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Le FLNC menace de reprendre les armes

Un graffiti désignant le FLNC sur le mur de la sous-préfecture de Corse à Corte, le 12 décembre 2012 [Pascal Pochard-Casabianca / AFP/Archives]

Une branche du FLNC s'est dite mardi prête à reprendre les armes, dans un communiqué publié en pleine visite du ministre de l'Intérieur Manuel Valls venu parler sécurité et économie en Corse en proie à des violences.

"Nous ne nous laisserons jamais impressionner par les menaces", a réagi le ministre, interrogé par la presse après la publication de ce texte de six pages.

A son origine, se trouverait une branche dissidente du Front de libération nationale corse (FLNC) créée en juillet 2012, et qui porte ce même nom de FLNC, selon une source policière qui évoque des similitudes sur la forme et la signature.

Ce groupe n'a jusqu'ici jamais revendiqué d'acte de violence. Il est distinct du FLNC-UC (Union des Combattants), qui a notamment revendiqué une nuit bleue en Corse en décembre.

"Soit l'Etat français prend la mesure de l'effet désastreux de sa gestion de la Corse depuis deux siècles et demi et il en tire toutes les conséquences, soit il poursuit son rôle actif dans la destruction de notre peuple", a écrit en français, cette organisation clandestine dans un communiqué reçu par la radio France Bleu RCFM dont l'AFP a eu copie.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls (G) avec le préfet de Corse-du-Sud Patrick Strzoda lors d'une conférence de presse à Ajaccio, en Corse, le 4 juin 2013 [Pascal Pochard Casabianca / AFP]
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Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls (G) avec le préfet de Corse-du-Sud Patrick Strzoda lors d'une conférence de presse à Ajaccio, en Corse, le 4 juin 2013
 

"Dans ce cas, comme aux premiers jours de la Lutte de Libération nationale, nous reprendrons les armes pour que la France reconnaisse nos droits nationaux", poursuit-elle, en dénonçant "l'attitude ultra jacobine de la France".

M. Valls a précisé que ce communiqué mérite d'être "analysé" ajoutant qu'"il n'y aura pas la moindre négociation sous le diktat des menaces et des bombes". Dans son entourage, on prend au sérieux le risque de violence, tout en relevant le caractère "nébuleux" de cette organisation.

Les "grincheux"

"Il a été reproché à la lutte clandestine de peser de manière négative sur la société corse. D'en freiner une évolution sereine", dit aussi le texte du FLNC.

"Les élus traditionnels n'ont en rien réussi à redresser la santé fragile de notre peuple (...) La France, quant à elle, comme à son habitude, nie ses responsabilités dans le chaos qu'elle a pourtant créé", assène-t-il.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls à Bastia, en Corse, le 3 juin 2013 [Pascal Pochard Casabianca / AFP]
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Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls à Bastia, en Corse, le 3 juin 2013
 

Sur un ton résolument altermondialiste, ce FLNC évoque sa volonté de s'opposer aux "méfaits du libéralisme mondialisé", afin que "le peuple corse" ne disparaisse pas sous "le rouleau compresseur de l'uniformisation mondiale".

Le ministre de l'Intérieur se serait sans doute bien passé de cet épisode qui a jeté une ombre sur une visite destinée à répondre à la vague d'homicides depuis le début de l'année, onze sur cette île de 310.000 habitants (contre 19 en 2012). Mais aussi à rassurer les élus et la population sur ses propos, très critiqués dans l'île, sur la violence "enracinée dans la culture" locale.

Il s'en est de nouveau pris mardi à la "mafia" qui sévit en Corse, où être maire, "c'est plus difficile qu'ailleurs". Il a révélé que "quinze personnalités" sont "protégées" par la police.

Il a rencontré lundi soir des élus souvent proches de la majorité, l'UMP et les élus nationalistes- les "grincheux" comme il dit sans les nommer - l'ayant boudé.

"Il faut parler de mafia" en Corse "car il y a une emprise sur l'activité économique. Ne pas en parler, c'est ajouter au malheur de l'île. Il faut nommer les choses. La tolérance zéro est au coeur de la démarche que nous menons. Personne ne doit se sentir à l'abri", selon lui.

"Le combat sera long", a-t-il prévenu avant d'appeler les Corses à parler car il faut des "preuves" pour arrêter les "tueurs" et leurs "commanditaires".

Le ministre n'est pas venu les mains vides. Il a signé la troisième tranche du plan exceptionnel d'investissements (PEI) né en 2002 des "accords Matignon" du gouvernement Jospin dans le but de soutenir des projets économiques, culturels ou de formation. Ce plan d'un montant global de 2 milliards d'euros dont 1,4 venant de l'Etat, court jusqu'en 2022.

 

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