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Ouverture du procès en appel de Carlos

Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, sur un croquis d'audience réalisé le 13 mai 2013 à Paris [Benoit Peyrucq / AFP] Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, sur un croquis d'audience réalisé le 13 mai 2013 à Paris [Benoit Peyrucq / AFP]

Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, figure du terrorisme international, a cueilli à froid lundi la cour d'appel qui doit le rejuger pour quatre attentats mortels commis en France il y a trente ans, en annonçant avoir interdit ses avocats de procès pour protester contre le manque de soutien des autorités vénézuéliennes.

"J'ai interdit à mes avocats de venir me défendre", a déclaré le Vénézuélien de 63 ans, en français, à l'ouverture des débats devant la cour d'assises spéciale d'appel de Paris.

Carlos accuse son gouvernement de "sabotage" parce qu'il refuserait de prendre en charge les frais de sa défense, qui comprend également plusieurs avocats étrangers.

Il a demandé que soient désignés des avocats commis d'office pour que l'affaire soit jugée malgré tout. Deux jeunes pénalistes feront donc leur entrée dans ce procès, à la reprise de l'audience, à 14h00.

"Une blonde, une brune ?", a suggéré l'accusé, d'humeur badine, s'attirant un premier avertissement du président Régis de Jorna qui lui a recommandé d'éviter "les provocations".

L'avocate Isabelle Coutant-Peyre, le 7 novembre 2011 à Paris [Martin Bureau / AFP/Archives]
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L'avocate Isabelle Coutant-Peyre, le 7 novembre 2011 à Paris
 

C'est une autre brune, Me Isabelle Coutant-Peyre, avec laquelle Carlos a noué une union religieuse sans valeur légale, qui aurait dû assurer sa défense comme elle le fait depuis plusieurs années au côté de Me Francis Vuillemin. Mais ni l'un, ni l'autre ne se sont présentés devant la cour.

Me Coutant-Peyre a fait savoir dimanche qu'elle se trouvait à Caracas pour tenter de discuter avec les autorités vénézuéliennes de leurs "engagements non tenus" vis-à-vis de l'accusé.

Fin 2011 encore, le président Hugo Chavez qualifiait Ilich Ramirez Sanchez de "digne héritier des plus grandes luttes" pour les peuples.

Le successeur de Chavez, Nicolas Maduro, a été élu en avril et Me Vuillemin avait dénoncé à l'AFP, avant le procès, la "peur" d'un "groupe de hauts fonctionnaires" vénézuéliens de voir Carlos revenir un jour dans son pays

Francoise Rudetzki, l'ancienne présidente de SOS Attentats, à son arrivée le 13 mai 2013 au palais de justice pour le proçès en appel de Carlos [Kenzo Tribouillard / AFP]
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Francoise Rudetzki, l'ancienne présidente de SOS Attentats, à son arrivée le 13 mai 2013 au palais de justice pour le proçès en appel de Carlos
 

Ce dernier assure n'avoir "aucune intention de saboter le procès", prévu jusqu'au 26 juin dont il dit souhaiter la tenue. Guilleret et élégant en costume, foulard et pochette assortis, il n'a pas paru inquiet: les commis d'office "ne connaîtront pas le dossier, mais moi je le connais, ça affaiblira un peu la défense mais on va se débrouiller", a-t-il assuré.Ses nouveaux défenseurs désignés au pied levé peuvent néanmoins refuser cette charge, ce qui entraînerait un renvoi des débats.

Révolutionnaire professionnel

Il leur revient en effet de se plonger dans une procédure qui comprend des dizaines de tomes et remonte à loin: Carlos est jugé en appel pour quatre attentats commis en France en 1982 et 1983 qui ont fait onze morts et quelque 150 blessés, dans un train Paris-Toulouse, rue Marbeuf à Paris, à Marseille, gare Saint-Charles, contre un TGV Marseille-Paris à Tain-L'Hermitage.

En décembre 2011, la justice française l'a condamné pour ces faits à la perpétuité assortie de 18 ans de sûreté, peine maximale. Détenu en France depuis 19 ans, il purge déjà une peine de perpétuité prononcée en 1997 pour le meurtre en 1975 à Paris de trois hommes, dont deux policiers,

L'Allemande Christa Frohlich, 70 ans, rejugée pour un seul attentat après avoir été acquittée en première instance, a informé la cour qu'elle ne comptait pas se déplacer depuis l'Allemagne où elle vit aujourd'hui.

Attentat rue Marboeuf le 22 avril 1982 à Paris [Joel Robine / AFP/Archives]
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Attentat rue Marboeuf le 22 avril 1982 à Paris
 

Selon l'accusation, le mobile de la campagne d'attentats de 1982 et 1983, pour lesquels Carlos est accusé de complicité, était d'obtenir la libération de sa compagne allemande, Magdalena Kopp, et du Suisse Bruno Bréguet, tous deux membres de son groupe.

"Vous savez très bien que je suis révolutionnaire professionnel", a déclaré Carlos au président qui lui demandait sa profession. Il a cependant toujours nié une quelconque implication dans les quatre attentats.

D'ailleurs Me Francis Szpiner, avocat de plusieurs victimes, a dit de "ne rien attendre de cette audience", dès lors que Carlos, "sorte de baudruche qui se dégonfle (...) n'a jamais manifesté le moindre remord et n'en manifestera pas".

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