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Essor des cours de coréen en France

Des étudiants pendant un cours de coréen à l'université de La Rochelle, le 5 avril 2013 [Xavier Leoty / AFP] Des étudiants pendant un cours de coréen à l'université de La Rochelle, le 5 avril 2013 [Xavier Leoty / AFP]

La vague qui a popularisé le coréen à travers les soap opéras et la K-pop, avant d'exploser avec le tube planétaire "Gangnam Style", a suscité en France un engouement pour l'apprentissage de cette langue rare d'Extrême-Orient.

Un engouement que l'université de La Rochelle (ouest de la France), une des rares à l'enseigner, a bien du mal à satisfaire.

"Il y a quatre ans, nous avions des promotions d'un maximum de 25-30 élèves et à la rentrée 2011, nous en comptions 90", souligne Evelyne Chérel-Riquier, professeur de coréen à l'université de La Rochelle, une des trois en France à proposer un cursus complet dans cette langue, avec l'Inalco et Paris VII.

Frédéric Cathala, directeur du département langues étrangères appliquées (LEA) de l'université rochelaise, lie ce triplement des effectifs de première année d'anglais-coréen au succès, en 2011 à Paris, de deux concerts de "boys" et "girls band" coréennes. Les billets de SM Town s'étaient vendus en moins de quinze minutes.

La nouvelle vidéo du Sud-Coréen Psy, Gentleman, a déjà été consultée 200 millions de fois sur Youtube en seulement neuf jours, alors que Gangnam Style a été vu plus d'1,5 milliard de fois.

"La K-pop n'est qu'un élément de la culture de masse coréenne qui se diffuse à travers le monde, il y a aussi les +dramas+ (feuilletons romantiques sud-coréens) et les films", tient à souligner Mme Chérel-Riquier.

Le Coréen Psy lors d'une chorégraphie pour sa chanson "Gangnam Style", lors d'un concert en février 2013 [Ozan Kose / AFP/Archives]
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Le Coréen Psy lors d'une chorégraphie pour sa chanson "Gangnam Style", lors d'un concert en février 2013
 

Pour l'enseignante, l'engouement pour cette langue est l'une des conséquences de la "vague coréenne" ou "Hallyu", une politique de promotion culturelle, économique et diplomatique encouragée par le pays du matin calme depuis le début des années 2000.

Après avoir touché l'Asie, elle est arrivée en Europe et aux Etats-Unis en 2011.

Pour le président de l'Université, Gérard Blanchard, cet attrait s'explique aussi par "le fait que les entreprises coréennes sont florissantes à l'international, notamment dans le domaine de l'informatique, la téléphonie et l'automobile".

Mais La Rochelle étant "la seule université de province à proposer ce type de cursus complet, on ne peut pas assumer localement une demande nationale", déplore Charles Illouz, doyen de la Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines (FLASH).

Afin de maintenir la qualité de l'enseignement, une procédure de limitation des places a été mise en place par le rectorat à la rentrée 2012: seuls quarante étudiants ont été admis, en donnant priorité à ceux de la région. Les places restantes sont tirées au sort entre les candidats d'autres régions. En 2013, ils ne seront pas plus de 30, au grand dam des candidats recalés.

"Cette année, nous avons eu 130 demandes en seulement cinq jours", remarque le doyen de la faculté évoquant un "véritable phénomène sociologique au sein de la jeunesse française".

Une étudiante écrit en coréen lors d'un cours à l'université de La Rochelle, le 5 avril 2013 [Xavier Leoty / AFP]
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Une étudiante écrit en coréen lors d'un cours à l'université de La Rochelle, le 5 avril 2013
 

Les passionnés de culture coréenne sont tellement motivés par le cursus d'anglais-coréen - au cours duquel sont dispensés aussi des cours d'économie et de droit - que certains vont jusqu'à... envisager d'échouer au bac pour le repasser dans un lycée de la région.

Une fois franchi le cap de la sélection, le fait d'avoir passé des heures à écouter de la K-pop ou à regarder des dramas sur internet permet à "environ 30% des étudiants d'avoir une oreille familiarisée au coréen" quand ils arrivent, admet Mme Chérel-Riquier.

Cela facilite "l'apprentissage au niveau de l'écoute et de la prononciation", dit-elle.

Un sentiment partagé par Laura Brohan, 22 ans, étudiante en Master 1, qui reconnaît que sa passion pour ces séries à l'eau de rose dès le lycée l'a aidée pour "la prononciation des mots et du débit de parole".

Mais au fil des années, les étudiants découvrent d'autres facettes de la culture coréenne qui leur étaient inconnus, qui les déçoivent parfois. "La réalité de la culture coréenne est très différente du produit d'exportation qu'est la K-pop", conçue pour plaire aux occidentaux.

"Ce sont deux univers différents" et les étudiantes, qui constituent la majorité de la filière, s'en rendent souvent compte lors des six mois passés en Corée du Sud dans le cadre de leurs études.

Ainsi, Laura avoue que ce séjour lui a permis de réaliser que son désir de travailler pour "l'industrie du divertissement coréenne" serait difficilement réalisable.

A 22 ans, elle aspire désormais à "aider les transfuges nord-coréens" mais ne se voit pas vivre en Corée au-delà de la quarantaine, le rythme de vie étant trop "fatigant et stressant".

La vague coréenne ayant attiré beaucoup des touristes dans ce pays de 49 millions d'habitants "a généré beaucoup de xénophobie chez les Coréens qui ne sont pas habitués" à une telle présence étrangère, regrette-t-elle.

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