un "acte solennel par lequel un homme et une femme établissent entre eux une union dont les conditions, les effets et la dissolution sont régis par les dispositions juridiques en vigueur dans leur pays..."

La définition 2014 précisera: "acte solennel par lequel deux personnes de sexe différent, ou de même sexe, établissent entre eux une union...", précise-t-elle.

Depuis 2009, Le Petit Larousse avait ajouté une sous-entrée "mariage homosexuel", la notion étant déjà débattue même si cette union n'existait pas dans la loi française.

La définition de "mariage" est d'ores et déjà actualisée dans le Larousse en ligne: "acte solennel par lequel un homme et une femme (ou, dans certains pays, deux personnes de même sexe) établissent entre eux une union..."

"Nous nous devons d'être réactif", ajoute Mme Girac-Marinier. Dans un autre domaine, le pape François a ainsi été intégré in extremis dans l'édition 2014.

Le temps des immortels

Manifestation des opposants au mariage pour tous, du groupe Civitas, à Paris, le 6 avril 2013 [Pierre Andrieu / AFP]
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Manifestation des opposants au mariage pour tous, du groupe Civitas, à Paris, le 6 avril 2013

Son grand rival, Le Petit Robert, ne définit plus depuis une dizaine d'années le mariage comme l'union "d'un homme et d'une femme."

"Mariage", dans Le Petit Robert 2013 est défini comme une "union légitime de deux personnes dans les conditions prévues par la loi".

"Notre définition est déjà ouverte et universelle, c'est pourquoi nous ne la changeons pas dans l'édition 2014 (publiée en juin 2013). De plus, la loi n'est pas encore votée. Quand elle le sera, la définition évoluera", assure-t-on aux Dictionnaires Le Robert.

Le temps des immortels est différent: une redéfinition du mot "mariage" dans le Dictionnaire de l'Académie française, garant du bon usage de la langue depuis plus de trois siècles, "est impossible puisque le 3e tome de la dernière édition (allant de Maquereau à Quotité) a été publié en novembre 2011", précise à l'AFP Mathieu Pasqualini directeur de cabinet du secrétaire perpétuel.

"La philosophie du dictionnaire de l'Académie est d'enregistrer l'usage établi d'un mot, pas de précéder cet usage. Les académiciens se donnent le temps de la réflexion. Et, de toutes façons, son rythme de parution ne permet pas de modification", explique-t-il.

"Le sens des mots n'est évidemment pas figé. Si l'usage évolue dans la pratique et le langage, la définition de +mariage+ pourra être revue dans la prochaine édition... dans une quinzaine d'années", relève M. Pasqualini.

Aujourd'hui, l'Académie définit le mariage comme "l'union légitime d'un homme et d'une femme formée par l'échange des consentements que recueille publiquement le représentant de l'autorité civile".

"Des universitaires s'interrogent pour savoir si le législateur a le droit de modifier le sens des mots... Mais l'Académie ne juge pas sur le fond, elles consacre un usage", souligne-t-il.

Des opposants au mariage pour tous et à l'adoption homoparentale, le 4 avril 2013 à Paris [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]
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Des opposants au mariage pour tous et à l'adoption homoparentale, le 4 avril 2013 à Paris

Le dictionnaire en ligne de l'Académie ne permet pas non plus de modifier les définitions déjà entérinées dans l'édition papier. "Dans l'avenir, cela pourrait changer. Peut-on se permettre d'attendre 10 à 15 ans pour modifier notre dictionnaire ? Sans devenir annuel, il faudrait trouver un moyen terme", note M. Pasqualini.

La rédaction de la 9e édition de ce monument de la langue française avait commencé dans les années 80 sous l'égide de Maurice Druon, avec une publication du premier tome en 1992.

Quant à la première édition du dictionnaire, elle date de 1694, soixante ans après la fondation de l'Académie.

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