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Métiers de la petite enfance : un vivier d'emplois encore peu exploité

Une femme amène son enfant à une crèche itinérante, à Lovagny, en Haute-Savoie [Philippe Desmazes / AFP/Archives] Une femme amène son enfant à une crèche itinérante, à Lovagny, en Haute-Savoie [Philippe Desmazes / AFP/Archives]

Les métiers de la petite enfance ont de beaux jours devant eux. Ils connaissent aujourd'hui une pénurie importante, au point que des entreprises de crèches ouvrent leur propre centre de formation afin de disposer d'un vivier de recrutement.

Sous l'effet conjugué des départs massifs en retraite de la génération du baby-boom et d'un taux de natalité toujours élevé en France, les besoins en personnel qualifié pour s'occuper des enfants de moins de trois ans s'accroissent.

D'autant que le secteur attend que le gouvernement, comme il l'a promis, revienne sur le décret dit "Morano" de 2010, qui augmentait la proportion de personnels moins qualifiés au sein des crèches.

Les auxiliaires de puériculture font partie des dix métiers les plus recherchés, souligne l'enquête "besoins en main d'oeuvre" de Pôle emploi pour 2013, publiée mardi.

Les plans "métiers de la petite enfance" se sont pourtant succédé. Mais "il n'existe pas aujourd'hui un parcours de formation fluide pour la filière", reconnaît-on au cabinet de la ministre de la Famille, Dominique Bertinotti, en ajoutant que le personnel est mal réparti sur le territoire.

"Il y a énormément de demandes en Ile-de-France", constate ainsi Françoise Favel, directrice du Centre d'études et de recherches pour la petite enfance (CERPE), un des centres de formation français. Or "face à cette demande, les offres ne sont pas suffisantes", ajoute-t-elle. A la rentrée de septembre, le centre a reçu 350 demandes pour une formation d'auxiliaire de puériculture, pour seulement 50 places.

Les crèches font ensuite face à un fort turn-over de leurs personnels, ont pointé plusieurs rapports. "A nous de faire en sorte de les fidéliser", estime Marie-Hélène Bleys, directrice d'établissement à Paris (XIe), tout en jugeant que leurs compétences "ne sont pas aujourd'hui suffisamment valorisées", y compris financièrement.

Calibrer les besoins

Un adulte donne à boire à un bébé, le 20 février 2013 à Paris [Fred Dufour / AFP/Archives]
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Un adulte donne à boire à un bébé, le 20 février 2013 à Paris
 

A Paris, pour répondre à la demande, la ville a passé une convention avec la région Ile-de-France, qui vise à former davantage d'auxiliaires de puériculture. "On arrive maintenant à calibrer et ajuster les besoins", assure Christophe Najdovski, maire-adjoint chargé de la petite enfance. Reste un frein: "le coût des centres de formation, essentiellement privés", reconnaît-il.

Mais la pénurie est accentuée par le développement de nouveaux acteurs, les entreprises de crèches, qui créent et gèrent de plus en plus de berceaux.

"Le modèle économique de ces entreprises repose notamment sur l'optimisation de leur main d'oeuvre. Pour la fidéliser, elles n'hésitent pas à lui construire un parcours professionnel", souligne-t-on au ministère de la Famille.

C'est le pari qu'a fait La maison bleue, l'une des principales "crèche privée". Elle a été la première entreprise de crèche à ouvrir l'an dernier sa propre école, en partenariat avec un spécialiste de la formation.

"L'idée était de répondre aux besoins énormes du secteur", explique Francisca Rio, directrice de formation à La maison bleue. En 2013, l'entreprise compte ainsi recruter 10 à 15 auxiliaires par mois. Disposer d'un centre de formation lui permet de "parer aux difficultés de recrutement", d'"enrayer un fort turn-over", et de "transmettre directement les valeurs et le savoir-faire" de l'entreprise.

Une autre société, Yoopala, qui se présente comme le leader de la garde à domicile, vient de son côté d'inaugurer son centre de formation dédié au CAP petite enfance à Paris. Pour faire face au manque de places en crèches, elle compte ainsi développer son offre de garde à domicile et enrichir son vivier d'emplois en créant 3.000 postes supplémentaires en CDI en deux ans.

"La demande est de plus en plus forte et nous manquons de personnel qualifié", assure Caroline Neel, directrice générale adjointe de Yoopala. "Il est fort probable que l'on développe bientôt d'autres centres dans des grandes villes qui ont aussi des besoins", ajoute-t-elle.

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