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La rue devient salle de muscu avec le "street workout"

Des participants se mesurent lors de la plus grosse compétition de "street workout" d'Europe, le 22 juin 2013 à Grigny [Diane Falconer / AFP] Des participants se mesurent lors de la plus grosse compétition de "street workout" d'Europe, le 22 juin 2013 à Grigny [Diane Falconer / AFP]

Ils sont venus montrer leurs muscles et s'affronter à coups de pompes et tractions: près de 200 personnes ont participé samedi à Grigny (Essonne) à la plus grosse compétition de "street workout" d'Europe, discipline qui fait de la rue une gigantesque salle de musculation.

Après avoir enfilé ses gants, Ayoub, 21 ans, se lance dans le concours de tractions, catégorie -80 kg, malgré une tendinite au coude.

"Ça fait un mois et demi que je m'entraîne tous les jours rien que pour aujourd'hui, du coup je me suis blessé", explique-t-il. Parti trop vite, il cale au bout de 24 tractions, dont seulement onze sont finalement validées par l'arbitre.

Venu spécialement d'Alsace, Ayoub pratique le "street workout", littéralement "musculation de rue" depuis deux ans.

Le principe de la discipline: faire de la musculation où on veut, quand on veut. Pas besoin de salle ni d'abonnement, le mobilier urbain suffit. A la vue d'un banc, d'un grillage, ou d'un jardin d'enfants, les adeptes entament une séance de gonflette sauvage.

Selon la "légende", ce sport, de plus en plus populaire, serait né dans les prisons, où les détenus, pour s'entretenir, n'ont d'autre choix que d'effectuer en boucle des "pull ups" (tractions) et "push ups" (pompes) et développent ainsi un corps d'athlète en quelques mois.

"Cela fait partie du mythe", explique Como, éducateur sportif à la ville de Grigny et qui fait partie des organisateurs de la compétition. Dans les faits, les adeptes viennent de tous les milieux, de la France des cités comme celle des pavillons, assure-t-il. "C'est vraiment un sport ouvert à tout le monde".

Des participants se mesurent lors de la plus grosse compétition de "street workout" d'Europe, le 22 juin 2013 à Grigny [Diane Falconer / AFP]
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Des participants se mesurent lors de la plus grosse compétition de "street workout" d'Europe, le 22 juin 2013 à Grigny
 

L'Américain Make Tricks dans le jury

La popularité du sport a été décuplée grâce à quelques vidéos postées sur Youtube au milieu des années 2000. Sur l'une des plus connues, "Hannibal for king", New-Yorkais au physique de gladiateur, enchaîne des figures impressionnantes à la force des bras et des abdos. Comme si Hulk se mettait aux barres parallèles.

A Grigny, dans la banlieue sud de Paris, la compétition baptisée "King of Pull and Push" en est à sa troisième édition. Organisé à l'ombre des tours par un groupe de Grignois, l'événement a attiré cette année 185 participants venus de toute la France, mais aussi des Pays-Bas, de Suisse ou des Etats-Unis.

L'une des "grosses pointures" de la discipline, l'Américain Make Tricks, a fait le déplacement pour faire partie du jury.

Lors des tractions, certains participants ont osé le topless, exposant ainsi aux spectateurs leurs biceps saillants, abdos finement ciselés et tatouages tribaux.

Des participants se mesurent lors de la plus grosse compétition de "street workout" d'Europe, le 22 juin 2013 à Grigny [Diane Falconer / AFP]
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Des participants se mesurent lors de la plus grosse compétition de "street workout" d'Europe, le 22 juin 2013 à Grigny
 

"Ahmed est appelé à la barre", crie le speaker sur fond de musique hip hop.

Tout frêle dans son pullover marron un peu trop grand, Ahmed, un Parisien de 25 ans, n'a rien d'un bodybuilder. Avec 27 tractions validées, c'est pourtant lui qui remporte le concours.

Vainqueur surprise l'an dernier, le rappeur grande gueule MC Jean Gab'1 ne conservera donc pas son titre. Il faut dire qu'à 46 ans, il faisait partie des doyens de la compétition.

Mais le plus âgé, et de loin, s'appelle Freddy Lépine, 62 ans. Malgré une prothèse à la hanche et une autre au genou, il vient d'enchaîner 55 pompes sous le regard admiratif des autres participants.

"Je suis venu suite à un défi", raconte Freddy, ancien éducateur sportif à la prison de Fleury-Mérogis. "Je voulais prouver qu'à 60 ans passés, on est capable de relever des défis et je reviendrai l'année prochaine en espérant voir d'autres personnes de mon âge", ajoute-t-il.

Encore confidentiel mais en plein essor, le street workout rêve maintenant de reconnaissance, de sponsors et de fédération. Pour faire connaître leur sport, les membres du "team" Pull and Push de Grigny organisent des initiations dans des lycées et envisagent une tournée des plages cet été.

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