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Procès de Carlos : le cabotin et le "Chacal"

Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, sur un croquis d'audience réalisé le 13 mai 2013 à Paris [Benoit Peyrucq / AFP] Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, sur un croquis d'audience réalisé le 13 mai 2013 à Paris [Benoit Peyrucq / AFP]

Carlos provoque et cabotine, parle de ses "copines" ou de ses dîners avec des sympathisants nazis. Puis le "révolutionnaire" glace la cour d'assises de Paris, promettant après sa mort "une exécution" par jour passé en prison.

Carlos fringant, plaisantant, c'est le côté pile du personnage qui comparaît depuis lundi devant la cour d'assises d'appel de Paris spécialement composée pour juger les actes de terrorisme. "J'ai une personnalité effacée, je suis timide mais je vais faire un effort", blague l'exubérant sexagénaire face aux juges qui tentent de cerner sa personnalité avant d'examiner les quatre attentats dont il est accusé.

Sa désinvolture affichée met à la peine le président de la cour d'assises Régis de Jorna, qui cherche à établir le portrait d'un chef de commando, traitant dans les années 80 d'égal à égal avec les pointures du monde arabe ou communiste : "Vous rencontrez Janos Kadar (ancien dirigeant de la République populaire de Hongrie, ndlr), le roi de Jordanie, les autorités irakiennes, ça veut quand même dire que vous êtes quelqu'un d'important ?"

Nazis "honnêtes"

La cour en est quitte pour un who's who du parti Baas irakien, une digression sur la secrétaire de Janos Kadar et quelques considérations sur l'ancien dictateur roumain Ceaucescu, "un type bien".

Salle du tribunal de Paris où est jugé Carlos, le 13 mai 2013 à Paris [Kenzo Tribouillard / AFP]
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Salle du tribunal de Paris où est jugé Carlos, le 13 mai 2013 à Paris
 

Sur les sujets dont il accepte de parler, Ilich Ramirez Sanchez sait se montrer prolixe, comme la prise d'otages au siège de l'OPEP à Vienne en décembre 1975 dont il revendique l'organisation : "alors Bouteflika m'a dit: +tu peux pas les tuer ici, tu les aurais tués dans l'avion, pas de problème, mais pas ici

+", raconte l'accusé, comme s'il revivait cet échange avec le ministre algérien des Affaires étrangères de l'époque qui avait accueilli l'avion des preneurs d'otages sur son sol.

Il se complaît dans l'anecdote sulfureuse: le souvenir d'un dîner à Damas avec le banquier suisse François Genoud, connu pour son aide à la diaspora nazie et son rôle de banquier du IIIe Reich, le réjouit. Il avait proposé de "trinquer à la santé du Führer" et Genoud, habituellement sobre, n'avait pu refuser une coupe de champagne qui l'avait rendu "pompette".

"Et ça ne nous gêne pas, vous qui croyez dans un idéal très éloigné des nazis ?", relève l'avocat général Julien Eyraud. "Vous savez, j'ai trouvé des nazis beaucoup plus honnêtes que beaucoup de communistes que j'ai rencontrés", réplique le Vénézuélien.

"83 morts de (ses) mains"

Même les "gauchistes ne tiennent pas la route", poursuit-il à propos de celle qui demeure sa femme pour l'état-civil, l'Allemande Magdalena Kopp. Kopp finira par quitter la retraite syrienne de Carlos dans les années 90 pour se réfugier au Venezuela avec leur fille."Vivre avec la violence, les meurtres tout le temps, c'est pas facile", reconnaît Carlos.

"La mort, vous y pensez souvent ?", rebondit le président, lui rappelant qu'il a rédigé, il y a une quinzaine d'années, son testament. Dans ce document, il demande à ses "camarades" qu'"un ennemi sioniste ou impérialiste soit exécuté" pour chaque jour qu'il aura passé en prison.

"Vous revendiquez toujours les termes de ce testament ?", interroge la cour.

"Tout à fait". Carlos redevient le "Chacal", combattant armé de la cause palestinienne qui entretient sa légende en revendiquant la responsabilité de "1.500 morts", dont "au moins 83 de (ses) mains" car il a "commencé à 15 ans".

Mais pour les quatre attentats commis en France en 1982 et 1983 qui ont fait onze morts et quelque 150 blessés, "vous n'avez rien contre moi", affirme-t-il. En décembre 2011, il avait été condamné pour ces faits à la perpétuité assortie de 18 ans de sûreté. La cour commencera à les examiner mercredi et entendra jusqu'au 26 juin enquêteurs, magistrats et victimes.

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