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Il y a urgence à la ferme

[Xavier Beulin lors de la manifesation des éleveurs le 23 juin 2013 à Paris [Michel Medina / AFP]]

Même le ciel ne les aide pas. Les intempéries des derniers jours ont pris la suite du printemps maussade et du scandale de la viande de cheval pour saper le moral des éleveurs.

C’est pour partager leurs difficultés et redonner confiance «à (leurs) alliés les consommateurs» qu’ils se sont retrouvés dimanche à Paris, dans le sillage de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA).

Quatre mois après le salon de l’Agriculture, porte de Versailles à Paris, c’est sur l’esplanade des Invalides qu’ils ont installé leur village agricole.

«L’élevage est un métier, pas un jeu», pouvait-on lire dans le cortège qui a conduit près de 10 000 exploitants et des centaines d’animaux à travers les rues de la capitale.

 

«Les charges nous rattrapent»

Outre la multiplication des règlements (notamment en matière environnementale) ou les peurs liées à la Politique agricole commune (Pac), le principal problème est d’ordre économique.

«On est pris en tenaille avec les charges qui nous rattrapent, lance Joël Clergue, éleveur dans l’Aveyron et vice-président des JA. En deux ans, les coûts liés à l’alimentation des bêtes ont doublé, sans compter le fioul. En parallèle, le prix du lait, même s’il n’est pas au plus bas, n’a pas suivi dans les mêmes proportions».

L’inquiétude est partagée par les éleveurs porcins : «On a obtenu au mieux 12 % de hausse des prix quand celui des protéines (pour nourir le bétail, ndlr) a doublé en un an», abonde Dominique Barreau, secrétaire général de la FNSEA.

Pourtant, selon ses calculs, répercuter l’augmentation des charges sur le produit final impacterait peu le consommateur.

Deux centimes de plus sur la brique de lait ou sept sur une côte de porc permettraient de faire mieux vivre les agriculteurs.

 

De l’élevage aux céréales

Conscient de la menace, le ministre de l’Agriculture a mandaté au début du printemps un médiateur pour ces deux filières, dont les résultats commencent à se faire sentir.

«Mais la solution ne peut être que ponctuelle, il faut restructurer les rapports de forces», plaident les syndicats. A moyen terme, Stéphane Le Foll espère donc «rééquilibrer les relations entre producteurs, industriels et distributeurs».

Il mise sur la loi de modernisation de l’économie, préparée par Benoît Hamon (ministre délégué à la Consommation), pour «intégrer les évolutions de coûts de production dans les contrats». Une condition sine qua non pour que les éleveurs retrouvent foi en l’avenir. 

«Aujourd’hui, on renouvelle 60 % des exploitations. On a le potentiel pour toutes les renouveler mais le manque de perspectives fait fuir les jeunes. On ne peut pas se contenter d’une visibilité à six mois quand il faut au moins trois ans pour rentabiliser une bête», explique Joël Clergue.

Le risque est en effet bien réel pour l’avenir de l’agriculture. «On constate déjà que certaines exploitations arrêtaient l’élevage pour faire des céréales (plus rémunératrices, ndlr) ; c’est un processus très dangereux», s’alarme Le Foll, qui plaide au niveau européen pour un rééquilibrage des aides. Il en va de la défense de la diversité du terroir français. 

 

Facture salée pour les agriculteurs après les intempéries

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