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L'accusation étrille Carlos lors de son procès

Croquis d'audience réalisé le 15 décembre 2011 d'Ilich Ramirez Sanchez, ou Carlos, lors de son procès à Paris [Benoit Peyrucq / AFP/Archives] Croquis d'audience réalisé le 15 décembre 2011 d'Ilich Ramirez Sanchez, ou Carlos, lors de son procès à Paris [Benoit Peyrucq / AFP/Archives]

"Rien n'a changé" entre l'homme qu'était Carlos il y a trente ans et celui jugé en appel pour quatre attentats meurtriers, instigateur d'une "terreur aveugle", selon les réquisitions du parquet général, qui lui dénie le statut de "combattant" politique.

"L'erreur serait de croire que la cour n'a devant elle qu'un monsieur d'un certain âge, un peu bedonnant", alternant dans le box entre "vociférations", "anathèmes" et siestes indifférentes, a prévenu lundi Jean-François Ricard, l'un des deux avocats généraux devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Pour le représentant du ministère public, dont les réquisitions entamées dans la matinée devraient s'achever en début de soirée, "tout ça ne doit pas nous faire penser qu'il y a le Carlos de maintenant et le Carlos d'il y a trente ans", l'époque où on été commis les quatre attentats pour lesquels le Vénézuélien de 63 ans est rejugé en appel depuis le 13 mai.

"Rien n'a changé", a fustigé M. Ricard, ni "l'antisémitisme virulent", ni "l'admiration pour les dictateurs" de cet ancien communiste devenu partisan de la lutte armée en embrassant la cause palestinienne dans les années 70.

Après ses premiers faits d'arme aux côtés du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), l'action "terroriste" de Ilich Ramirez Sanchez a basculé dans la "guerre privée" sous forme de "racket" et de "mercenariat" pour le compte du plus offrant.

"Des actions terroristes oui, un combattant non", a vilipendé l'avocat général, rappelant les "victimes massacrées, les souffrances morales et physiques qui n'en finissent jamais".

"Le système de Carlos, c'est la terreur aveugle qui frappe n'importe où, n'importe quand" et notamment en France, où Carlos est accusé d'avoir été l'organisateur de quatre attentats à la bombe qui ont fait onze morts et près de 150 blessés: le 29 mars 1982, dans un train Paris-Toulouse ; le 22 avril 1982, devant le siège du magazine Al-Watan Al-Arabi, rue Marbeuf à Paris ; le 31 décembre 1983 dans la gare Saint-Charles de Marseille et dans un TGV Marseille-Paris.

"Fuite"

Selon l'accusation, le mobile de cette campagne était pour Carlos d'obtenir le libération de sa compagne allemande Magdalena Kopp et du Suisse Bruno Breguet, tous deux membres de son groupe, arrêtés à Paris en février 1982 avec des armes et des explosifs.

Pour ces attentats, Carlos a été condamné en décembre 2011 à la réclusion criminelle à perpétuité avec 18 ans de sûreté, le maximum encouru selon la loi à l'époque des faits qui lui sont reprochés. Il avait fait appel.

Une stratégie de "fuite", de "contestation au-delà de l'absurde", a fustigé le parquet général: Carlos a revendiqué à l'audience "1.500 morts dont 80 de ses mains" mais nié toute implication dans les attentats en France.

Pour Jean-François Ricard, c'est "le combat terroriste poursuivi d'une autre manière".

Carlos purge déjà une peine de prison à vie prononcée en 1997, trois ans après son interpellation au Soudan en 1994, par la cour d'assises de Paris qui l'a reconnu coupable du meurtre en 1975 à Paris de trois hommes, dont deux policiers.

Comme en première instance, l'Allemande Christa Frohlich, 70 ans, rejugée pour un seul attentat après avoir été acquittée en première instance, est absente au procès.

Le verdict est attendu mercredi après les plaidoiries de la défense mardi, au cours desquelles devraient intervenir les avocats attitrés de Carlos, Mes Francis Vuillemin et Isabelle Coutant-Peyre. Les deux pénalistes ont rejoint le procès lundi sans avoir assisté aux six semaines de débats, interdits d'audience par Carlos qui entendait ainsi protester contre le manque de soutien du Venezuela.

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